Nicolas Bedos mis en examen pour injure raciale Par Timothée Boutry avec Colin Reingewirtz Le Parisien
Le chroniqueur et écrivain est poursuivi pour des chroniques de 2012, sans rapport avec l’affaire Dieudonné.
Le contexte donne une résonance particulière à l’information. Alors que son sketch de réplique à Dieudonné diffusé le 11 janvier dans « On n’est pas couché » (France 2) affole le Web et vaut à l’humoriste des menaces de mort, Nicolas Bedos a été mis en examen, le 16 décembre dernier, pour « complicité d’injure publique raciale » par une juge d’instruction parisienne.
Une décision qui fait suite à la plainte avec constitution de partie civile déposée en janvier 2013 par le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais à propos de deux chroniques publiées dans « Marianne » et sur le site de l’hebdomadaire en décembre 2012. En cause, l’emploi de l’expression « Enculé de nègre » à la fin d’un article intitulé « Indolence insulaire » écrit au retour de ses vacances en Guadeloupe. L’utilisation de la formule « autochtones oisifs » est également visée.
Début d’année tendu
« Nous nous sommes sentis insultés par ces propos qui visent toute une communauté, explique Daniel Dalin, le président du Collectif-DOM, une association qui revendique 40 000 membres et sympathisants. Nous y avons vu une incitation à la haine raciale à laquelle il convenait de mettre fin. Même au 3e degré, on ne peut pas s’en prendre à un groupe humain de la sorte. »
Le collectif rappelle que la plainte date de l’an dernier, bien avant la polémique Dieudonné. « Nous ne faisons aucun amalgame, insistent les avocats de l’association, Mes Eddy Arneton et Jules Ramael. Les humoristes doivent pouvoir travailler, mais il s’agit de combattre tous les propos à caractère raciste. » L’an dernier, en apprenant le dépôt de cette plainte, Nicolas Bedos s’était désolé que les auteurs de la plainte aient compris « l’inverse » de son message. « Ils ne comprennent pas le degré zéro du second degré. Les expressions qu’ils me reprochent sont mises dans la bouche de personnes que je critique. » Son avocat, Me Dupeux, rappelle qu’en matière de délit de presse « la mise en examen est automatique. Le cas échéant, mon client viendra s’expliquer devant le tribunal. »
Un début d’année tendu pour celui qui est aussi dramaturge et romancier. Hier en fin d’après-midi, il dédicaçait à la Fnac Montparnasse son livre « la Tête ailleurs ». Certains sites avaient annoncé l’annulation de cette rencontre devant la possible intrusion de militants pro-Dieudonné décidés à faire la quenelle devant l’humoriste. A 18 heures, devant un monde fou, mais en présence d’une vingtaine d’agents de sécurité et d’un camion de police dans la rue, il a pu dialoguer avec des lecteurs acquis à son humour et dédicacer longuement son livre. En confiant qu’il devenait parano et craignait de finir par devoir mettre la barbe et la moustache postiche de son sketch « pour aller acheter son pain ».
Le Parisien