/image%2F0780719%2F20140316%2Fob_a86c85_congo-holocaust.jpg)
Six millions de morts à l’Est : 134 ONG exigent réparation auprès de la CPI Le Potentiel
Les six millions de morts en registrés dans la partie Est ne devaient pas rester impunis. Depuis l’AFDL en 1996 jusqu’au plus récent le M23, les coupables de graves atrocités commises dans cette partie de la RDC doivent répondre de leurs actes devant les juridictions internationales.
Profitant de la visite de la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI) en RDC, 134 organisations de la Société civile et des droits humains de la RDC et de l’étranger ont appelé, le jeudi 13 mars 2014, la CPI à poursuivre les auteurs de crimes graves commis dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Ce qui suppose, commente-t-on dans les milieux spécialisés, qu’il faut remonter la chaine depuis la guerre de libération menée par l’AFDL en 1996 jusqu’à la plus récente rébellion du M23.
Au cours d’un échange entre les deux parties au Fleuve Congo Hôtel, à Kinshasa, ces ONG ont remis un mémorandum à la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda. Pour Me Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice, des hauts responsables militaires et politiques congolais sont impliqués dans la manipulation des groupes armés et violations des droits humains.
« Nous avons insisté, dans notre mémo, pour que l’action de la cour en RDC puisse se poursuivre et qu’elle se focalise aussi sur ce qui se passe actuellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu », a-t-il expliqué.
Les organisations signataires de ce mémo ont, entre autres, recommandé instamment à la procureure de la CPI : « de continuer les enquêtes en RD Congo et de mettre en accusation rapidement ceux qui portent la plus grande responsabilité pour les crimes commis à l’encontre des populations civiles; plus particulièrement, d’enquêter à l’encontre des hauts responsables militaires et politiques qui manipulent de loin les groupes armés nombreux sur le territoire dé la RD Congo et responsables de graves violations des droits humains en leur fournissant des armes, des financements, des recrues et des entraînements, en ce compris des officiels congolais, rwandais, et ougandais; de continuer les efforts pour enquêter sur et poursuivre les crimes de viols, esclavage sexuel et autres violences sexuelles qui sont un fléau dans les guerres qui ravagent la RD Congo ; etc. ».
Les ONG ont aussi demandé à la procureure de la CPI d’user de son influence auprès des autorités congolaises, durant son séjour à Kinshasa, pour la mise en place des chambres judiciaires spécialisées mixtes.
La création de ces structures, qui seraient chargées de juger les graves crimes commis en RDC, permettraient de lutter contre l’impunité dans le pays.
Me Kapiamba a en outre rapporté que la procureure de la CPI leur a assuré avoir insisté, dans ses échanges avec les autorités congolaises, pour que la collaboration se concrétise aussi dans le domaine d’appui technique.
« Elle a indiqué la disposition de son bureau à intervenir, notamment auprès des bailleurs de fonds pour que ceux-ci puissent soutenir le travail que les ONG et les autorités congolaises font aujourd’hui afin de renforcer le système judiciaire congolais qui doit être apte à lutter efficacement contre l’impunité », a expliqué Me Kapiamba.
Tout en se montrant réceptive à la requête de ces ONG, la procureure de la CPI a tout de même rappelé que l’institution qu’elle dirige ne peut pas s’occuper de toutes les affaires judiciaires de la RDC.