Génocide rwandais: des ONG demandent la mise en examen de l'ex-gendarme français Paul Barril AFP
PARIS, 2 avril 2014 (AFP) - Plusieurs ONG ont demandé à un juge parisien la mise en examen de l'ex-officier français de gendarmerie Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda, a-t-on appris mercredi.
Le juge, chargé depuis juin 2013 de leur plainte pour des faits présumés de "complicité de crimes contre l'humanité", enquête sur un contrat d'assistance militaire conclu par l'ex-officier de gendarmerie avec le gouvernement intérimaire rwandais (GIR) pendant les tueries de 1994, alors qu'un embargo international avait été imposé par l'ONU.
Survie, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH), les trois ONG plaignantes, ont adressé le 28 février au juge du pôle "crimes contre l'humanité" de Paris une demande d'acte.
"Les trois associations ont estimé qu'il existait aujourd'hui des indices graves ou concordants de la participation de Paul Barril à ces faits et donc en conséquence, ont demandé au juge d'instruction de permettre à M. Barril de se défendre, c'est à dire qu'il soit mis en examen à raison de sa complicité de génocide", a déclaré mercredi un des avocats de Survie, Me Eric Plouvier, lors d'une conférence de presse de cette association.
La demande d'acte s'appuie notamment sur une enquête de l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur, qui avait accusé en février M. Barril d'avoir "apporté un concours actif aux extrémistes hutus responsables de l'assassinat de 800.000 Tutsi".
Les associations demandent les auditions de plusieurs Rwandais susceptibles d'expliquer les raisons de la présence au Rwanda de M. Barril en 1994, ainsi que de plusieurs personnes qui l'y auraient accompagné, et que Le Nouvel Observateur présentait comme des "barbouzes".
Le contrat d'assistance militaire, d'une valeur de 3,13 millions de dollars, avait été signé le 28 mai 1994 entre M. Barril et l'ancien Premier ministre du GIR, Jean Kambanda, qui sera quelques années plus tard condamné pour sa participation au génocide à la réclusion criminelle à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Ce contrat portait notamment sur la livraison de quantités très importantes de munitions, obus, mortiers et de grenades, selon la plainte des ONG que l'AFP a pu consulter.
Selon les plaignants, il ne sera que partiellement exécuté, du fait du déclenchement de l'opération militaire française Turquoise, mais M. Barril sera payé à hauteur de 1,2 million de dollars.
Ancien numéro 2 du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) dont il avait participé à la création en 1974, Paul Barril s'est dans les années 1980 reconverti dans la sécurité privée.