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Le Drian en Centrafrique: "la spirale de l'affrontement s'est aggravée" (AFP)

par AFP 13 Décembre 2013, 13:14 Centrafrique France Conflit interethnique

Le Drian en Centrafrique: "la spirale de l'affrontement s'est aggravée" (AFP)
Le Drian en Centrafrique: "la spirale de l'affrontement s'est aggravée"
AFP

BANGUI (AFP) - La "spirale de l'affrontement" entre chrétiens et musulmans s'est brutalement aggravée ces derniers jours en Centrafrique, de l'aveu même du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, venu vendredi soutenir les militaires français qui tentent de sécuriser un pays livré au chaos.

Si la vie quotidienne a commencé à reprendre à Bangui avec notamment l'ouverture des banques, des coups de feu et accrochages entre hommes armés restent fréquents dans des quartiers de la capitale et témoignent de la tension persistante, huit jours après le début de l'intervention Sangaris de l'armée française.

"La spirale de l'affrontement s'est brutalement aggravée, ajoutant à la crise sécuritaire les prémices d'une crise humanitaire", a affirmé le ministre français dont la visite suit de deux jours celle du président français François Hollande.

Environ 110.000 déplacés fuyant les violences vivent dans des camps dans des conditions très précaires à Bangui, aggravées par les trombes d'eau déversées jeudi soir par de violents orages.

M. Le Drian a mis en garde contre des risques "d'anarchie", soulignant que la situation pouvait "déstabiliser toute la région en attirant des groupes criminels et terroristes".

Il a rappelé aux 1.600 français que leur mission était d'"enrayer les exactions, les dérives confessionnelles, permettre le retour des humanitaires et le déploiement des structures étatiques de base".

Vendredi, les militaires français continuaient à patrouiller dans la capitale à un rythme intensif pour désarmer et prévenir les affrontements alors qu'une explosion de violences entre chrétiens et musulmans a fait au moins 400 morts en fin de semaine dernière à Bangui. Au moins un accrochage impliquant des soldats de l'opération Sangaris a eu lieu vendredi matin sur la route de l'aéroport, selon des témoins.

S'exprimant devant les soldats trois jours après la mort de deux des leurs, M. Le Drian a indiqué qu'il était venu "pour (leur) apporter tout le soutien de la nation qui est fière de ses soldats déployés en RCA" avec le feu vert de l'ONU.

Il a confirmé que le président François Hollande participerait à l'hommage national qui sera rendu lundi aux Invalides, à Paris, aux deux premiers morts de l'intervention de la France dans son ancienne colonie qui sombre dans l'anarchie depuis la prise du pouvoir par les rebelles de la Séléka en mars.

"Ca tirait de partout"

M. Le Drian s'est ensuite rendu en hélicoptère à Bossangoa, à 300 km au nord de Bangui, autre point chaud où sont déployés plusieurs centaines de soldats français et où se trouvent des dizaines de milliers de réfugiés fuyant des semaines de violences.

A son retour à Bangui dans la journée, le ministre devait s'entretenir avec le président centrafricain de transition, Michel Djotodia, ex-chef de la Séléka, une rébellion à majorité musulmane dans un pays à dominante chrétienne.

Un des sujets abordés pourrait être la mission confiée aux soldats français confrontés à la montée d'un sentiment anti-français dans les communautés musulmanes. Certains y accusent la France de faire le jeu des chrétiens en désarmant les ex rebelles qui, après s'être livrés à de nombreuses exactions, sont victimes de représailles.

Dans la soirée, le ministre français se rendra au Tchad, où il rencontrera le président Idriss Deby. Puissance régionale, le Tchad a un contingent au sein de la force africaine présente en Centrafrique et ne s'est pas opposé au renversement du président François Bozizé par les rebelles.

Au centre-ville les banques ont rouvert et les stations d'essence ont servi du carburant pour la deuxième journée consécutive, permettant la réapparition des taxis, seul mode de déplacement des Banguissois.

De longues files d'attente se sont formées pour l'essence et le pétrole qui sert à s'éclairer dans une ville où l'électricité est souvent coupée la nuit.

"C'est ma première journée depuis le 5 décembre", affirme Théodore Jusalin, qui a fait deux heures et demi de queue pour le plein de son taxi. "Il y a des courses à faire. Les gens commencent à sortir, ils partent au travail".

Mais dans des quartiers la situation reste extrêmement tendue.

Ainsi, à Gobongo (nord), des incursions d'hommes armés non identifiés, qui ont tiré de nombreux coups de feu et qui cherchaient à pénétrer dans les maisons, ont conduit des voisins à se regrouper dans la rue pour y passer la nuit, selon un habitant.

Dans la matinée, des échanges importants de coups de feu ont retenti au quartier Miskine (ouest), selon Jennifer, une habitante qui préfère taire son nom de famille.

"C'était horrible. Ca tirait de partout. Je ne sais pas qui c'était. Je n'ai pas cherché à regarder s'il y avait des Séléka, des Français ou quelqu'un d'autre. Ca a duré longtemps", a-t-elle raconté par téléphone.

Les hommes de la Séléka ne sont en tout cas plus visibles dans les rues depuis plusieurs jours même si les habitants les accusent d'exactions la nuit, sans qu'il soit possible de le vérifier.

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