Intervention militaire française au Mali, le point sur la situation : droits de l'homme, croissance des entreprises françaises et fédéralisme
Malgré l'intervention militaire française prônée par l'Etat-Major français (Hollande au Mali: Une opération préparée depuis 2009 par les militaires ? ), la situation est loin d'être stable au Mali. Récemment, la France a renforcé ses troupes dans la région de Kidal. Après l'assassinat de deux journalistes de RFI à Kidal dans des conditions encore opaques, un rapport d'Amnesty International sur l'état des droits de l'homme au Mali évoque les exactions perpétrées par tous les groupes qui ont pris les armes : le MNLA, le Mujao, Aqmi, l'armée malienne et d'autres (curieusement ce rapport fait l'impasse sur les exactions commises par les forces françaises), ainsi que la multiplication de l'enrôlement d'enfants soldats.
Récemment les Touaregs et le MNLA ont décidé de reprendre la guerre contre l'armée malienne, les premiers accusant les forces loyalistes d'entraver leur développement dans le Nord (une récente manifestation de civils favorables aux Tourags aurait été réprimée dans le sang par l'armée malienne à Kidal) tandis que les seconds accusent la France de soutenir le MNLA dans la région de Kidal (Mali : l'occupation militaire française à Kidal exaspère la société civile. Des manifestations prévues. ). D'ailleurs des récentes manifestations antifrançaises ont éclaté à Bamako pour dénoncer le soutien de l'armée française aux Touaregs dans le nord du pays.
Tout le monde sait que l'armée française est seule avec les Tchadiens et le MNLA au grand nord et que l’armée malienne n’y est absolument pas. La mise sous tutelle militaire du Mali et la militarisation de la région vont être durables, avec à terme 12600 soldats mobilisés dans la mission onusienne Minusma largement sous contrôle français et 3200 militaires français toujours présents dans le cadre de missions hors de tout contrôle malien ou onusien et visant à perdurer.
Et pour cause les entreprises françaises ont réalisé des bénéfices faramineux depuis cette nouvelle intervention coloniale.
"Les entreprises françaises n’auront pas attendu le deuxième tour des présidentielles pour emporter de nouveaux marchés. Grâce à la société Morpho, qui a fabriqué les cartes d’électeur, les maliens ont voté français et Albatros technologies a remporté un marché de 3,5 milliards de francs CFA pour améliorer le centre de données de l’état civil [4]... La liste des négociations en cours est longue : EADS, pour des avions et des hélicoptères, Securicom et EHC LLC pour la sécurité ; Egis, filiale Caisse des Dépôts à 75 %, a emporté la concession pour 30 ans [5] de l’aéroport Bamako-Senou, avec menaces de licenciements à la clé. Et si les sociétés qui achètent les droits d’exploration minière ne sont pas françaises, l’opérateur technique, FORACO, une société basée à Marseille fait des forages depuis 2 ans à Faléa.
Quoi de plus naturel que ce soit les industriels français qui accourent ?
En juillet 2013, une délégation du Medef a été accueillie à bras ouverts par le Premier Ministre par intérim. Cette délégation était dirigée par Michel Roussin, vieux crocodile du marigot de la Françafrique. « Le chef du gouvernement a souhaité la bienvenue à la trentaine d’industriels français qui ont fait le déplacement de Bamako »" ( Serval : une guerre au service de la croissance française ).
La France qui est redevenue souveraine dans son ancienne colonie envisagerait la piste du fédéralisme au Mali. Ainsi des officiers militaires français de Saint-Cyr ont commencé à évoquer cette possibilité lors d'un colloque dans le cadre de l'OTAN (Vidéo: Quand l'OTAN discute de fédéralisme pour le Mali sans le Mali ).