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Le Rapport du Sénat français pour obtenir de nouvelles parts de marché en Afrique

par Sam La Touch 2 Novembre 2013, 09:04 Françafrique Afrique Francophonie

Le rapport publié par le Sénat estimant que "Afrique est l'avenir de la France" semble dessiner les nouvelles stratégies de la République pour conquérir de nouveaux marchés en Afrique et éminemment en dehors du pré-carré francophone. A la veille du sommet de l'Élysée consacré à l'Afrique, prévu du 5 au 7 décembre prochains et qui rassemblera la plupart des dictatures mises en place par la France en Afrique, Paris entend bien faire des propositions pour tenter de contrer l'influence de Pékin et de Washington sur le continent. Bolloré quant à lui semble montrer la voie sur le mode français usuel. Après avoir su conquérir le Sierra Léone et ses terres, la multinationale française lorgne à présent sur le Mozambique. La Lettre du Continent revient sur l'effervescence parisienne pour trouver de nouveaux débouchés.

LDC Business : Paris tourne en rond pour sortir du pré carré
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Le rapport français propose de se départir "des préventions postcoloniales et voir l'Afrique comme un élément clé de notre avenir". Sauf que ces préventions ne sont pas postcoloniales mais belles et bien néocoloniales dans le pré-carré francophone (Mali, Côte d'Ivoire, Gabon, Burkina Faso, Togo, Congo-Brazzaville, Cameroun...). Encore faudrait-il pouvoir le reconnaître ? Mieux encore, le rapport des Sénateurs considère que «la France, après avoir été un des seuls pays à avoir poursuivi, après les indépendances, une politique africaine, semble être dépourvue de stratégie à long terme sur ce continent, en comparaison avec la Chine, l’Inde, ou les Etats-Unis». Mais de quelle politique africaine après les indépendances parle-t-on ? L'autocritique n'est donc pas au programme. A moins qu'il s'agisse de mettre en avant les valeurs des droits de l'homme dans les pays non francophones et de continuer à réserver au pré-carré francophone l'envers de ces droits fondés sur les valeurs de Vichy et de la Coloniale comme ce fut le cas au Biafra (1968-1970), au Congo-Brazzaville (1997), au Cameroun (1956 - 1971) et au Rwanda(1994)...? Le Rwanda depuis a quitté la francophonie, le Biafra a pu réintégrer le Nigeria après la politique folle de Degaulle et Foccart qui fit des millions de morts tandis que le Cameroun et le Congo-Brazzaville dirigés respectivement par les obligés dictateurs Biya et Sassou Nguesso s'enfoncent dans la misère.

Le rapport préconise toutefois une solution à long terme qui résiderait dans le développement harmonieux de l'Afrique. Sur le plan de l'éducation, il préconise la valorisation de la francophonie et la création d'une grande université francophone pilote, à l'image de l'université Paris Sorbonne-Abou Dhabi. Ce grand blabla déjà entendu du temps de Chirac ou de l'avènement de Sarkozy I, va-t-il séduire les Africains traumatisés par une politique néocoloniale française inique depuis la coloniale qui maintient à la tête de ses néocolonies des dictatures obligées ou des kleptocrates affidés avec le soutien de l'armée française ? La fameuse "politique africaine" de la France ne souffre d'aucune réelle autocritique dans la Gaulle contemporaine, si ce n'est d'être simplement postcoloniale ? Le rapport sénatorial apparaît comme un verbiage creux et démagogique - en décalage complet avec les actions françaises en Afrique au Mali (2013), en Côte d'Ivoire (2010), en Centrafrique (2013) ou bien en Libye(2011) - visant à reconsolider son empire fancophone et à relancer l'économie avec l'ensemble des pays africains pour ses propres intérêts. Feindre de s'intéresser aux autres en leur proposant des mesurettes pour regagner leur sympathie alors qu'on les pille allègrement ne leurre personne. Il y a un terrible passif et un présent des actions militaires françaises en Afrique que l'on ne peut pas passer sous silence sous le sobriquet de "postcolonial". Comme une imposture française !

Lire aussi chez SLT :

- Sierra Leone : Des paysans dénonçant "l'accaparement des terres" par le groupe Bolloré ont été arrêtés 
- La malédiction de la francophonie en Afrique (2): l'OIF un repaire pour dictateurs et criminels
- Gestapo, napalm et massacres français au Cameroun (1956-1971) dans la plus grande indifférence
- Après la victoire coloniale franco-britannique, la Libye est dévastée 
- Les crimes coloniaux de la France en Côte d'Ivoire (vidéo RAI3) 
Le Rapport du Sénat français pour obtenir de nouvelles parts de marché en Afrique
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