Centrafrique : vers l’instauration de l’anarchie Par Achille Mbog Pibasso Les Afriques
Selon la Commission internationale d’enquête des droits de l’Homme, la Centrafrique court un énorme risque de désintégration en tant qu’État. Le désordre et la violence ont atteint le paroxysme, où prédomine la loi du plus fort. Un État de non-droit, un non-État en somme. La situation humanitaire, sociale et politique est catastrophique en République centrafricaine, avec une désacralisation avancée des institutions et la tendance vers l’instauration de l’anarchie. Chaque jour qui passe vient avec son lot de faits macabres, mettant à mal le pouvoir de transition dirigé par dame Catherine Samba-Panza qui vient de passer ses cent premiers jours à la tête du pays. Selon le président de la Commission internationale d’enquête des droits de l’homme, le Camerounais Bernard Muna, ancien procureur général adjoint du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), «on tend vers l’anarchie». Une peinture de la situation qui est matérialisée par des exactions des populations civiles, des attaques répétées contre les institutions incarnant le pouvoir d’un État, sans oublier des attaques contre les organisations humanitaires, les églises et les mosquées, des lieux saints qui auraient pu constituer le refuge pour une population en détresse. Bilan, des dizaines de morts en quelques jours, des centaines de déplacés et des milliers de réfugiés.
D’après la Commission internationale d’enquête des droits de l’homme, les Centrafricains vivent dans une jungle, avec la multiplication des bandes armées qui échappent au contrôle aussi bien de l’ex-rébellion de la Séléka que des milices anti-Balaka. «Vous vous imaginez bien que dans un pays où l’ordre public n’est pas respecté, on tend vers l’anarchie. Surtout à l’intérieur du pays, c’est la loi du plus fort qui règne», a-t-il déploré. Si la situation à Bangui, la capitale, s’est relativement améliorée depuis le déploiement en décembre dernier des forces françaises Sangaris et de la Mission de paix des pays de l’Afrique centrale sous l’égide de l’Union africaine (Misca) a quelque peu ramené le calme, tel n’est pas le reste du pays où «des seigneurs de guerre» font la loi, «chacun est chef dans son espace».
Pour la Commission d’enquête des droits de l’homme, «les institutions qui incarnent un pays sont inexistantes : l’armée, la police, la gendarmerie, les cours et tribunaux, les prisons l’administration. Nous avons sillonné l’intérieur du pays, il n’y a aucune trace de force de maintien de l’ordre». La fonction publique qui accumule plus de six mois d’arriérés de salaires n’a que de non, car en plus que les agents de l’État n’ont pas d’argent pour se rendre au travail, ceux qui y vont nourrissent la suspicion entre eux. Un État de non-droit où des «gens sont tués de façon atroce», les auteurs de ces actes qui se recrutent dans tous les camps se croyant à l’abri de toute sanction.
Dans ces conditions, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de déployer 12 000 Casques bleus en Centrafrique en septembre prochain est salutaire, un déploiement qui pourrait éviter la dislocation de la Centrafrique et entrevoir la reconstruction du pays et la restauration de l’autorité de l’État. En attendant, le moins que l’on puisse dire est que les Centrafricains ont nettement le sentiment de vivre dans un État de non-droit, un non-État.
Achille Mbog Pibasso
Selon la Commission internationale d’enquête des droits de l’Homme, la Centrafrique court un énorme risque de désintégration en tant qu’État. Le désordre et la violence ont atteint le paroxysme, où prédomine la loi du plus fort. Un État de non-droit, un non-État en somme. La situation humanitaire, sociale et politique est catastrophique en République centrafricaine, avec une désacralisation avancée des institutions et la tendance vers l’instauration de l’anarchie. Chaque jour qui passe vient avec son lot de faits macabres, mettant à mal le pouvoir de transition dirigé par dame Catherine Samba-Panza qui vient de passer ses cent premiers jours à la tête du pays. Selon le président de la Commission internationale d’enquête des droits de l’homme, le Camerounais Bernard Muna, ancien procureur général adjoint du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), «on tend vers l’anarchie». Une peinture de la situation qui est matérialisée par des exactions des populations civiles, des attaques répétées contre les institutions incarnant le pouvoir d’un État, sans oublier des attaques contre les organisations humanitaires, les églises et les mosquées, des lieux saints qui auraient pu constituer le refuge pour une population en détresse. Bilan, des dizaines de morts en quelques jours, des centaines de déplacés et des milliers de réfugiés.
D’après la Commission internationale d’enquête des droits de l’homme, les Centrafricains vivent dans une jungle, avec la multiplication des bandes armées qui échappent au contrôle aussi bien de l’ex-rébellion de la Séléka que des milices anti-Balaka. «Vous vous imaginez bien que dans un pays où l’ordre public n’est pas respecté, on tend vers l’anarchie. Surtout à l’intérieur du pays, c’est la loi du plus fort qui règne», a-t-il déploré. Si la situation à Bangui, la capitale, s’est relativement améliorée depuis le déploiement en décembre dernier des forces françaises Sangaris et de la Mission de paix des pays de l’Afrique centrale sous l’égide de l’Union africaine (Misca) a quelque peu ramené le calme, tel n’est pas le reste du pays où «des seigneurs de guerre» font la loi, «chacun est chef dans son espace».
Pour la Commission d’enquête des droits de l’homme, «les institutions qui incarnent un pays sont inexistantes : l’armée, la police, la gendarmerie, les cours et tribunaux, les prisons l’administration. Nous avons sillonné l’intérieur du pays, il n’y a aucune trace de force de maintien de l’ordre». La fonction publique qui accumule plus de six mois d’arriérés de salaires n’a que de non, car en plus que les agents de l’État n’ont pas d’argent pour se rendre au travail, ceux qui y vont nourrissent la suspicion entre eux. Un État de non-droit où des «gens sont tués de façon atroce», les auteurs de ces actes qui se recrutent dans tous les camps se croyant à l’abri de toute sanction.
Dans ces conditions, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU de déployer 12 000 Casques bleus en Centrafrique en septembre prochain est salutaire, un déploiement qui pourrait éviter la dislocation de la Centrafrique et entrevoir la reconstruction du pays et la restauration de l’autorité de l’État. En attendant, le moins que l’on puisse dire est que les Centrafricains ont nettement le sentiment de vivre dans un État de non-droit, un non-État.
Achille Mbog Pibasso