L’Afrique subsaharienne, l’Espagne et l’Italie ont été également touchées par les essais atomiques français Agoravox
Pour la première fois, et grâce à des documents militaires déclassifiés publiés dans Le Parisien on connaît l' impact de la première bombe atomique française lancée dans le Sahara le 13 Février 1960 : bombe répondant au doux nom de "Gerboise Bleue"... (on appréciera au passage la poésie des militaires de l' époque).
La carte militaire des mesures effectuées de la radioactivité jour après jour est édifiante par l'étendue de la zone géographique affectée qui va de l'Afrique du Nord, au Sud de L'Espagne en passant par la Sardaigne et la moitié de la Sicile jusqu'aux zones subsahariennes Tchad, Nigeria et Centre-Afrique.
On n' a pas de données exactes sur les doses reçues mais les experts assurent qu'elles étaient faibles et inférieures aux seuils de tolérance de l' époque, ce qui est moyennement rassurant car aujourd' hui, près de 50 ans plus tard, ces normes et ces seuils ont été largement revus à la baisse car on sait que de faibles doses peuvent déclencher des cancers ou d'autres maladies graves. Les nombreuses populations affectées ont donc probablement inhalé de l'iode et du Césium radioactif : la gerboise bleue était donc au moins aussi dangereuse que la gauloise du même nom.
Enfin les militaires reconnaissent eux-mêmes que des doses importantes et excessives ont été mesurées à Arak, près de Tamanrasset, où l'eau a été fortement contaminée, mais aussi dans la capitale tchadienne de N'Djamena.
On ne bénéficie de ces informations partielles que grâce à l'enquête pénale déclenchée par les vétérans victimes eux-aussi de ces essais nucléaires.
La déclassification de certains documents est donc un premier pas vers la vérité à laquelle toutes les populations affectées ont droit mais on sent bien qu'il reste énormément de zones d'ombres. N'oublions pas que ces campagnes d'essais se sont déroulées jusqu'en 1966.
Il est par ailleurs frappant de voir à quel point les populations civiles de pays détenteurs de l'arme atomique ne se sont que peu préoccupé de l'impact des explosions sur l'environnement des autres populations ignorantes, innocentes et impuissantes car il y a quand même un argument très simple qui ne devait échapper à personne à l'époque : si ces essais étaient si inoffensifs, pourquoi ne faisions-nous pas sauter nos "petits pétards atomiques" chez nous ? Je sais que pour certains d'entre eux l'Algérie de l'époque c'était "chez nous" mais ne soyons pas hypocrite : l'Algérie était un territoire colonisé.
Bien évidemment les responsables politiques ont occulté les dangers et menti aux populations civiles occidentales mais celles-ci ont été bien ingénues et ont donc majoritairement accepté et trouvé le plus normal du monde qu'on aille faire des essais hors de leurs pays. Que nous le voulions ou pas, nous nous sommes comportés comme de parfaits colonialistes qui n' hésitaient pas à "saloper" l'environnement des autres pour ne pas toucher le leur... On avait une bonne excuse : grâce à nos bombes on allait protéger et offrir un parapluie nucléaire à nos amis voisins....
L'histoire de la bombe atomique est édifiante à plus d' un titre : elle illustre parfaitement le manque absolu de transparence, de démocratie, de vérité... La fin justifiait les moyens.
Je vous laisse avec un magnifique documentaire qu' on devrait montrer dans tous les lycées et collèges de la République : ATOMIC CAFÉ... même si dans ce documentaire ce sont les russes et les américains qui en prennent pour leur grade les français, malheureusement, ne furent pas en reste.
http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/l-afrique-subsaharienne-l-espagne-148097