Les renforts de Sangaris (1 et 2) Billets d'Afrique
Les renforts de Sangaris (1)
Après pas moins de 6 réunions de « génération de forces » (appels à contribution de troupes), un appel pressant du Secrétaire général de l’ONU et un forcing de la diplomatie française, la force européenne de soutien à l’opération française, d’abord retardée, a finalement vu le jour in extremis.
« C’est par un simple tweet de l’officier de presse du Conseil de l’UE qu’on a appris officiellement, mardi (1er avril) – ce n’était pas un poisson ! – le lancement de l’opération militaire EUFOR RCA. (…) On a connu lancement plus glorieux » (Blog B2, N. GrosVerheyde, 02/04).
Ses effectifs restent limités (800 hommes) et, hors contribution française, c’est la Géorgie, non membre de l’UE, qui fournit le plus « gros » contingent, aux côtés de l’Estonie, de la Lettonie, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la Pologne qui fournissent chacun quelques petites dizaines d’hommes dans diverses spécialités. Quelques autres pays se contentent d’une aide logistique. « Des capitales ne cachent pas leur total désintérêt pour la RCA, d’autres invoquent un manque de moyens ou des échéances électorales, d’autres encore (Londres, Berlin, Madrid) ont décidé tardivement d’un engagement limité mais indispensable, comme des opérations d’acheminement des troupes par avions. (…) L’attitude de la France, accusée d’avoir fait cavalier seul en lançant l’opération Sangaris et d’avoir, ensuite seulement, sollicité une aide et des moyens explique d’autres lenteurs » (LeMonde.fr, 15/04). Comme d’habitude, le commandement général et opérationnel de cette mission reste entre les mains de généraux français.
Les renforts de Sangaris (2)
La résolution 2149 qui autorise le déploiement d’une force de l’ONU de 12000 hommes en Centrafrique est un « succès diplomatique » selon le Quai d’Orsay.
« Après des mois de négociations laborieuses, Paris a eu raison des réticences des Américains et des Britanniques, qui invoquaient de lourdes contraintes budgétaires mais aussi de l’Union africaine, qui exigeait de laisser ses 6 000 soldats faire leurs preuves », explique A. Geneste dans Le Monde (10/04).
« Dans les cartons du DPKO (département onusien du maintien de la paix), dirigé par le français Hervé Ladsous, cette mission avait cependant dû être mise en berne pour laisser l’Union africaine déployer une force dite de stabilisation, la Misca, et prouver son aptitude à se substituer à l’ONU dans son arrière-cour. La résolution 2149, élaborée et présentée par la France, met un terme à cette expérience éphémère, qui aura montré les limites d’une opération « 100 % africaine », constituée de 6000 troupes valeureuses, mais démunies de soutien logistique et étrangères aux contraintes du maintien de la paix », commente M. Picard dans Le Figaro (10/04).
Un nouvel exemple de l’hypocrisie des discours sur la nécessité de voir l’UA prendre la responsabilité des opérations de maintien de la paix en Afrique. Au lieu de travailler à lui fournir les moyens nécessaires à cet objectif, la diplomatie française la dessaisit, via l’ONU, du contrôle politique de l’opération, après qu’elle ait, comme au Mali précédemment, servi à légitimer le principe d’une intervention armée.