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Comment ne "pas ramener nos filles" (BAR)

par Margaret Kimberley 11 Mai 2014, 21:58 Nigeria USA BringBackOurGirls Boko Haram

Comment ne "pas ramener nos filles" (BAR)
Comment ne "pas ramener nos filles"
Par Margaret Kimberley
Black Agenda Report 

 

"La dernière chose dont le Nigeria ait besoin est d'une présence militaire étrangère pour soutenir son gouvernement corrompu."

 

Ramenez nos filles. Ce message simple résonne aux oreilles de millions de personnes à travers le monde. Ces mots ont d'abord été vus dans un désormais célèbre hashtag sur twitter à la suite de l'enlèvement de 280 adolescents d'une école de Chibok, au Nigeria le 14 avril 2014. Le groupe Boko Haram qui lutte contre le gouvernement de ce pays reconnaît avoir capturé ces filles.

Seules les personnes qui suivent de près l'actualité internationale étaient au courant de cette situation jusqu'à la semaine dernière. Il est vrai que beaucoup de gens sont préoccupés par la sécurité de ces filles. Malheureusement, les efforts visant à attirer l'attention sur cette horreur sont de peu d'utilité sans une compréhension plus profonde de la situation politique de l'Afrique.

Parce que les pays occidentaux continuent à interférer dans les affaires de l'Afrique et à placer des «hommes forts» dociles au pouvoir, presque tous les gouvernements de ce continent sont faibles. Présidents et premiers ministres n'existent que pour enrichir les élites et s'assurer que leurs ressources précieuses atteignent les pays capitalistes occidentaux. Il semble ridicule que le président nigérian Goodluck Jonathan ait d'abord nié que l'enlèvement ait eu lieu, puis ait hésité en affirmant que les filles avaient été récupérés ou que le nombre de capturées étaient plus faible que rapporté. Les Hashtags et les pétitions sont un pauvre substitut pour un gouvernement dont l'infrastructure est dédié à la production et à la livraison de pétrole à l'Occident, mais qui ne peut pas faire grand-chose pour ses propres citoyens.

"Les parents de membres présumés de Boko Haram ont été arrêtés par la police en 2011 et 2012 et le groupe a juré de se venger."

Il n'est pas étonnant que cette histoire soit nouvelle pour les Etatsuniens. Selon le rapport Tyndall, qui surveille les émissions quotidiennes des trois grands réseaux étatsuniens, il n'y a pas eu une seule information à la télévision sur Boko Haram en 2013. Cette absence d'information survient alors que le groupe a revendiqué la responsabilité de la mort de plus de 1500 personnes l'année dernière. Non seulement, le cas Chibok n'est pas le premier cas d'enlèvement de filles, mais les garçons sont encore plus mal traités dans ces attaques. Boko Haram a tué 29 étudiants de sexe masculin dans un pensionnat en février 2014. Les Etatsuniens vont se demander pourquoi ces jeunes filles ont été prises et pourquoi elles ne peuvent pas être retrouvées sans qu'il ne puisse y avoir de réponses à leurs questions. Colère et tristesse se perdent dans le vide et sont donc inutiles pour arriver à résoudre cette situation.

Parce que les Etatsuniens sont si mal informés sur ce qui se passe dans le reste du monde, et si étrangement épris de leur propre gouvernement et de ses intentions, qu'ils acceptent automatiquement la pire des solutions, une intervention militaire étrangère. Le président Obama a dit qu'il allait aider l'armée nigériane. Cette solution peut plaire aux gens qui sont naturellement préoccupés par le sort de ces jeunes femmes, mais cela n'est pas pour autant très utile.

La dernière chose dont le Nigeria ait besoin est d'une présence militaire étrangère pour soutenir son gouvernement corrompu. Le Nigeria est un des piliers de l'AFRICOM, qui met les forces armées africaines sous le commandement direct des États-Unis. AFRICOM est en place pour protéger le pipeline et les ressources pétrolières et entraver les efforts des autres nations à fournir les ressources dont les Africains ont réellement besoin. La présence de l'AFRICOM n'a certainement pas aidé les victimes de Boko Haram jusqu'ici.

Les reportages ne mentionnent jamais que les proches des membres présumés de Boko Haram ont été arrêtés par la police en 2011 et 2012 et que le groupe a juré de se venger. Le chef de Boko Haram Abubakar Shekau a déclaré dans une de ses nombreuses vidéos, " Puisque vous tenez nos femmes à présent, vous allez voir ce qui va arriver à vos femmes ... conformément à la loi de la charia." Les enlèvements des deux dernières années sont le résultat direct de la maltraitance par le gouvernement de ses habitants et de ses vains efforts pour lutter contre Boko Haram.

"Les Alliés étatsuniens comme Yoweri Museveni en Ouganda et Paul Kagame au Rwanda ont enlevé des enfants et les ont forcés à devenir soldats."

Cette simple histoire n'est pas si simple que cela, après tout. Les médias répètent sans cesse que Boko Haram signifie «l'éducation occidentale est interdite». Sauf que cela signifie plus probablement que les déceptions et les tromperies, tel que celles qui sont venues avec la colonisation par l'Occident et son système d'éducation, sont interdites. Si ce fait de base sur Boko Haram ne peut pas être rapporté correctement, alors les médias ne sont que de peu de secours pour les jeunes filles disparues ou pour les gens partout dans le monde qui se soucient pour elles.

Alors que les Etatsuniens se soucient des adolescentes enlevées, ils ne savent rien sur ces hommes forts d'Afrique soutenus par leur propre gouvernement qui font la même chose. Des alliés étatsuniens comme Yoweri Museveni en Ouganda et Paul Kagamé au Rwanda, ont enlevé des enfants et les ont forcés à devenir soldats. Les deux sont également responsables de la mort de six millions de Congolais. Les Etatsuniens doivent non seulement être mieux informés, mais ils doivent arrêter de penser que leur gouvernement et ses alliés sont bons et bienfaisants alors qu'ils sont tout le contraire.

Parfois, la réponse à la question: « Que pouvons-nous faire ?" est "rien". Il n'y a rien que le citoyen étatsunien moyen peut faire pour obtenir la libération de ces filles et ceux qui ont le pouvoir de faire quelque chose ne sont pas très intéressés par la guerre fratricide qui se déroulent au Nigeria. Leurs machinations a créé cette situation et bien d'autres tragédies dans le monde.

Il est difficile de ne pas avoir une forte réaction émotionnelle à une histoire aussi terrible, mais c'est le moment précis de d'approfondir et d'accéder à la complexité de la situation. C'est le moins que l'on peut faire pour aider à "ramener nos filles".
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