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Les troupes françaises interviennent en Centrafrique et s'emparent de Bangui (WSWS)

par WSWS 10 Décembre 2013, 22:18 Centrafrique France Françafrique

Les troupes françaises interviennent en Centrafrique et s'emparent de Bangui (WSWS)
Les troupes françaises interviennent en Centrafrique et s'emparent de Bangui

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La France a déployé des troupes en République centrafricaine (RC) ce week-end, après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution proposée par la France le 5 décembre qui autorise une intervention française et africaine. L'objectif proclamé est de mettre fin aux violences sectaires entre la majorité chrétienne et la minorité musulmane qui se sont amplifiées depuis que la France a soutenu le coup d'état mené par les rebelles musulmans de la Seleka contre le président François Bozizé au début de l'année.

Les forces françaises, soutenues par des chars, des hélicoptères et des avions de combat, se sont déployées dans la capitale, Bangui, samedi. Elles ont également commencé à se déployer dans le Nord et l'Ouest du pays pour s'emparer des routes principales ; des troupes déjà prêtes ont franchi la frontière depuis le Cameroun vers l'Ouest de la RC.

Le gouvernement français envisage de maintenir 1600 soldats dans son ancienne colonie indéfiniment. Lors d'une conférence de presse qui terminait le sommet Afrique-France au palais présidentiel de l'Élysée samedi, le président François Hollande a déclaré qu'il augmenterait le nombre de soldats en RC jusqu'à 1600 – 400 de plus que ce qu'il avait annoncé la semaine dernière.

Hollande a déclaré, « jeudi soir, il y avait 600 militaires français ; hier [vendredi] soir, il y en avait 1.000 ; et ce soir, il y en aura 1.600 et ce sera l'effectif qui demeurera autant que nécessaire pour cette mission. »

Les forces françaises en RC collaboreront avec une force de l'Union africaine de 2500 hommes, qui sera également augmentée, jusqu'à 6000.

L'élite politique et les grands médias français soutiennent cette intervention militaire, ils affirment à tort que l'intervention de Paris en RC n'a rien à voir avec ses intérêts stratégiques et qu'il ne s'agit que d'une opération humanitaire. Hollande a juré que son objectif n'est que d'« empêcher une catastrophe humanitaire, » après l'annonce de la mort de 300 civils en trois jours en conséquence des combats sectaires en RC.

Dans son éditorial de samedi, Le Monde a applaudi cette intervention militaire comme une opération humanitaire, il a écrit : « Les ambitions affichées par la France, aider à une sécurisation du pays et permettre à l'aide humanitaire d'être acheminée, ne sont pas contestables. »

Il a ajouté, « l'ancienne puissance coloniale affirme aujourd'hui ne pas vouloir s'investir directement dans le règlement politique de cette crise. La France veut laisser au plus vite la place aux Nations unies, qui, ces dernières années, n'ont pas été particulièrement bien avisées dans leurs actions pour la Centrafrique. »

Ce genre de commentaires déborde de cynisme et de mauvaise foi. La mainmise de la France sur Bangui et la RC ne va pas atténuer mais intensifier les divisions ethniques et sectaires du pays et les conflits qui en résultent – comme ce fut le cas pour la guerre de l'OTAN en Libye et de l'intervention de la France en Côte d'Ivoire, qui étaient tout autant présentées au public comme des exercices « humanitaires. »

Paris porte la responsabilité principale du bain de sang actuel en RC. Il a soutenu une série de coups d'états militaires en RC depuis l'indépendance du pays, afin d'installer divers gouvernements fantoches au pouvoir.

Maintenant, l'impérialisme français poursuit une politique néo-coloniale explosive consistant à faire renverser des gouvernements par l'armée dans ses ex-colonies africaines qui se sont rapprochées de la Chine – comme en Côte d'Ivoire ou en RC.

Avant la chute de Bozizé, les liens entre la RC et la Chine se développaient rapidement avec des initiatives sur l'économie, le commerce, la culture, l'éducation et la santé. La RC a également discuté de l'expansion des liens militaires avec la Chine quand les responsables chinois ont visités le pays en 2012.

Les relations entre Paris en Bangui se sont détériorées sous Bozizé parallèlement à son adoption d'une ligne plus pro-chinoise, signant des accords militaires et économiques avec Beijing. Paris s'inquiétait pour les ressources naturelles encore inexploitées en RC, dont des diamants, de l'or, de l'uranium, du bois et du pétrole que les entreprises françaises risquaient de devoir abandonner à leurs concurrentes chinoises. Il s'inquiétait aussi des implications plus larges de la montée de l'influence de la Chine dans l'ex-empire colonial français.

Avant que la Seleka prenne le pouvoir, Bozizé avait supposé dans un discours prononcé le 27 décembre 2012, que les forces rebelles l'attaquaient parce qu'il avait décidé d'accorder des contrats d'exploration pour du pétrole à une compagnie chinoise.

Il a demandé, « quelle erreur ai-je fait ? Il n'y a pas de prisonniers politiques en ce moment, la presse est libre. Pourquoi ont-ils commencés à violer, tuer et faire souffir la population de Centrafrique ? […] Nous leur avons tout donné. Mais avant de donner le pétrole aux Chinois, j'ai rencontré Total à Paris et je leur ai dit de prendre le pétrole ; ils n'ont rien fait. J'ai donné le pétrole aux Chinois et c'est devenu un problème. J'ai envoyé Maidou à Paris pour le dossier de l'uranium, ils ont refusé. Finalement je l'ai donné aux Sud-africains. »

Maintenant, la France renforce non-seulement ses forces militaires, mais aussi ses intermédiaires locaux dans toute l'Afrique, en préparation de guerres plus larges et d'interventions néo-coloniales sur le continent.

Quand cette opération militaire commençait en RC, la France organisait un sommet Afrique-France de deux jours intitulé « Paix et sécurité en Afrique » où se sont rendu 53 chefs d'état africains, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, et le secrétaire général des nations unies Ban Ki-moon.

Notant que les relations Franco-africaines « ne peuvent plus être ce qu'elles pouvaient être par le passé », Hollande a juré de soutenir « la constitution d'une force de réaction rapide, sous l'égide de l'Union africaine. » Il a déclaré que la France formerait 20 000 soldats africains sur cinq ans.

L'impérialisme français, sous mandat de l'ONU, joue un rôle clé dans la poursuite de la politique de celle-ci sur ce continent. L'intervention militaire en RC fait suite à l'intervention française au Mali au début de l'année.

La France a près de 7500 soldats déployés dans le monde, d'après le ministère de la défense. Elle a actuellement plus de 5000 soldats stationnés dans des bases en Afrique. Le coût de leur maintient représente 400 millions d'euros par ans.

(Article original paru le 9 décembre 2013)

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