Nucléaire iranien. La France fait grise mine après l'accord L'Humanité
Fabius n'a salué que timidement l'accord préliminaire sur le nucléaire iranien conclu ce dimanche matin à Genève entre Téhéran et les grandes puissances, afin de réduire l'ampleur du programme atomique de la République islamique, en échange d'un allégement des sanctions qui pèsent sur elle.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius ne s'est pas éternisé à Genève, contrairement à tous ses homologues qui se sont pliés à l'exercice de la conférence de presse. Il a juste estimé que cet accord survenu tôt ce matin constituait une "avancée importante pour la sécurité et pour la paix". Cet accord "confirme le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire civile, mais exclut de sa part tout accès à l'arme nucléaire", a ajouté le ministre, estimant que Genève constituait une "première étape majeure".
Entraves françaises
Cette timide réaction fait écho au mécontentement d'Israël, qui avait appuyé les entraves françaises à cet accord lors des précédentes réunions à Genève. "C'est un mauvais accord qui offre exactement ce que l'Iran voulait: la levée significative des sanctions et le maintien d'une partie significative de son programme nucléaire", a affirmé un communiqué du gouvernement israélien. "Israël n'est pas engagé par l'accord de Genève. L'Iran menace Israël et Israël a le droit de se défendre", a estimé de son côté le ministre de l'Économie Naftali Bennett.
Satisfaction de tous les autres
Ces réactions tranchent avec le satisfecit exprimé par les autres puissances représentées à Genève. "Tout le monde gagne, pas de perdant", estime ainsi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Lors d'une intervention solennelle tard dans la soirée depuis la Maison Blanche, Barack Obama a aussi assuré que cet accord obtenu à l'arraché à Genève "barre le chemin le plus évident" de la république islamique vers une bombe atomique. "Pour la première fois en presque une décennie, nous avons arrêté les progrès du programme nucléaire iranien, et des volets cruciaux du programme seront annulés", s'est-il félicité.
"Nouveaux horizons"
Son homologue iranien Hassan Rohani, réputé modéré et qui a lancé une politique d'ouverture vers l'Occident depuis son électon en juin, a salué une entente qui allait "ouvrir de nouveaux horizons". Son ministre des Affaires étrangères, M. Zarif, a salué "un résultat important mais (qui) est seulement un premier pas". "Nous avons mis en place une commission conjointe pour surveiller la mise en place de notre accord. J'espère que les deux parties pourront avancer d'une manière qui puisse rétablir la confiance", a dit le ministre, notamment entre Téhéran et Washington qui ont rompu leurs relations diplomatiques en avril 1980.
M. Zarif a également réaffirmé le "droit inaliénable" de son pays à l'enrichissement d'uranium. Le texte de Genève contient une "référence claire selon laquelle l'enrichissement va continuer", a-t-il martelé, très applaudi par la presse et la délégation iraniennes venues en nombre à Genève.
Ce que prévoit l'accord
Suspension des volets les plus controversés du programme atomique de l'Iran en lui imposant d'arrêter l'enrichissement d'uranium au-dessus de 5%, de neutraliser ses réserves enrichies à 20% et de stopper le projet de réacteur à eau lourde d'Arak.
Pas de nouvelles sanctions au cours des six prochains mois, et les Etats-Unis estiment que l'allégement des restrictions existantes va permettre à Téhéran d'accéder à des milliards de dollars de revenus liés au pétrole, aux produits pétrochimiques, à l'or et au secteur automobile.