Selon la Lettre du Continent (LDC), Fabius aurait l'intention de tirer un trait sur l'affaire de l'Angolagate qui a impliqué tant des socialistes que des personnalités politiques marquées à droite. Il devrait se rendre jeudi 31 octobre à Luanda pour enterrer la hache de guerre.
Retour sur une affaire de ventes d'armes qui illustre les travers d'une Françafrique débridée et décomplexée. Cette affaire dénommée aussi Mitterrand-Pasqua : "concerne une vente d'armes soviétiques d'un montant total de 790 millions de dollars américains au gouvernement angolais du président José Eduardo dos Santos en 1994, alors que la guerre civile angolaise venait de reprendre entre le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) au pouvoir et l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA). La justice française reprocha à plusieurs personnalités du monde des affaires et de la politique française d'avoir, de 1993 à 1995, vendu à l'Angola des armes provenant de l'ancien bloc soviétique sans avoir reçu d'autorisation de l'État français (d'autant plus que ces ventes d'armes violaient l'embargo de l'ONU)". (Wikipedia)
D’après les investigations de Global Witness, plusieurs contrats de livraison d’armes ont été signés sur le territoire français. « Lorsque les premiers contrats d’armes entre ZTS-Osos et l’Angola ont été signés en 1993 et 1994, Brenco France se trouvait au 56, avenue Montaigne à Paris. Il est intéressant de noter que cette adresse et les numéros de téléphone et fax de Brenco figurent sur le contrat initial de 47 millions de dollars, avec la signature de Pierre Falcone (...) Le caractère vraiment français du dossier original de 47 millions de dollars devrait être souligné (...) Non seulement le document était écrit en français, mais il aurait aussi été envoyé à Elisio de Figueiredo [ambassadeur itinérant de l’Angola] qui était posté à Paris. » Global Witness, Les Affaires sous la guerre, Armes, pétrole & argent sale en Angola
Cette gigantesque affaire de trafic d'armes et de corruption a été transformée par la justice française en simple affaire de détournement et d'abus de biens sociaux. Seul Pierre Falcone sera condamné à de la prison ferme. Tandis que Gaydamak en fuite en Israël y sera condamné par contumace.
Dans cette affaire traitée de manière singulière (à l'instar de l'affaire Elf où le volet vente d'armes aux rebelles congolais a été complètement passé sous silence) :
"La Cour n'a pas suivi le parquet qui avait requis trois ans avec sursis contre l'ancien ministre. La même magnanimité a bénéficié aux deux intermédiaires Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak. Tous deux étaient considérés comme les maîtres d'oeuvre d'une vente d'équipements militaires à l'Angola dans les années 1990, pour un montant de 790 millions de dollars, gagés sur les recettes futures du pétrole de ce pays d'Afrique australe alors en guerre civile.
Ils ont été relaxés du chef de commerce illicite d'armes. La cour d'appel de Paris leur a donné raison sur ce point essentiel en reconnaissant qu'ils avaient agi sous l'autorité d'un « mandat d'Etat » décerné par l'Etat angolais et que, par conséquent, les actes accomplis dans ce cadre échappent à la juridiction française puisqu'ils sont couverts par l'immunité.
Pierre Falcone a été condamné à 30 mois de prison ferme et 375 000 euros d'amende et Arcadi Gaydamak - qui est en fuite en Israël - à 36 mois ferme et au même montant d'amende. Détenu depuis sa condamnation en première instance, Pierre Falcone est sorti de prison au lendemain de la décision de la cour d'appel.
Le procès en appel avait été précédé d'un épisode singulier. A cinq semaines de l'ouverture de l'audience sur ce sujet diplomatiquement et économiquement sensible - l'Angola est l'un des plus grands producteurs de pétrole en Afrique - le président Christian Pers avait été surpris d'apprendre sa soudaine promotion à la Cour de cassation et son remplacement immédiat par Alain Guillou. M. Pers avait rendu deux décisions qui n'avaient pas plu au parquet en refusant d'accéder aux demandes de remise en liberté de Pierre Falcone..." Angolagate, demandez l’arrêt d’appel
L'arrêt d'appel de la cour de cassation a été rendu le 29 avril 2011. Charles Pasqua sera relaxé des chefs d'accusation de trafic d'influence passif et recel d'abus de biens sociaux. Pierre Falcone sera relaxé du chef d'accusation de trafic d'armes: sa défense a démontré à la cour que ce commerce avec l'Angola n'était pas illicite et que l'homme d'affaire était "mandaté" par l'Angola pour s'assurer du financement et de la bonne exécution du contrat. La cour a également considéré qu'une large partie des abus de biens sociaux lui étant reprochés ne pouvait être retenue contre lui. Pierre Falcone a ainsi bénéficié d'un important allègement de peine: 30 mois de prison ferme (peine inférieure au temps qu'il a déjà passé en prison et lui permettant de sortir de prison immédiatement après l'audience) et 375 000 euros d'amende. Arcadi Gaydamak, en fuite, est relaxé du chef d'accusation de trafic d'armes mais écope de 30 mois ferme et de 375 000 euros d'amende. Jean-Charles Marchiani sera relaxé du chef d'accusation de trafic d'influence.
Quant à Jean-Christophe Mitterrand alias "papa m'a dit" qui fut le conseiller pour l'Afrique de son père, François Mitterrand, de 1986 à 1992, il fut déja condamné en première instance en octobre 2009, à deux ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende pour recel d'abus de bien sociaux mais Il a en revanche été relaxé des poursuites pour "complicité de trafic d'armes". Il avait touché 2,6 millions de dollars (2 millions d'euros) pour avoir mis son réseau politique au service de l'homme d'affaires Pierre Falcone (Le Monde). Officiellement, cette somme correspondait à la rémunération de "conseil géopolitique", mais Jean-Christophe Mitterrand n'est jamais parvenu à justifier les missions concernées. Enfin la Banque Paribas impliquée dans le préfinancement des ventes d'armes n'a pas été poursuivie. Paribas avait pourtant financé les activités de Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak quand les ventes d'armes à l'Angola étaient sous embargo de l'ONU.
Une justice française qui sur les affaires d'Etat et françaficaines (Pasqua, Sarkozy, Mitterand, Chirac,...) trébuchent et trépassent.
Il est donc assez logique que dans cette sphère d'impunité, le ministre français des Affaires étrangères, Fabius (lui-même relaxé dans l'affaire du sang contaminé), finisse le travail et passe aux choses sérieuses à savoir le business (pétrole and co) avec Dos Santos.