Blanchiment : Sherpa porte plainte contre BNP Paribas dans l'affaire de la "lessiveuse africaine"
L'affaire dite de la "lessiveuse africaine" désigne un vaste réseau qui aurait été monté dans les années 2000 au sein de la filiale monégasque de la banque française BNP Paribas afin de blanchir des dizaines de millions d'euros provenant d'au moins quatre pays africains : Madagascar, Sénégal, Burkina Faso et Gabon. L'association Sherpa a décidé, mardi, de déposer une plainte en France pour, entre autres, escroquerie, recel de fraude fiscale et blanchiment aggravé commis en bande organisée.
Comment une centaine de millions d'euros, au bas mot, sont-ils sortis d'Afrique en catimini pour se retrouver dans les coffres de la filiale monégasque de la première banque française, BNP Paribas ? C'est la question à laquelle la justice française pourrait bientôt s'intéresser. Mardi 12 novembre, l'ONG Sherpa a déposé une plainte, dont Jeune Afrique a pris connaissance, contre BNP Paribas Wealth Management Monaco, auprès du procureur de la République à Paris pour "escroquerie aggravée commise en bande organisée, recel d’escroquerie, recel de fraude fiscale et blanchiment aggravé commis en bande organisée".
Dans le viseur de l'association : une filière qui aurait été organisée, au début des années 2000, au sein de la branche monégasque de la banque française, et ayant permis, selon Jean Merckaert, membre de Sherpa, de "sortir" plusieurs dizaines, voire une centaine, de millions d'euros d'au moins quatre pays africains : le Sénégal, le Burkina Faso, le Gabon et Madagascar.
Complices involontaires
Le montage, révélé par un ancien salarié de BNP Paribas, licencié depuis, est simple. Il repose sur la complicité involontaire de touristes français en Afrique et se déroule en trois étapes, révélées dans un document confidentiel interne à BNP Paribas, que Jeune Afrique a pu consulter.
- Première phase : au lieu d’avoir à régler en francs CFA leurs nuits d’hôtel, des ressortissants français sont invités à payer en euros avec leur carnet de chèques, sans préciser le nom du bénéficiaire, laissé en blanc. Trop heureux de ne pas avoir à changer leur argent, ceux-ci s’exécutent.
- Deuxième phase : le chèque est racheté en liquide par des résidents des pays concernés, souhaitant sortir des devises à l'insu des autorités financières locales. Ces personnes ou leurs intermédiaires, titulaires d’un compte à la BNP Monaco, apposent leur nom dessus.
- Troisième phase : fin du tour de passe-passe, les chèques en question sont déposés à l'agence BNP de Monaco. L'argent est donc sorti illégalement d'Afrique, sans passer par le moindre contrôle de change, et se retrouve en Europe, où les autorités financières n'y voient que du feu, pensant que les sommes proviennent de flux internes.
Des dizaines de milliers de chèques ?
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