Le rôle de la France au Rwanda passé au crible par la justice (La Croix 13/05/14)
Quatre rescapés du génocide rwandais déposent une plainte contre X devant la justice française.Il y a vingt ans, jour pour jour, des milliers de Tutsis trouvaient la mort dans les collines de Bisesero, dans l’ouest du Rwanda. C’est cette date symbolique qu’ont choisie quatre rescapés de ces massacres pour annoncer le dépôt d’une plainte « contre X » devant la justice française. Aux dires des Tutsis, des « Blancs francophones en tenue militaire » se seraient entretenus à plusieurs reprises avec leurs bourreaux hutus. Les plaignants ignorent s’il s’agissait de militaires français ou de simples mercenaires.
Les faits et gestes des gradés français ont fait l’objet d’un nombre croissant d’enquêtes, ces dernières années. Tout a commencé en 2004, avec le dépôt de plainte de trois Rwandaises affirmant avoir été violées par des militaires français. À les entendre, il s’agissait de viols systématiques commis à l’encontre des seules femmes tutsies.
« On ne peut pas assurer qu’il n’y ait pas eu des fautes individuelles », admettait récemment dans Le Figaro le général Didier Tauzin, chef de corps d’un des régiments envoyés au Rwanda. Il réfute catégoriquement, en revanche, l’existence de viols systématiques. L’instruction est toujours en cours.
Complicité ou non assistance ?
Un an plus tard, une autre plainte contre X était déposée pour « complicité de crime contre l’humanité et complicité de génocide », visant cette fois l’armée française plus globalement. Les six plaignants rwandais accusent les militaires français d’être intervenus au lendemain des premiers jours du génocide pour évacuer des dignitaires hutus radicaux en abandonnant les Tutsis à leur sort.
Les parties civiles dénoncent aussi les limites de l’action humanitaire menée par la France à partir du 22 juin 1994. Elles reprochent notamment aux gradés français de ne pas avoir désarmé des miliciens hutus ni arrêté les génocidaires.
« En l’état actuel de l’enquête, on ne peut pas poursuivre la France pour complicité de génocide, indique une source proche du dossier. Une poursuite pour non-assistance à personnes en danger n’est en revanche pas exclue. » Un tel délit, s’il était constitué, serait prescrit.
Des mercenaires français visés
Derniers dans le viseur de la justice, les mercenaires français. Une lettre compromettante du 27 avril 1994, émanant du ministre de la défense rwandais, demande à Paul Barril, ex-gendarme de la cellule de l’Élysée reconverti dans la sécurité, de « recruter 1 000 hommes devant combattre aux côtés des Forces armées rwandaises ». Par ailleurs, un contrat d’assistance signé le 28 mai 1994 prévoit un approvisionnement en armes. Paul Barril fait aujourd’hui l’objet d’une plainte pour « complicité de génocide et de crime contre l’humanité ».
Pourquoi ces dossiers n’ont-ils toujours pas abouti, vingt ans après ? L’armée y voit un manque d’éléments probants à son encontre. Les victimes font évidemment une autre analyse : « On est là au cœur d’une affaire d’État et il est très compliqué d’obtenir la déclassification de documents cruciaux pour l’enquête », explique Me Antoine Comte, avocat de plaignants rwandais.
Quatre rescapés du génocide rwandais déposent une plainte contre X devant la justice française.Il y a vingt ans, jour pour jour, des milliers de Tutsis trouvaient la mort dans les collines de Bisesero, dans l’ouest du Rwanda. C’est cette date symbolique qu’ont choisie quatre rescapés de ces massacres pour annoncer le dépôt d’une plainte « contre X » devant la justice française. Aux dires des Tutsis, des « Blancs francophones en tenue militaire » se seraient entretenus à plusieurs reprises avec leurs bourreaux hutus. Les plaignants ignorent s’il s’agissait de militaires français ou de simples mercenaires.
Les faits et gestes des gradés français ont fait l’objet d’un nombre croissant d’enquêtes, ces dernières années. Tout a commencé en 2004, avec le dépôt de plainte de trois Rwandaises affirmant avoir été violées par des militaires français. À les entendre, il s’agissait de viols systématiques commis à l’encontre des seules femmes tutsies.
« On ne peut pas assurer qu’il n’y ait pas eu des fautes individuelles », admettait récemment dans Le Figaro le général Didier Tauzin, chef de corps d’un des régiments envoyés au Rwanda. Il réfute catégoriquement, en revanche, l’existence de viols systématiques. L’instruction est toujours en cours.
Complicité ou non assistance ?
Un an plus tard, une autre plainte contre X était déposée pour « complicité de crime contre l’humanité et complicité de génocide », visant cette fois l’armée française plus globalement. Les six plaignants rwandais accusent les militaires français d’être intervenus au lendemain des premiers jours du génocide pour évacuer des dignitaires hutus radicaux en abandonnant les Tutsis à leur sort.
Les parties civiles dénoncent aussi les limites de l’action humanitaire menée par la France à partir du 22 juin 1994. Elles reprochent notamment aux gradés français de ne pas avoir désarmé des miliciens hutus ni arrêté les génocidaires.
« En l’état actuel de l’enquête, on ne peut pas poursuivre la France pour complicité de génocide, indique une source proche du dossier. Une poursuite pour non-assistance à personnes en danger n’est en revanche pas exclue. » Un tel délit, s’il était constitué, serait prescrit.
Des mercenaires français visés
Derniers dans le viseur de la justice, les mercenaires français. Une lettre compromettante du 27 avril 1994, émanant du ministre de la défense rwandais, demande à Paul Barril, ex-gendarme de la cellule de l’Élysée reconverti dans la sécurité, de « recruter 1 000 hommes devant combattre aux côtés des Forces armées rwandaises ». Par ailleurs, un contrat d’assistance signé le 28 mai 1994 prévoit un approvisionnement en armes. Paul Barril fait aujourd’hui l’objet d’une plainte pour « complicité de génocide et de crime contre l’humanité ».
Pourquoi ces dossiers n’ont-ils toujours pas abouti, vingt ans après ? L’armée y voit un manque d’éléments probants à son encontre. Les victimes font évidemment une autre analyse : « On est là au cœur d’une affaire d’État et il est très compliqué d’obtenir la déclassification de documents cruciaux pour l’enquête », explique Me Antoine Comte, avocat de plaignants rwandais.