/image%2F0780719%2Fob_3503a3_obiang-francafrique.jpg)
Pendant le sommet de l'Elysée, le mandat d'arrêt d'Interpol contre Obiang a été suspendu
La France n'a pas fait appel de la décision d'Interpol de cesser de diffuser le mandat d'arrêt contre le vice-président équato-guinéen Teodorin Obiang. Un détail qui a apaisé les relations entre la France et la Guinée.
Il en est des sommets comme des grands dîners. Leur réussite passe aussi par le souci du détail, à préparer longtemps en amont de l'évènement. Et de la chance -ou des oppotunités- à ne surtout pas contrarier. Par exemple, l'une des règles d'or consiste à ne pas vexer de trop des invités aussi chafouins qu'argentés...et parfois taquinés par la justice, aveugle devant les intérêts supérieurs.
Le sommet de l'Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, préparé depuis 8 mois par l'équipe africaine du Président, a ainsi du composer, et compter sur ses bonnes fées.
Lire: Hollande, la doctrine fantôme
Si la cour pénale internationale (CPI) n'a pas infléchi sa position quant aux inculpations des président kenyans et soudanais pour crimes contre l'humanité, si l'Union Africaine a exclu le président centrafricaine Djotodia, en poste depuis le putsch de mars dernier (et aux heures comptées depuis l'intervention française), une bonne nouvelle est arrivée de Lyon, siège d'Interpol, début septembre.
Bonne fée d'Interpol
Ciblé dans l'affaire des biens mal acquis en France par les chefs d'Etats africains et leur famille, la riche Guinée Equatoriale a la particularité de compter parmi ses dirigeants le seul africain mis en examen dans ce volumineux dossier. Le fils chéri de la nation et de son papa président, Teodoro Nguema Obiang Mangué, alias Teodorin pour les intimes. Longtemps ministre de l'agriculture et des forêts, le petit Obiang a été promu 2e vice-président du pays à l'été 2012, en charge de la défense et de la sécurité. L'accesit n'a pas empêché la justice française de délivrer un mandat d'arrêt européen à son encontre, procédure qui vaut en droit français une mise en examen, pour des détournements de fonds publics présumés. La perquisition très médiatisée de son hôtel particulier à Paris avait durée deux semaines en février 2012, la saisie de ses voitures de luxe fin 2011 avait fait la une de la presse, quand la justice américaine se penche depuis longtemps sur le train de vie d'une personnalité résumée ainsi par un de ses employés. «Alcool pute et coke».
Lire: Biens mal acquis, la classe américaine
et De Tapie à feu Omar Bongo, itinéraire d'un décorateur gâté
Evidemment, les malheurs du fiston en France ont plus qu'agacé Papa Obiang, à la tête d'un le dorado pétrolier, dragué tant par les entreprises françaises qu'américaines. Et mis un gros point d'interrogation sur les relations diplomatiques et commerciales entre Paris et Malabo. D'autant que la justice français, pour bien faire le change, a chargé, sitôt le mandat d'arrêt émis, Interpol de lui donner une résonnance internationale. L'organisation internationale de police s'est gentiment exécutée, sans toutefois aller jusqu'à publier une notice rouge, qui consiste à «demander la localisation et l’arrestation d’une personne recherchée par une autorité judiciaire ou par un tribunal international en vue de son extradition.»
Bien heureusement pour le sommet de l'Elysée, le 30 août dernier, «un an après que nous les avons saisis» décrit à Bakchich Me Marsigny, l'un des défenseurs d'Obiang Junior, Interpol a interrompu la diffusion du mandat d'arrêt, supprimant également de ses fichiers tous les documents communiqués par la justice française. En résumé Interpol ne recherche plus le fils prodigue de la Guinée Equatoriale hors de l'Union Européenne. L'Etat français avait, selon une source proche du dossier, la possibilité de demander à Interpol de revenir sur sa décision. Ce qu'il n'a pas fait. Une épée de damoclés en moins sur la tête de Téodorino et des rapports franco-guinéen. Et sur le sommet de l'Elysée auquel va participer le président Obiang.«Nous ne nous mêlons pas des affaires judiciaires» assurent les conseillers Afrique de Hollande. Surtout quand elles courent dans le bon sens.