par Luc Michel
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Nous ne voulons pas obéir à Kiev parce que nous ne comprenons pas qui y est légitime »
- un Berkout de Donetsk.
Les membres de la Police anti-émeute (ancien Berkout) ont refusé de partir de Donetsk pour Slaviansk où les pro-fédéralisation (comme les médias russes les appellent maintenant) ont occupé le commissariat de police et le siège du conseil municipal. Les policiers ont déclaré qu'ils soutenaient les revendications des manifestants et qu'ils refusaient d'exécuter les ordres de leur commandement.
« Nous n'allons pas disperser les habitants pacifiques parce que nous ne voulons pas être traités comme à Maïdan », a déclaré un policier devant les manifestants. La foule a ovationné et a scandé « Berkout ! Russie! ». « Nous ne voulons pas obéir à Kiev parce que nous ne comprenons pas qui y est légitime », a ajouté un autre membre des forces anti-émeutes.
HIER DEJA LE ‘GROUPE ALPHA’ ANTI-TERRORISTE A REFUSE DE PRENDRE D'ASSAUT LES BATIMENTS ADMINISTRATIFS A DONETSK ET LOUGANSK
Les dirigeants des forces spéciales ukrainiennes Alpha ont refusé d’effectuer la prise d’assaut des bâtiments administratifs à Donetsk et Lougansk sur les ordres de Kiev. « Nous allons travailler exclusivement dans le cadre légal. Nos divisions ont été créés pour la libération des otages et la lutte contre le terrorisme », précise l’un des dirigeants du groupe cité par les médias locaux.
Précédemment, un haut fonctionnaire du gouvernement de Kiev a menacé d’effectuer l’assaut des bâtiments administratifs à Donetsk et Lougansk si les partisans de la fédéralisation de l’Ukraine ne quittent pas ces bâtiments. Une menace de « tirer pour tuer » lors de l’assaut étaient également formulées.
AU FUR ET A MESURE QUE LA JUNTE DE KIEV ENTEND REPRIMER ELLE PERD LE CONTROLE DE SES FORCES
Car contrairement aux médiamensonges des médias de l’OTAN, la Junte putschiste de Kiev n’a nullement adopté une « attitude concilliante » ou « apaisante ». Elle entend réprimer durement. Et utiliser les lois anti-terroristes contre des citoyens désarmés.
Pour l’instant, Kiev joue la grande comédie du pouvoir installé. Et désinforme avec la complicité des médias de l’OTAN. Ainsi le pseudo ‘ministre de l'Intérieur par intérim’ putschiste Arsen Avakov a déclaré mardi lors de la réunion du cabinet des ministres à Kiev que « la crise politique dans la partie orientale du pays serait réglée sous 48 heures » (sic). Avakov a précisé sans rire « que la situation serait régularisée par le biais des négociations ou par la force ». « A tout moment nous pouvons faire tout ce que nous avons prévu », a indiqué le ministre par intérim.
Mais Kiev perd de plus en plus le contrôle de ses forces de police. Comme à Donetsk ou la « Milice du Donbass » (pro-russe) patrouille les rues de la ville dans des patrouilles mixtes avec la police.
Parlant de Slaviansk, Kiev entendait aussi réprimer. « Des hommes armés en tenue camouflage ont pris le commissariat de Slaviansk. La réaction sera très forte », a écrit M. Avakov, sans plus de précisions sur le nombre d'assaillants. « C'est la différence entre des protestataires et des terroristes », poursuit-il. Les hommes armés sont en fait des militants sans armes de la Milice du Donbass. Slaviansk est une ville de quelque 100.000 habitants située dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie. Mais la « réaction forte » a vu les Berkout de Donetsk passer à l’insurrection.
L’EPURATION OU LA METHODE SUICIDAIRE DE LA JUNTE DE KIEV POUR REPRENDRE PIED
Les putschistes de Kiev en pleine panique, et qui savent que la thérapie de choc du FMI va jeter les ukrainiens dans la rue, entend donc épurer. Méthode typiquement fasciste. Et qui sera suicidaire, en accélérant la désagrégation des structures étatiques restantes et la criminalisation des milices putschistes.
Sur fond des protestations ayant gagné l'est du pays, le pseudo ‘président d'Ukraine par intérim’ putschiste, nommé contre la Constitution, Alexandre Tourtchinov, a signé un « décret sur la destitution du chef du Service de sécurité dans la région de Donetsk » Valeri Ivanov. Le décret a été publié ce samedi sur le site officiel du président ukrainien par intérim.
Parallèlement, la Junte de Kiev entend organiser une vaste épuration sous couvert de « lustration ».
Un « comité de lustration », qui s’appelle « Nikoli znovou » (« jamais à nouveau ») a été créé à Kiev. Il a pour objectif de lutter contre « les ennemis du peuple ». La nouvelle structure procède déjà à la composition des listes des fonctionnaires et des membres des forces de l’ordre qui ne reconnaissent pas le pouvoir actuellement en place, ou qui ont participé d’une manière ou d’une autre aux affrontements contre les activistes du Maidan. Les membres du comité ont commencé à créer des listes des « ennemis du peuple ». Ces listes regroupent les noms des personnes qui sont opposées au nouveau pouvoir. Les activistes de cette structure appellent depuis leur site Internet les citoyens à rejoindre la structure pour les aider à élargir la liste des suspects. Chacun peut ajouter un nom d’une personne, qui, selon lui est opposée aux événements qui se sont produits sur le Maidan, explique Vladimir Chtol, docteur en sciences politiques. « Peu importe le nom, derrière lequel ils se cachent, les comités de lustration sont incontrôlables », explique-t-il. « Prenons l’exemple des organisations de rebelles qui se transforment carrément en forces armées d’Etat, équipées d’armes de pointe qu’ils utilisent pour violer les droits de l’Homme. Pour l’Ukraine, les conséquences risquent d’être imprévisibles. Ces comités de lustration ne feront qu’intensifier la stratification sociale et contribueront à la criminalisation de la société ukrainienne. » En tout une soixantaine de citoyens ukrainiens font partie de cette liste à l’heure actuelle. Parmi eux, les responsables des forces de l’ordre, des juges, des procureurs et des avocats. Le site de la structure « Nikoli znovou » répertorie toutes leurs données personnelles: leurs noms, prénoms, photos d’identité, lieu de travail et numéros de téléphone. Les représentants du comité de lustration les accusent de véritables « crimes ». « Etre un protégé du parti des Régions », « se prononcer en faveur de la hausse des tarifs des transports en commun » ou encore « diffuser l’information fausse sur les activistes du Maidan » - tout cela fait partie des crimes, explique Alexeï Martynov, directeur de l’Institut international des nouveaux Etats.
RESTE LES MILICES NEONAZIES ET LES CHIENS DE GUERRE OCCIDENTAUX
Police et forces spéciales n’étant plus sous contrôle, reste les milices néofascistes de la Junte – Svoboda et Praviy Sektor – et les mercenaires occidentaux recrutés par Kiev (sur le modèle irakien de 2003).
Trois unités militaires (en fait militarisées, Kiev entendant faire croire à un soutien de l’Armée) ont été transférées dans les régions de Donetsk et de Lougansk pour réprimer les soulèvements populaires, a communiqué une source dans les organes sécuritaires ukrainiens. Selon la source, une unité représente le « ministère de l'Intérieur ». La deuxième « est une unité de la garde nationale composée de combattants bien entraînés de Praviy Sektor ». « La troisième unité est composée de mercenaires Blackwater portant l'uniforme de la police anti-émeute Sokol. Leur tâche consiste à en venir à bout de la protestation rapidement et durement », a précisé la source.
Moscou, par la voix du ministre Lavrov a confirmé ces informations. Et mis en garde Kiev contre tout bain de sang …
Ces derniers jours, et contrairement aux fausses informations des médias de l’OTAN évoquant un « isolement » (sic) des autonomistes insurgés, des partisans de la fédéralisation organisent des meetings à Donetsk, Kharkov et Lougansk. Leurs participants réclament l'organisation d'un référendum sur le statut de leur région. A Donetsk et à Lougansk les manifestants ont occupé des bâtiments administratifs. Voici maintenant Slaviansk. Et la création d’une « Armée populaire », sur le modèle des Forces d’auto-défense de Crimée début mars, est à l’ordre du jour …
Luc MICHEL