Le Blog de SLT a sans doute été l'un des premiers à signaler le double-jeu de François Hollande qui d'une main tape sur le terrorisme de Boko Haram et de l'autre soutient les monarchies du golfe qui les financent [1-2]. La semaine dernière le Canard Enchaîné dans son édition du 14 mai [3] confirmait de manière liminaire ce rôle trouble du gouvernement français. Cette fois-ci, le Canard apporte quelques éléments supplémentaires à la faveur d'une conférence de presse dont les questions des journalistes - une fois n'est pas coutûme - ont fortement embarrassé le monarque de la République.
Extraits de l'article du volatile à plumes (édition du 21 mai, page 3):
Hollande ménage toujours les financiers du djihad
Il accuse certaines "organisations humanitaires", mais sans citer leurs parrains du Qatar et d'Arabie Saoudite.
Le 17 mai, à la fin du sommet franco-africain consacré à Boko Haram et à l'enlèvement de quelques 200 collégiennes, le Président avait rendez-vous avec deux journalistes et les caméras de France 24 et de TV5 Monde. Un entretien durant lequel il a fourni des réponses alambiquées à d'excellentes questions.
Interrogé sur les "sources de financement de Boko Haram et d'autres groupes djihadistes", il est resté dans le vague. "Des organisations apparemment humanitaires et charitables aident ces groupes" a-t-il reconnu. Des organisations qui ont des financements (sic) et qui aident, en le sachant ou en ne le sachant pas (re-sic), des groupes qui ont des activités terroristes".
Les services français de renseignement, eux, sont plus francs du collier que le Président. La semaine dernière, "Le Canard" précisait que leurs rapports ont, il y a longtemps, "signalé que les salafistes de Boko Haram avaient reçu le soutien des monarchies pétrolières". Questionné par un journaliste de France 24 sur ce point précis, "qui ne devrait étonner personne", avait affirmé "Le Canard", François Hollande a répondu d'une petite voix : "Je n'ai pas ces informations." Il ne lit pas les rapports des services ?
François Hollande était visiblement à la peine. Il voulait éviter de citer, parmi "les sponsors du djihadisme international" (formule d'un vieux routier des services français), le moindre émirat ou l'une des monarchies pétrolières qui figurent au nombre des "amis" et clients de la France.
"J'ai décidé de voir cela sur le plan international, de regarder quels sont les transferts d'argent, les organisations apparemment humanitaires qui peuvent aider (...) des groupes terroristes, a-t-il ajouté, toujours dans le flou. Et j'ai
demandé que l'on fasse des vérifications".
Epidémie du virus islamiste ?
Quant à la suite - une légère concession du chef de l'Etat à la vérité -, il faut la déguster lentement : "J'ai d'ailleurs averti les pays du Golfe qui pouvaient un moment (sic), pour prodiguer leur générosité (re-sic), utliser ces organisations de le cesser. Et [les pays du Golfe] m'ont dit qu'ils le feraient".
A une question du "Canard" sur ces mystérieuses "vérifications" demandées par le chef de l'Etat, l'Elysée a répondu, le lundi 17 mai, qu'il s'agissait d'en savoir davantage sur les "approvisionnements en armes" des terroristes et sur les "circuits financiers" dont ils bénéficieraient. C'est un peu court...
D'autant que - depuis 2002 [2], au moins - la "générosité" des monarchises pétrolières à l'égard des groupes djihadistes, en Afrique comme en Syrie, est un fait avéré... (lire la suite dans le Canard Enchaîné du 21 mai en page 3).
Il reste à savoir si le gouvernement français souhaite vraiment combattre le terrorisme au Nigeria ou en Syrie [4-5] ou bien s'il s'agit d'un prétexte pour des intérêts inavouables.
Références : 1. Blog SLT Boko Haram : le double jeu de François Hollande 2. Blog SLT Le financement de Boko Haram proviendrait de Fonds islamiques en Arabie Saoudite et en Grande-Bretagne 3. Blog SLT Le Canard Enchaîné confirme le soutien indirect de la France à Boko Haram 4. Blog SLT Les filières terroristes vers la Syrie étaient soutenues par les services français 5. Blog SLT Syrie, Homs : des agents français et étatsuniens opéraient à l'intérieur (vidéo)