"Un détachement de 50 Polonais va être présent en République centrafricaine, ...ce seront des aviateurs, vous savez, des aviateurs ça vole". Propos de François Hollande repris par Le Canard Enchaîné du 25.12.13 (Flamby pas flambard à Bruxelles).
Selon cet article du Canard Enchaîné, tous les pays de l'Union européenne ont refusé d'apporter aide financière et militaire à l'intervention "Sangaris" en terre centrafricaine. "Sangaris" a été rebaptisée "Sanguinaire" par certains Centrafricains tant il est vrai que les conflits inter-confessionnelles se sont majorés depuis l'intervention du 5 décembre ainsi que les représailles des milices de la Séléka et des anti-Balaka.
Motif de la frilosité de l'UE à intervenir ?
Ni l'Allemagne, ni les autres pays européens n'ont accepté les méthodes cavalières du chef de guerre qui envoie la troupe puis demande le financement de ses périgrénations en terre néocoloniale centrafricaine où la France a des bases militaires depuis un siècle et fait la pluie et le beau temps, les dictateurs et les coups d'état depuis 50 ans.
Ainsi Angela Merkel lui a répondu en substance : "Nous ne pouvons pas financer une mission militaire dans laquelle nous ne participons pas au processus de décision" et d'ajouter toujours selon Le Canard Enchaîné "Nous avons besoin d'un conseil des ministres, c'est à dire d'une réunion des ministres de la Défense". A croire que les pays européens n'ont pas la même conception de la démocratie que le "chef de guerre" français qui fait les guerres selon son bon voulvoir et celle de l'Etat-Major sans en référer antérieurement à la représentation populaire dans la pure tradition militaro-coloniale de la Vème République.
Quant à la Belgique, le Premier ministre Elio Di Rupo a "pris François Hollande à part, avant la séance de travail, pour lui expliquer que la Belgique n'était pas encoreannexée à la France". La Belgique aurait été particulièrement irritée par les déclarations péremptoires de Laurent Fabius qui avait annoncé du haut de sa tour d'Ivoire, que la Belgique était prête à envoyer des soldats en Centrafrique.
Toujours selon Le Canard Enchaîné, tous les pays européens sauf la Pologne se sont ralliés à la décision de l'Allemagne.
Quant à la chef de la diplomatie européenne, elle n'a pas manqué de doucher les espoirs du chef des Etats-majors français en raison "de la désinvolture de Hollande qui a voulu brûler toutes les étapes" (dixit le Canard Enchaîné).
La France se retrouve donc à présent seule sur le terrain avec néanmoins ses tirailleurs africains mais sous-équipés et non rôdés pour ce genre de missions. Il est probable que les décisions vont se jouer à la hauteur des enjeux économiques centrafricains. Peu probable que l'Allemagne et la Grande-Bretagne interviennent pour ramasser les restes françafricains que la France leur laissera mais les USA semblent aussi intéressés par les marchés sous-jacents et ont fourni des transall pour la logistique.
On est donc passé d'un discours élyséen du genre "L'Europe paiera" à "Naturellement nous paierons la note. Mais ça nous coutera pas grand-chose" (conférence de presse du sommet européen, 2012).
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