OKO NGAKALA pète les plombs Par Benjamin BILOMBOT BITADYS
Au Congo-Brazzaville, l’institution de la justice traverse des heures sombres. La justice est malmenée. La politique et le droit ne font pas bon ménage. Lorsque la politique entre dans un palais de justice, le
droit saute par la fenêtre, dit une maxime populaire. Et, Soni Labou Tansi de surenchérir : « Lorsque la justice échappe des mains de ceux qui la contrôle, elle devient une véritable machine à tuer. »
André Oko Ngakala, ci-devant procureur de la république, est le deus ex machina de cette dérive judiciaire téléguidée par Denis Sassou-Nguesso et savamment aiguillonnée par Aimé Emmanuel Yoka.
Dans le Livre des Juges (1, 7) Adoni-Bézeq, roi cruel, amputait les membres de ses ennemis. Ses adversaires mirent la main sur lui. Voici ce qu’il dit : Il y avait soixante-dix rois, avec les pouces des mains et des pieds coupés, qui ramassaient de la nourriture sous ma table. Comme
j’ai fait, ainsi Dieu m’a rendu.
Il est des périodes d’ouverture et d’autres de fermeture. En matière de droit, le Congo-Brazzaville vit une forme particulièrement sévère de ce second type depuis le 5 juin 1997, date du retour aux affaires à la faveur d’un putsch de Denis Sassou Nguesso, l’ex marxiste primitif qui défilait en uniforme foulard rouge au cou. Personne ne sait où s’arrêtera cette dérive. Toutefois, à l’approche de 2016, année de
l’échéance présidentielle, chacun perçoit clairement les signes de son approfondissement. Embastillement des avocats, fermeture des journaux critiques à l’égard du pouvoir, attaque contre les libertés syndicales, intimidation d’hommes politiques de l’opposition, arrestation musclée d’anciens alliés, emprisonnement d’adversaires, mise à résidence surveillée de personnalités politique, fermeture de l’espace politique chaque jour davantage privatisé entre les mains de politiciens qui n’hésitent plus à passer outre la volonté populaire, fermeture théorique et intellectuelle aussi qui conduit à occulter certaines interrogations sur la nature de la démocratie et le caractère non démocratique des institutions Du Congo-Brazzaville. … N’en jetez plus. Oko Ngakala ne veut plus « manger d’avocats »
Le colonel André Oko Ngakala doté d’un zèle on ne peut plus insupportable est sorti de sa réserve ce samedi 15 février 2014 à la suite du décès du maréchal des logis-chef Eric Souami. S’adressant à un groupe de journalistes dans son cabinet au palais de justice de Brazzaville, en présence du régisseur de la maison d’arrêt, André Oko Ngakala, la bave aux lèvres, a dénoncé le comportement des avocats de Marcel Ntsourou et Eric Souami garde de corps de maître Jean Martin Bemba. Selon la conception des droits de la défense du colonel Oko Ngakala, Hervé Ambroise Malonga, Dieudonné Nkounkou, Nganga Maboueya font de « l’amalgame, cherchent à embraser le pays en amenant les questions de droit commun dans la rue et sur les médias ». André Oko Ngakala a vociféré : « Le désordre est fini. Je ne veux plus du désordre. Je veux engager des poursuites contre ces avocats qui cherchent à enflammer le Congo » » a menacé le militaire procureur rappelant qu’il est le garant des libertés de tous les Congolais. Avant Oko, un autre procureur, Jacques Okoko, devenu lui-même avocat, jura ne
plus manger de fruit d’avocatier (entendez, abolir les droits de la défense) tant il ne tolérait pas le débat contradictoire.
Les droits de la défense sont de plus en plus bafoués par les magistrats du parquet et les officiers de police judiciaire. Denis Sassou Nguesso, Aimé Emmanuel Yoka et André Oko Ngakala pousseront-ils le culot jusqu’àl’interdiction du barreau au Congo-Brazzaville ? On en n’est pas loin. A moins qu’il n’arrive à Ngakala et au vieux monarque le sort d’Adoni-Bézeq dans L’Ancien Testament : la loi du Talion.
Benjamin BILOMBOT BITADYS