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Il faut arrêter le dictateur Déby soutenu par l'Etat français

par Ibrahim FALL 15 Janvier 2014, 14:02 Centrafrique France Françafrique Tchad Idriss Déby

Il faut arrêter le dictateur Déby soutenu par l'Etat français
Il faut arrêter Deby !
Le Messager

Convoqué au Tchad, le « président » de la République centrafricaine a été écarté du pouvoir et expédié au Bénin le 11 janvier 2014. Le sort de Michel Am-Nondokro Djotodia porté à la chefferie de l’Etat à Bangui en mars 2013 par les forces rebelles de la Séléka était déjà scellé par la France.

Le président français, François Hollande, qui fait la danse bafia dans ses discours sur les interventions militaires françaises en Afrique, n’avait-il pas affirmé que son pays ne laissera pas au pouvoir quelqu’un qui boycotte la démocratie et les droits de l’homme ?

Cette volonté de l’establishment français de dégager, après le lancement début décembre 2013 de l’opération Sangaris, la junte qui a pris Bangui en otage n’était pas suffisante en elle-même. Il fallait une manœuvre bien huilée pour masquer le limogeage du malheureux Michel du voile de l’humanitaire avec pour objectif officiel de sauver ce qui reste de la vie en Rca. Qui mieux placé que Idriss Deby Itno pour exécuter la besogne ? Le président tchadien qui lui-même a accédé au pouvoir par coup d’Etat en 1990 en chassant un autre guerrier, Hissène Habré, avait annoncé des couleurs. Une semaine avant la convocation de Djotodia dans la capitale tchadienne, il avait déclaré que ceux qui menacent ou qui laissent violenter des Tchadiens en Rca ne resteront pas impunis.

Désormais grand allié de la France en Afrique francophone, l’ancien putschiste Deby peut aujourd’hui bomber le torse. Sa cote est montée avec la fulgurante intervention de l’armée tchadienne aux côtés de l’armée française qui avait alors lancé au nord du Mali, début 2013, l’opération Serval. En nettoyant des bastions terroristes à Gao, Tombouctou, Kidal, etc., Idriss Deby a positionné le Tchad comme une « puissance » militaire en Afrique. L’action de ce pays au Mali a ainsi confirmé l’image qu’il présentait déjà.

L’on se rappelle les accusations du Maréchal Omar Hassan El Béchir sur le rôle d’Idriss dans les conflits du Darfour à l’ouest du Soudan. Selon le président soudanais, lui aussi ancien putschiste, c’est son homologue tchadien qui arme ses opposants pour déstabiliser son pouvoir. Le même Tchad a abrité François Bozizé et lui a donné les moyens de chasser Ange Félix Patassé du pouvoir à Bangui. Mécontent du comportement de son poulain qui n’honorait plus les termes du « contrat » qu’il devait exécuter pendant son « règne », le chérif de N’djamena n’a pas empêché la coalition Séléka de marcher sur Bangui. Le « mauvais filleul » a ainsi été délesté de son pouvoir sans ménagement. L’on croyait résoudre un problème, mais c’était sans compter avec la complexité de la situation sécuritaire qui, mal managée, a révélé l’incompétence du tandem Djotodia-Tiangaye. Suivant cette lecture, et sans soustraire les Centrafricains eux-mêmes de leur propre responsabilité dans ce qui leur arrive, Idriss serait une source du malheur de la Rca.

Conscient du pouvoir qu’il a désormais avec le soutien de la France qui a œuvré à son maintien au pouvoir en février 2008 en éloignant de son palais des rebelles partis du Soudan, Idriss Déby a cru bon de convoquer ses pairs d’Afrique centrale pour décider du sort de l’incompétent Djotodia et des Centrafricains qui souffrent le martyr. Et voilà, il a réussi son coup en montrant d’ailleurs qu’il échappe au contrôle de ses pairs et que ceux que l’on considérait jusque-là comme les leaders naturels de la sous région ne le sont pas en réalité. N’djamena a par ailleurs éclipsé sans préavis Brazzaville où les pourparlers pour la paix avaient commencé, fin 2012, dans le cadre du dialogue entre la Séléka et le régime Bozizé en déroute.

Au plan militaire donc, Idriss Deby est devenu l’« homme fort » d’Afrique centrale, voire d’Afrique francophone. Or l’un des crédos des hommes forts c’est l’occupation d’espaces par la puissance de feu. Si l’on n’y prend garde, l’on risque de se retrouver dans la situation du « petit » Rwanda qui a confisqué pendant longtemps une partie du « géant » Congo. L’ancien putschiste tchadien résistera-t-il à la tentation de faire main basse sur une partie de la Centrafrique ? En tout état de cause, ce ne serait pas une surprise que l’on en arrive là. Et si c’est le cas, l’on peut se demander quel pays sera la prochaine victime ? Le Cameroun peut se targuer de tenir le Tchad sur le plan économique parce qu’il constitue une zone de transit obligatoire de flux divers au profit de l’Etat tchadien. Mais les voies de la déstabilisation sont insondables.

Il est urgent de réfléchir à l’ambition expansionniste d’un Idriss Deby, roi de la guerre, qui pourrait devenir roi d’Afrique centrale. Excellences, vous qui trônez sur la Céeac, acceptez-vous de devenir des sous-chefs d’Idriss Deby ? Il est peut-être temps de l’arrêter !

Ibrahim FALL

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