Le régime prépare une «auto-attaque»
par Benjamin Silué (Le Nouveau Courrier)
Alassane Ouattara sent que son navire prend l’eau de toute part. Le processus de lâchage de ses soutiens au sein de la communauté internationale est perceptible à travers les dossiers sales de sa gouvernance qui sont régulièrement exposés sur la place publique. Dans les coups fourrés qu’il mijote, selon une source crédible au
sein de la grande muette, figure une auto-attaque.
Les sécurocrates pro-Ouattara, selon une source crédible au sein de la grande muette, s’attèlent à mettre en branle un goulot d’étranglement de certaines personnalités de l’opposition ciblées comme étant des caciques. Ces personnalités, en réalité, sont soupçonnées de faire obstacle au processus de réconciliation «version Ouattara».
Il s’agit pour le régime Ouattara, poursuit cette source, de simuler une auto-attaque, à la suite de laquelle des personnalités tels que Pascal Affi N’Guessan, Justin Koua et bien d’autres opposants – parce qu’ils tiendraient des propos jugés « subversifs » – seront traqués pour leur « implication supposée dans cette auto-attaque» du régime Ouattara. Dans le cercle restreint d’une certaine hiérarchie militaire pro-Ouattara, poursuit cette source, des briefings sont organisés de façon régulière pour étudier les contours d’une telle attaque. L’objectif final étant de canaliser l’ampleur des dégâts afin qu’il n’échappe pas au contrôle des instigateurs.
L’informateur du Nouveau Courrier a fait une révélation de taille dans laquelle il indique que des armes ont été dérobées de certaines casernes militaires du district d’Abidjan. Selon lui, le constat de l’absence d’armes et de munitions récemment dans la caserne de la Brigade anti-émeute (Bae) de Yopougon est révélateur de tout ce qui se trame en ce moment dans la République de Ouattara. Le pouvoir en place est devenu fébrile face à des attaques tous azimuts de violation des droits de l’homme, de mauvaise gouvernance mais surtout face à la montée en puissance de l’opposition politique emmenée par le Front populaire ivoirien (FPI).
Cette auto-attaque, qui fera certainement encore couler du sang, aura pour objectif de décapiter l’opposition politique par la traque des «supposés cerveaux, commanditaires et acteurs.» Un doigt accusateur sera principalement pointé sur les pro-Gbagbo. Qui auraient des raisons, selon le pouvoir, de vouloir en découdre avec le régime Ouattara.
L’opinion a encore en esprit les nombreux coups de feu dans des casernes militaires et les corridors attribués (sans aucun début de preuve) aux partisans du président Laurent Gbagbo et qui ont donné lieu à une série d’exactions sur les civils et militaires. Des arrestations, enlèvements et tortures en ont suivi. Cette attaque, renseigne également notre source, sera aussi un prétexte pour continuer demaintenir un état de terreur au moment où les organisations des droits de l’homme et des experts de l’Onu exigent la mise sur pieds des mécanismes démocratiques. Par ailleurs, le régime Ouattara joue la carte de l’auto-victimisation qui lui servira à catalyser l’attention de la communauté internationale afin de desserrer l’étau sur lui.
Benjamin Silué