Je saisis l'annonce de la conférence de rentrée d'Achille MBEMBE qui aura lieu le 16 octobre à PARIS à l'occasion de la parution de son ouvrage :"Critique de la raison nègre" (plus d'infos sur : http://geoffroydelagasnerie.com/seminaire/) pour dénoncer tant les contradictions que les errements de ceux qui ont soutenu et continuent de soutenir l'intervention de la FRANCE en CÔTE D'IVOIRE.
C'est peu dire que j'admire l'Achille MBEMBE des années 80, des "Afriques indociles" ou encore des "comptoirs de l'esclavage" du Monde Diplomatique en passant par tant d'autres de ses contributions, mais le même qui a cautionné la pseudo-victoire de OUATTARA en reprochant à Laurent GBAGBO de ne pas avoir reconnu sa soi-disant défaite me pose problème. Je vous renvoie à son article interview de mars 2011 où il "lâche" Laurent GBAGBO : après avoir coécrit deux mois plus tôt avec Célestin MONGA :
" Élu en octobre 2000 lors d'un scrutin qu'il n'avait pas organisé, Laurent Gbagbo avait été finalement reconnu et accepté comme Président de la République par la classe politique ivoirienne. Moins de deux ans plus tard, alors que personne ne remettait plus en cause sa légitimité, son régime avait été la cible d'une sanglante tentative de coup d'état. Ni Alassane Ouattara, ni Henri Konan Bédié, ni la CEDEAO, ni la France, ni la communauté internationale n'avaient, à l'époque, proposé une intervention militaire pour protéger un gouvernement dont tous reconnaissaient pourtant la légalité.
Au contraire, les promoteurs du putsch avorté de septembre 2002 ont bénéficié des honneurs de la République. Ils ont occupé militairement la moitié nord du pays qu'ils ont gouverné à leur guise, et leur chef a fini par se faire nommer Premier ministre. Le mandat présidentiel de Laurent Gbagbo s'étant achevé en 2005, il est quand même resté au pouvoir, estimant à tort ou à raison que le contrôle d'une partie du territoire par la rébellion armée lui imposait de demeurer à la magistrature suprême jusqu'à ce qu'une solution de sortie de crise soit trouvée.
Nul ne conteste que l'élection présidentielle de 2010 s'est déroulée dans des conditions peu optimales - la « partition » de fait du territoire national, une souveraineté passablement ébréchée en conséquence de divers compromis boiteux, et un processus inachevé de désarmement de la rébellion. La Commission Électorale Indépendante (CEI) chargée, d'après la Constitution et la loi électorale d'organiser les élections et d'en proclamer les résultats provisoires selon le mode du « consensus » n'a pu le faire dans le délai officiel des 72 heures après la fermeture des bureaux de vote. Ses 31 membres n'ayant pas pu trouver le « consensus » requis par les accords signés par les parties, son Président s'est fait conduire en pleine nuit par deux ambassadeurs occidentaux au siège de campagne du candidat Alassane Ouattara pour proclamer unilatéralement ce dernier vainqueur.
S'appuyant sur des allégations d'irrégularité et de fraudes dans certaines régions du pays, le Conseil Constitutionnel qui, en tant qu'organe juridique suprême en matière électorale, avait seul la prérogative de proclamer les résultats définitifs, a annulé les résultats à ses yeux truqués du scrutin dans les trois départements de la Vallée du Bandama. Sans demander que les élections y soient reprises, que les chiffres sur les procès-verbaux soient revalidés ou que les votes y soient recomptés, il a proclamé Laurent Gbagbo vainqueur. Conséquence : les deux candidats s'arc-boutent chacun sur sa position malgré la frivolité des faits sur lesquels ils s'appuient, l'opprobre dont ils sont l'objet dans certaines zones de la Cote d'Ivoire, les menaces de guerre que leur entêtement fait peser sur le pays, et les risques mortels auxquels ils s'exposent et exposent leurs compatriotes...
Quant aux États occidentaux - ceux-là même qui n'ont cesse d'invoquer la liberté, les droits de l'homme et la démocratie, mais qui n'hésitent jamais à les fouler aux pieds chaque fois qu'il s'agit de vies de nègres - l'appui indéfectible et multiforme, actif ou silencieux, prodigué depuis 1960 aux régimes de partis uniques, aux caporaux et autres kleptocrates en civil, aux guerres de sécession (cas du Katanga et du Biafra en particulier) et à toutes formes de répressions sanglantes sur le Continent a fini d'oter toute crédibilité à leurs sermons..." Kouamouo Ivoire Blog 26.01.11 Achille Mbembe et Célestin Monga prennent position sur la Côte d'Ivoire
Que s'est-il passé entre temps : une crise d'amnésie ? Un début de syndrome de STOCKOLM ? Un investissement spéculatif ? Si quelqu'un pouvait nous éclairer, il serait le bienvenu (je n'ose pas attendre d'un intellectuel si prisé, si reconnu et adulé qu'il s'abaisse à nous répondre, nous les militants invisibles, inodores et incolores de la lutte qui n'avons pas droit de cité sur les médias occidentaux bienpensants ).
Bravo et merci à tous nos amis qui publient des articles édifiants sur d’autres proies du système néocolonial (Madagascar, Centrafrique, Mali, Niger, RDC, Congo, Burkina Faso, Gabon, Togo,…). Mais comme le faisait remarquer judicieusement une amie militante, il serait malhonnête d’intervenir sur des sujets que nous ne maîtrisons pas. Donc, souffrez que nous nous attachions à ne verser au débat que des contributions que nous sommes en mesure de défendre.
Je me permets donc un petit éclairage sur un des plus farouches partisans et bénéficiaire direct de l'intervention française en CÔTE D’IVOIRE, j'ai nommé Jean-Marc SIMON, ancien ambassadeur de FRANCE. Ce "bon" père de famille pseudo défenseur des valeurs humanistes de la dite patrie des Droits de l'Homme a été élevé au rang de Commandeur de la Légion d’Honneur ivoirienne en août 2011 (dans un esprit d’égalité impérialiste, CARTER III ambassadeur des EU a eu droit au même traitement). Que lui vaut cet honneur ? Au choix :
- Sa complicité dans l’installation et le maintien au pouvoir de dirigeants africains corrompus et serviles ?
(http://www.abidjandirect.net/index2.php?page=poli&id=155)
- Sa participation à la proclamation des résultats hors délais par le seul BAKAYOKO, Pdt de la Commission Electorale Indépendante en dépit de la règle adoptée de la proclamation à l'unanimité, qui plus est à l'Hôtel du GOLF, QG du candidat OUATTARA ?
- Sa médiation lors du pilonnage et du gazage de la Résidence Présidentielle pendant plus d’une semaine, notamment son rôle déterminant lors de l’arrestation du Président GBAGBO, de ses proches et fidèles collaborateurs ? « C’est la France qui a fait le travail » dixit Laurent GBAGBO ou comment comprendre autrement cette photo des soldats français arborant les insignes de la République de CÔTE D’IVOIRE qui se trouvaient dans la résidence présidentielle le 11 avril 2011 ? (http://contrepoids-infos.blogspot.fr/2013/09/blog-post.html)
- Ou bien a-t-il été décoré en récompense de l’assassinat de Désiré TAGRO ancien Ministre de l’Intérieur avec lequel il est le dernier à avoir discuté, avant que ce dernier ne prenne une balle dans la bouche alors qu’il était sorti de la Résidence un drapeau blanc à la main ? (http://www.legrigriinternational.com/article-l-ambassadeur-de-france-doit-s-expliquer-sur-les-circonstances-de-l-assassinat-du-ministre-de-sire-tagro-communique-71777874.html)
- Doit-on encore y voir un retour sur investissement avec la Présidence d’une nouvelle société B to B « Eurafrique-Stratégies » spécialisée dans la médiation et le conseil entre milieux d’affaires et dirigeants politiques créée en mai 2012, soit à peine un mois après sont départ de CÔTE D’IVOIRE en tant qu’ambassadeur ? (sur cette page 2 du site de ladite entreprise, on peut le voir en train de saluer chaleureusement OUATTARA, BONGO et BOZIZE, un bel aveu de neutralité et d’objectivité s’il en est ! http://www.eurafrique-strategies.com/qui-sommes-nous/
Liens vers plus d’infos sur le Sieur SIMON :
En attendant, pour revenir à nos échanges sur des listes de diffusion réputées anticolonialsites à tort ou à raison, nous apprécierions que les uns et les autres cessent de nous instrumentaliser à des fins souvent inavouées et inavouables. Quel(s) but(s) poursuivent ceux qui cherchent à redorer le blason des pro-OUATTARA en alléguant qu’ils seraient dans la même situation que les pro-GBAGBO aujourd’hui, en n’apportant jamais aucune preuve des prétendues exactions subies par les premiers ?
Qu’il y ait eu des victimes dans les 2 camps, qui oserait le nier ? Mais accuser le camp Gbagbo d’être responsable de la crise postélectorale en omettant de parler du premier coup d’Etat de 1999, de celui de 2002 appuyé par la France, de la partition du pays qui s’en est suivie et de ses dizaines de milliers de morts jusqu’à la crise qui se poursuit aujourd’hui, c’est un peu comme si on avait jugé et condamné les Résistants de la deuxième guerre mondiale pour les 200 à 400 000 morts de l’épuration sauvage en lieu et place des dignitaires de l’Allemagne nazie et autres collabos (toutes proportions gardées bien entendu).
Des conversations internes à certains mouvements nous sont malencontreusement parvenues. Je fus personnellement effarée de constater que la faible empathie à notre endroit tenait à des appréciations pour le moins superficielles. En effet, que nous importe que l’on aime ou non les discours de Laurent GBAGBO, que ce dernier soit ou non votre « tasse de thé » (réponse d’un responsable de mouvement qui se reconnaîtra à notre interpellation en public sur l’absence de certains mouvements historiques anticolonialistes à nos côtés) ?
Qui a gagné les élections de 2010 ? Qui est le président régulièrement investi par le Conseil Constitutionnel ? Qui a endeuillé et continue d’endeuiller la CÔTE D’IVOIRE en prônant le rattrapage ethnique et en gouvernant par la Terreur ? Voilà à notre sens les lignes de clivage qui font sens. Car, sauf à s’inspirer du paternalisme nauséabond qui gangrène les relations Nord-Sud, c’est au peuple ivoirien de choisir ses dirigeants et de disposer de lui-même. Ni la Communauté Internationale, ni le plus savant de nos experts, fut-il altermondialiste jusqu’au bout des doigts de pied, n’a vocation à présider aux destinées des peuples africains qu’il prétend défendre.
Le peuple ivoirien se reconnaît dans le Président Laurent GBAGBO parce qu’il a toujours respecté les institutions et prôné le dialogue quand d’autres ont choisi d’accéder et de se maintenir au pouvoir par la force.
Et s’il est vrai que le pouvoir corrompt, alors seuls des contre-pouvoirs forts peuvent empêcher l’instauration d’une dictature. Et je mets au défi quiconque d’apporter des preuves concernant les atteintes aux libertés fondamentales sous GBAGBO qui ferait de lui le dictateur que les médias occidentaux se plaisent à décrier (de moins en moins fort, il est vrai compte tenu de la vérité qui commence à se faire jour).
Christine COLIN-TIBALA