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Quand Le Monde fait la promotion du spectacle de Dieudonné , "Le Mur", lire :
Dans son spectacle, Dieudonné repousse les limites de la provocation Le Monde Par Soren Seelow « Gad Elmaleh, il a tout piqué à Seinfeld. Bon, ils sont de la kippa tous les deux… » Deux lycéens font la queue dans l'étroit passage de la Main-d'Or. Ils devisent de Desproges – « trop fort, celui-là » – et de deux comiques juifs. Il est 22 heures, ce jeudi 2 janvier. Au Théâtre de la Main d'or, à Paris, Dieudonné se produit pour la première fois depuis que Manuel Valls a exprimé sa volonté d'interdire ses représentations. En fin d'après-midi, une fausse alerte à la bombe a fait se déplacer les démineurs du laboratoire de la préfecture de police. Devant l'affiche du spectacle Dieudonné droit dans le mur, six jeunes hommes se font prendre en photo. Tous se fendent d'une « quenelle », ce bras d'honneur inventé par l'humoriste qui a donné lieu aux interprétations les plus sulfureuses ces dernières semaines. « A l'intérieur, il y a un panthéon de photos de quenelles, explique un des lycéens. Moi, j'en ai fait une, elle déchire. Y a des ananas, des masques à gaz et tout… » PETIT MUSÉE DES PROVOCATIONS Le Théâtre de la Main d'or est un petit musée des provocations. Passé le premier panneau « Interdit de fumer », tout est permis. Dans un cadre accroché au mur, une kippa sous verre est surmontée de l'inscription « Une kippa pour Dieudonné ». Dans la partie lounge du théâtre, l'inscription « Hezbollah club » trône au-dessus d'un fauteuil en cuir. Derrière le « Comptoir de la quenelle », le cocktail « Mahmoud » coûte 5 euros. Le petit commerce de Dieudonné tourne à plein. A la billetterie, une vignette « J'ai payé mon anataxe » est proposée aux spectateurs qui voudraient aider l'humoriste à s'acquitter de l'amende à laquelle il a été condamné pour sa chanson Shoananas, qu'il entonnera à deux reprises dans la soirée. La salle est comble ; l'excitation, palpable. Quatre jeunes retardataires prennent place, l'une portant sur les épaules un sweat-shirt « Boycott Israël ». Le spectacle commence fort. Le compagnon de route d'Alain Soral règle d'abord brièvement ses comptes avec le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Roger Cukierman (le « juif hystérique ») et avec Manuel Valls, censé prendre ses ordres chez lui : « Convoqué dans ses bureaux, évidemment, il rampait sur le sol. – C'est bon, tu peux te mettre à genoux. » Après avoir évoqué la perspective de passer l'année 2014 en prison (« Tous ces escrocs, ça me rappellera le gouvernement »), Dieudonné attaque son thème de prédilection. « Moi, niveau président, je me suis arrêté à Pétain, je l'aimais bien, au moins il voyait où ça foire » et était « moins raciste » que François Hollande. L'éclat de rire est général. Ils sont venus pour ça. Faire tomber l'ultime tabou : la Shoah. Le rire à coups de marteau. Le frisson de l'interdit tempéré par une sympathie idéologique latente. « SHOANANAS » REPRISE EN CHŒUR Dieudonné a une vraie présence scénique. Il fait feu de tout bois et fait mouche à chaque vanne lorsqu'il moque la volonté des autorités de le censurer : « Dieudonné est-il moral ? Ce sera bientôt un sujet au bac. » La salle se tord. Mais, au travers de la récurrence des blagues sur les juifs et les « sionistes » – entre un sketch sur les tirailleurs sénégalais et un sur l'adoption en Afrique par les couples homosexuels – une certaine « morale » se dessine. « L'Holocauste, ça nous a coûté un bras. » Entêtante. « J'ai pissé sur le mur des Lamentations. » Après avoir réglé ses comptes avec ses adversaires politiques du moment, Dieudonné s'en prend à cinq personnalités publiques – toutes juives : Elie Semoun, Gad Elmaleh, Arthur, Patrick Timsit et Patrick Bruel. Puis, avant d'entonner un Shoananas final, repris en chœur par le public, réitère sa sortie sur le journaliste Patrick Cohen, qui lui vaut d'être visé par une enquête pour « incitation à la haine raciale » : « Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » La promesse de l'égalité devant le rire, souvent mise en avant par ses fans, n'est pas tenue : catholiques et musulmans sortent indemnes du jeu de massacre. Lire aussi l'analyse Interdire le spectacle de Dieudonné : ce qui est possible ou pas