"Des communautés religieuses qui ont toujours vécu ensemble en parfaite symbiose se mettent aujourd'hui à se massacrer les unes les autres" déclaration du Premier ministre de la transition, Nicolas Tiangaye.
Il existe des accords de coopération militaire entre la France et le Centrafrique depuis les "indépendances". La France dispose depuis un siècle de bases militaires dans ce pays. En choisissant de ne pas renforcer l'accord de paix de Libreville du 11 janvier 2013 et son gouvernement d'union nationale par le refus de toute intervention militaire en mars 2013, le "chef de guerre" Hollande et son Etat-major ont donné un blanc seing aux Séléka, milices armées hétéroclites provenant en grande partie du Tchad du dictateur Idriss Déby principal allié de Paris dans la région. La France a donc appuyé diplomatiquement, politiquement un groupe rebelle à majorité musulmane dans un pays à majorité chrétienne et a laissé les Séléka porter au pouvoir le nouveau dictateur Michel Djotodia sur fond de controverses autour des contrats pétroliers passés avec les Chinois par l'ancien dictateur Bozizé installés précédemment lui aussi par la France. La Séléka s'est livrée à de nombreuses exactions sur les populations chrétiennes créant un sentiment antimusulman attisé par les milices anti-Balaka proches de l'ancien dictateur Bozizé.
Actuellement, depuis le 5 décembre, l'Etat-major et son "chef de guerre" ont pris une mesure allant à 180° de la précédente, à savoir intervenir militairement pour stopper les exactions des Séléka et pacifier le pays. Seulement, du fait de l'arrivée des troupes françaises les milices anti-balaka en profitent pour exercer des représailles sur la communauté musulmane et les Séléka désarmés par l'armée française. On semble entrer dans un cycle de violence incontrôlable tandis que les médias français racistes donnent une lecture racialiste (ethniciste) du conflit centrafricain en occultant le rôle de déstabilisation de premier ordre de l'Etat français dans les troubles actuels. En cinquante ans, la France est intervenue militairement sur son porte-avions Centrafricain plus que dans tous les autres pays du pré-carré (selon Reuters, voir la dépêche en fin d'article).
Le projet fou de l'Etat-major et du "chef de guerre" (ce dernier n'étant qu'une courroie de transmission du looby militaro-industriel sous la Vème République hors de tout contrôle parlementaire ) est de contrôler un territoire grand comme la France avec 1600 soldats qui s'appuieraient sur des supplétifs africains régionaux.
D'où devant une telle incongruité et précipitation, la volonté de Paris de calmer le jeu auprès de son plus grand allié dans la région : le dictateur Idriss Déby à l'origine de l'arrivée au pouvoir des Séléka avec le feu vert de l'Etat-major français.
La situation est loin de s'améliorer contrairement à ce que déclare "le chef de guerre" en complet décalage avec son ministre de la Défense sur le terrain et les déclarations émanant des Nations Unies et des acteurs sur le terrain. La seule continuité politique dans cette affaire est la volonté de Paris de renforcer son contingent militaire en RCA pour défendre "les intérêts français". Un grand nombre de députés à l'Assemblée nationale ne s'en sont pas cachés d'ailleurs.
Christian Jacob. « La France défend aussi ses intérêts. Dites-le clairement, M. le premier ministre ! Cela renforcera la légitimité de cette intervention », a-t-il déclaré après avoir évoqué les sites français d’uranium en Afrique (MDP La Centrafrique fait consensus, sauf pour le Front de gauche).
Derrière la prétendue opération "humanitaire", il y a les intérêts français. C'est d'ailleurs ces mêmes "intérêts français" que mettaient en avant le "chef de guerre" François Hollande et son Etat-major pour ne pas intervenir en mars 2013.
AFP 13.12.13 Paris s'alarme de l'escalade des violences en Centrafrique
Reuters 13.12.13 L'attaque d'une milice en République centrafricaine tue 27 personnes (musulmanes)
AFP 13.12.13 Le Drian en Centrafrique: "la spirale de l'affrontement s'est aggravée"
AFP 13.12.13 Plus de 600 morts en une semaine en Centrafrique (ONU)
Le Monde 12.12.13 Centrafrique : "La situation est progressivement sécurisée", selon Hollande
Depuis une semaine, les organisations humanitaires font état d'au moins 600 morts et 159.000 déplacés pris dans le cycle de représailles actuelles. Il est fort probable que ce bilan soit largement sous-estimé.
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Lettre du Continent Centrafrique. Le général Benoît Puga à la manoeuvre