Des sénateurs français veulent la peau d’Idriss Déby Par Jacques Marie Bourget Mondafrique
Finalement le général De Gaulle avait bien tort quand il a tenté de supprimer le Sénat. Voilà que, 45 ans plus tard, la Haute assemblée sert à quelque chose : les sénateurs Jean-Pierre Sueur et Gaëtan Gorce, refusant de lâcher le morceau, s’entêtent dans la recherche d’une vérité. Cette dernière concerne la « disparition », en février 2008 à N'Djamena, d’Ibni Oumar Mahamat Saleh l’opposant numéro 1 au président tchadien (à vie ?) Idriss Deby.
Sauver le soldat Déby
Dans leur combat les deux sénateurs n’usent pas de la langue de bois, et mettent en avant "la mauvaise volonté affichée du gouvernement tchadien" de faire la lumière sur cette disparition. Le 7 mars, les sénateurs en colère on déposé une « proposition de résolution ». Un manifeste signé par 70 collègues qui demandent la création d’une Commission d'enquête. Son objet est cruel, puisque les élus mettent directement en cause l’action de l’Etat français dans le sauvetage politique de Déby, alors en but à une rébellion. En braquant les projecteurs selon un "angle nouveau", celui de l’implication de la France dans la disparition du leader politique patron du Parti pour les Libertés et le Développement, Jean-Pierre Sueur et Gaëtan Gorce cherchent à déterminer une éventuelle complicité des forces françaises, ou des représentants de la France. Selon leur texte : "Plusieurs observateurs ont prétendu que la France aurait prêté son concours, au moins logistique, à la répression de la rébellion. Et un témoin a affirmé avoir pu constater la présence d'un officiel français dans les locaux où aurait été détenu Ibni Oumar Mahamat Saleh". La collaboration de "conseillers militaires français" auprès d'Idriss Deby durant ces journées a également été" évoquée".
Feu la patrie des droits de l'homme
Sous la domination d’une majorité Socialiste, cette résolution qui doit être prochaine soumise au vote, n’a aucune chance d’être adoptée au Sénat. Au travers de ses guerres africaines, François Hollande n’est-il pas tombé amoureux d’un Idriss Déby qu’il considère comme un allié en or pour anéantir les jihadistes du Nord Mali? La famille d’Ibni Oumar Mahamat Saleh doit cesser de croire en un slogan « La France patrie des droits de l’homme ».