En partenariat avec la France, les Etats-Unis déploient plus de troupes en Afrique. Kony est devenu le nouveau Ben Laden africain permettant de justifier le renforcement des troupes US de l'Africom. U.S. Deploys More Special Forces in Search of Kony, Africa’s Stand-in for Osama bin Laden Par Glen Ford Black Agenda Report Traduction SLT
Ces dernières années tout particulièrement, les États-Unis ont agit souvent de concert avec la France, dont l'idéologie nationale est fondée sur la suprématie blanche - peu importe si ce sont des socialistes ou bien des conservateurs qui sont au gouvernement français - ces dirigeants n'ont jamais accepté le principe de la décolonisation. Les Touaregs et, plus tard, la rébellion djihadiste au Mali, ainsi que la déstabilisation de la République centrafricaine - Mali et Centrafrique étant deux néocolonies françaises - ont permis à la France et à l'AFRICOM d'être en étroit contact opérationnel ; les États-Unis fournissant logistique et pont aérien aux forces françaises en Afrique.
En partenariat avec la France, les Etats-Unis déploient plus de troupes en Afrique. Kony est devenu le nouveau Ben Laden africain permettant de justifier le renforcement des troupes US de l'Africom. Par Glen Ford, BAR
"Des millions de personnes sont menacées par la présence même d'un commandement militaire dont la raison d'être est de générer instabilité et guerre."
L'occupation militaire de l'Afrique par les États-Unis s'accélère de jour en jour. Saisissant chaque crise réelle provoquée comme une opportunité, Washington a créé une infrastructure continentale qui a déjà réduit la plupart des armées des pays africains à des serviteurs de la politique étrangère des États-Unis, dépendantes du Pentagone. Les forces armées étatsuniennes opèrent dans toute l'Afrique et exercent un contrôle efficace sur les armées de la quasi-totalité des États du continent.
Selon une étude réalisée par Nick Turse, AFRICOM, le commandement militaire étatsunien pour l'Afrique, a effectué l'an dernier des «missions» dans tous les pays du continent à l'exception du Sahara occidental, de la Guinée-Bissau, de l'Erythrée, du Soudan, du Zimbabwe, de Madagascar et de la Somalie. La Somalie n'entre pas en 2013 dans le calendrier de la mission de l'AFRICOM parce que le pays est nominalement sous les auspices de l'Union africaine et de ses "forces de maintien de la paix". Cependant, les États-Unis et l'Europe paient pour chaque soldat africain et la logistique militaire engagés dans l'occupation de la Somalie, alors que l'opération globale est gérée par la CIA. (l'Egypte est considérée comme faisant partie du Moyen-Orient, pour les objectifs militaires des États-Unis.)
Ces dernières années tout particulièrement, les États-Unis ont agit souvent de concert avec la France, dont l'idéologie nationale est fondée sur la suprématie blanche - peu importe si ce sont des socialistes ou bien des conservateurs qui sont au gouvernement français - ces dirigeants n'ont jamais accepté le principe de la décolonisation. Les Touaregs et, plus tard, la rébellion djihadiste au Mali, ainsi que la déstabilisation de la République centrafricaine - Mali et Centrafrique étant deux néocolonies françaises - ont permis à la France et à l'AFRICOM d'être en étroit contact opérationnel ; les États-Unis fournissant logistique et pont aérien aux forces françaises en Afrique.
"Les Etats-Unis et l'Europe payent pour chaque soldat africain engagé dans l'occupation de la Somalie, alors que l'opération globale est gérée par la CIA".
L'AFRICOM est née durant la dernière année de présidence de George W. Bush fils, il s'agit bel et bien d'une créature de l'administration Obama. Elle a maquillé son action auprès du public derrière la doctrine fausse de l'intervention militaire humanitaire et de sa responsabilité de protéger (R2P : Right To Protect). L'AFRICOM a usurpé beaucoup des prérogatives du Département d'État des États-Unis dans son rôle de distribution de l'aide alimentaire sur le continent, et a fournit des soins médicaux à des centaines de milliers de familles de militaires africains, cimentant ainsi une lien fort entre le Pentagone et pratiquement toutes les armées du continent - dont aucunes ne peuvent se déplacer efficacement au travers du continent sans l'appui logistique des États-Unis du fait de l'absence d'infrastructures suffisantes en Afrique. L'Union africaine cherche une légitimité au travers de missions "de paix" qu'elle est tout à fait incapable de réaliser sans le financement, l'équipement, la formation émanant de l'AFRICOM ou des services secrets des États-Unis.
Le président Obama a orchestré une campagne hystérique autour de Joseph Kony en 2011 afin d'envoyer au moins une centaine de soldats étatsuniens des forces spéciales en République démocratique du Congo, en Ouganda et en République centrafricaine ainsi que dans le nouvel Etat du Soudan du Sud. Kony est entré en clandestinité pendant des années, il est sans doute mort, son Armée de résistance du Seigneur a été décimée et ne constitue à présent plus aucun danger pour l'Ouganda, qui se sent suffisamment sécure pour envoyer à présent, à la demande des États-Unis, des milliers de ses soldats (bien payés) dans des missions de "maintien de la paix" au travers le continent. Les Bérets verts n'ont pas encore trouvé le monstre Kony qui reste insaisissable - bien qu'ils ont été en fait plus occupés avec la guerre civile au Sud-Soudan entre généraux alliés des Etats-Unis.
"L'AFRICOM a conditionné le public autour de la doctrine fausse de l'intervention militaire humanitaire".
L'impossibilité de trouver Kony a permis le mois dernier à l'administration d'Obama de justifier l'envoi d'appareils de transport hybride étatsunien Osprey en Ouganda, avec 150 soldats d'opérations spéciales de la Force aérienne US pour les faire fonctionner et les garder. Peu importe la manière dont le Pentagone nomme ses missions, ce déploiement constitue une base d'opérations spéciales US en Ouganda qui est sans doute précurseur d'autres bases à venir dans toute la région. (La doctrine militaire des États-Unis exige une mobilité aérienne entre ses bases). L'Ouganda a déclaré que le déploiement Osprey était temporaire. Cependant, il semble que Joseph Kony ait de belles années devant lui comme le Ben Laden de l'Afrique, sa recherche sera le prétexte au déploiement d'un nombre important de soldats, de machines, d'armes et d'argent. Tout cela, bien sûr, pour sauver, au cours d'une prétendue intervention militaire humanitaire, les petits enfants des actions maléfiques du croquemitaine de l'Afrique centrale.
Les forces spéciales US et les Ospreys déployés sont une petite partie des forces utilisées sur le théâtre de la guerre continentale menée par l'AFRICOM. La plus grande unité militaire des États-Unis sur le continent africain, à savoir la 2ème brigade de combat de la 1ère division d'infanterie, a "effectué 128 'activités' distinctes dans 28 pays africains" en 2013, selon Nick Turse. Ces pays comprennent le Niger, l'Ouganda, le Ghana, le Malawi, le Burundi, la Mauritanie, le Niger, l'Afrique du Sud, la République démocratique du Congo, le Kenya, le Tchad, le Togo, le Cameroun, Sao Tomé-et-Principe, la Sierra Leone, la Guinée, le Lesotho, l'Ethiopie, la Tanzanie, le Soudan du Sud et le Cameroun. Durant les exercices militaires précédents, jusqu'à 36 pays africains ont participé. Ils étaient tous équipés avec des équipements de communication contrôlés et commandés par les Etats-Unis (nécessitant une maintenance et des formateurs étatsuniens).
"Obama a utilisé l'impossibilité de trouver Kony pour justifier l'envoi d'une unité d'avions de transport Osprey ainsi que de troupes en Ouganda, y compris 150 soldats des forces spéciales aériennes."
Dans la mesure où l'AFRICOM maintient les armées du continent dans une dépendance envers le Pentagone, la souveraineté de l'Afrique devient une très mauvaise blague. Des millions de personnes sont menacées par la présence même d'un commandement militaire US dont la raison d'être est de générer l'instabilité et la guerre - et qui doit créer les conditions pour assurer sa pérennité sur le continent. Six millions de personnes sont déjà mortes en République démocratique du Congo, dans les régions orientales du Congo qui ont été militairement saisies par les partenaires les plus fiables de l'AFRICOM, à savoir le Rwanda et l'Ouganda. Plus d'un million de personnes sont mortes en Somalie, et qui sait combien de personnes sont décédées dans la région de l'Ogaden de l'Ethiopie peuplée par de nombreux Somaliens. Depuis l'invasion éthiopienne soutenue par les forces armées étatsuniennes, la Corne de l'Afrique est devenue un bastion de l'AFRICOM et de ses mandataires. Les forces de l'AFRICOM sont particulièrement fières de leur rôle dans le changement de régime libyen en 2011, une catastrophe qui a déstabilisé non seulement la Libye, mais l'ensemble de la sous-région au sud - justifiant le renouvellement de l'intervention française et le renforcement de l'alliance franco-étatsunienne comme "co-protecteurs" humanitaires de l'Afrique.
En tant qu'éditeurs de Black Agenda Report (BAR), Ajamu Baraka et Margaret Kimberley soulignent tous les deux dans ce numéro, que l'impérialisme en déclin fabrique une cascade violente de confrontation et de guerres de par le monde dans une tentative de verrouiler militairement l'écroulement du système. La mission de l'AFRICOM est de verrouiller le continent africain et de l'enserrer dans une cage en acier afin de le maintenir prisonnier de l'orbite impériale, et de patrouiller dans cette prison continentale avec des armées africaines supplétives. Le scénario est bien avancé et évident pour tous ceux dont la vision n'est pas déformée par l'idéologie suprémaciste blanche - une déformation qui n'est pas limitée aux personnes d'origine européenne.
Traduction SLT