Le M.A.E, Laurent Fabius, a déclaré après sa visite en RCA, que la France allait envoyer des troupes supplémentaires sur son porte-avions centrafricain. Il a clairement annoncé la donne : des élections en 2015 et le nouveau dictateur issu de la Séléka - plébiscité initialement par la France et le Tchad - ne pourra pas se présenter.
Le chef de la diplomatie française a aussi déclaré : ""S'il y avait par malheur une augmentation des exactions, évidemment la réaction serait beaucoup plus forte et rapide".
Au train où vont les choses : tortures, viols systématisés, meurtres, massacres, pillage, incendies de village, famine...L'Etat centrafricain s'est effondré et les violences menacent de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la majorité de la population de 5 millions d'habitants, et musulmans. Laurent Fabius se presse à un train de sénateur dans la néocolonie française. Fabius a d'ailleurs déclaré sur France 2 au JT de ce soir, que la situation était très différente du Mali.
"C'est très différent du Mali. Au Mali, il s'agissait de libérer un pays du terrorisme, nous l'avons fait. Ici, il s'agit de reconstruire un pays, un Etat". Pourtant la Séléka n'était-elle pas une organisation terroriste avec des islamistes radicaux à sa tête soutenus par le Tchad et la France ? Le Mali n'est-il pas en voie d'être reconstruit selon les modalités dictées par Paris ?
Comment comprendre cette complaisance du chef de la diplomatie française avec Djotodia, nouveau chef de guerre du RCA ? Mis en cause pour crimes contre l'humanité par la Cour Pénale Internationale (une enquête est en cours), cela n'a semble-t-il pas gêné le M.A.E, Fabius, qui s'affiche à ses côtés devant les caméras de télévision.
Après s'être entretenu pendant près d'une heure avec le président Michel Djotodia et le Premier ministre Nicolas Tiangaye, Fabius leur aurait demandé des gages de bonne volonté. Même si Djotodia a dissout la Séléka, n'était-il pas à sa tête et ne s'en est-il pas servi pour parvenir au pouvoir au travers d'un coup d'Etat soutenu par Paris et Ndjamena ?
"La prise de contrôle de Bangui par les rebelles de la Séléka, avec le soutien de la France et des Etats-Unis, représente la toute dernière étape d’une recolonisation qui est en cours en Afrique de la part des puissances impérialistes qui sont arrivées sur le devant de la scène grâce à la guerre en Libye. Ceci témoigne du caractère réactionnaire de la politique fondée sur l’ethnie de certaines factions bourgeoises et petites bourgeoises en Afrique et qui sont en permanence manipulées par les puissances impérialistes dans un contexte d’appauvrissement des travailleurs et des masses rurales."((Pourquoi l’impérialisme français a lâché Bozizé, son dictateur du Centrafrique, son homme de paille ? )
Chez SLT :
- RCA: Fabius rencontrera le 13.10.13 le dictateur et chef de guerre Djotodia à Bangui
- Le dictateur Idriss Déby soutenu par le « chef de guerre » Hollande organise la répression au Tchad
- Prochaine intervention militaire française en Centrafrique ?
--------------------------------------------------------------------------------------------------
A lire aussi dans l'Humanité du 12 mars 2005 L'histoire mouvementée du "porte-avions" français
"La réélection de Patassé en 1999 ne met pas fin à l'instabilité, sur fond de désaccords entre clans français. Après une grave crise sociale en 2000, une tentative de coup d'État est lancée en 2001 par Kolingba. Bien équipés, les putschistes seraient soutenus par d'anciens mobutistes et par des « Français nostalgiques ». Mais Patassé est sauvé par l'intervention de la Libye. Côté français, des réseaux différents semblent soutenir les camps qui s'affrontent. Nouvelle tentative de putsch en 2002, menée cette fois par Bozizé, ancien chef d'état-major de Patassé. Avec lui on retrouve les Tchadiens d'Idriss Deby, grand ami de la France, quand Patassé est soutenu par les Libyens et par Jean Pierre Bemba, chef du MLC, un mouvement rebelle congolais. On semble assister à une coupure croissante entre la France officielle et ses barbouzes. Lassée de Patassé, la première est intéressée par les perspectives pétrolières tchado-centrafricaines, quand les deuxièmes sont impliqués dans le commerce du diamant. C'est en tout cas le bain de sang. Les sauveurs du régime exercent leurs représailles sur les populations. En mars 2003, Bozizé réussi son coup et s'empare du pouvoir... Trois cent soldats français débarquent dans la foulée du général putschiste. Ils sont alors chargés de restructurer l'armée centrafricaine. Et, pour couronner le dispositif, la France envoie en octobre le général Jean-Pierre Pérez, nommé « conseiller en matière de défense du président centrafricain »"