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Odessa : une survivante de l'incendie témoigne

par Julia BREEN 5 Mai 2014, 07:05 Ukraine Odessa Pro-russes Pro-européens Incendie Néonazis

Odessa : une survivante de l'incendie témoigne
Odessa : une survivante de l'incendie témoigne
Traduit par : Julia BREEN
Sylvia Cattori

42 personnes au moins ont péri, hier 2 mai, dans un incendie à la Maison des syndicats d'Odessa. Les victimes sont des activistes prorusses, réfugiés dans le bâtiment de la Maison pour tenter de se protéger de militants de l'Euromaïdan qui les poursuivaient. Pour les atteindre, les activistes de l'Euromaïdan ont jeté des cocktails Molotov dans la Maison des syndicats, provoquant un incendie.

La plupart des victimes ont été brûlées vives à l'intérieur, et au moins huit personnes sont mortes en tentant de sauter par les fenêtres. La radio moscovite Echo de Moscou a publié sur son site un témoignage d'une survivante de l'incendie.

J'étais sur place moi-même, dans la Maison des syndicats en feu. J'ai failli étouffer. Les pompiers ont mis un temps impardonnablement long à venir, 20 minutes, et je présume que ce n'est absolument pas par hasard. Pas plus que l'absence totale de la police. Quand j'ai réussi à me sauver, les pompiers n'étaient pas encore là, des gens en civil m'ont aidée à descendre - visiblement, des citoyens ordinaires.

Pourquoi les gens se sont retrouvés là-bas ? Parce que les ultras et autres « patriotes ukrainiens » ont commencé d'arriver de partout en courant avec des bâtons, des chaînes, des pierres et des cocktails Molotov. Il n'y avait pas vraiment d'endroit où reculer, parce que les gens ont tout simplement été poussés dans un piège. Les gens que j'ai vus étaient très mal armés, si même on peut appeler ça des armes : bâtons, battes, bouts de planches. C'est tout. Pas une seule arme à feu ni rien de tel. Il y avait beaucoup de femmes, de gens âgés, qui étaient venus apporter des médicaments, des Odessites ordinaires (je le souligne ! pas un seul militaire professionnel, mercenaire ou étranger). C'est ce que j'ai vu moi-même aux étages où j'étais (premier ou deuxième).

Très rapidement, un cocktail Molotov a volé par la fenêtre, et le feu a pris dans le couloir. Il y avait un extincteur, mais on n'a pas réussi à localiser le départ de feu. Avec une dizaine d'autres personnes, nous nous sommes réfugiés dans un des bureaux, c'était noir de fumée et il n'y avait pas d'air, on s'est tous couchés sur le sol, où il restait de l'air respirable. À côté de moi, les gens gémissaient, priaient et téléphonaient à leurs proches pour qu'ils appellent les pompiers. Dans les couloirs, la situation était encore pire, vu que dans notre bureau, il y avait une fenêtre ouverte, qui laissait quand même passer un peu d'air. Nous avons téléphoné et attendu, mais l'aide ne venait toujours pas, mes proches ont dit qu'à la caserne des pompiers, soit ils ne décrochaient pas, soit c'était occupé en permanence.

Au bout de vingt minutes, on nous a jeté un câble, nous l'avons attaché à un radiateur, et les gens ont commencé de descendre peu à peu le long du câble jusqu'au sol. Dans les corniches, en bas, se tenaient des gens en civil, qui nous aidaient à descendre, vu que les étages sont hauts, et qu'on aurait pu s'écraser facilement. Je n'ai pas vu si quelqu'un descendait après moi, vu que les gens se sentaient mal, un téléphone sonnait, mais le propriétaire ne répondait pas.

Après la descente, on m'a donné de l'eau, et les partisans de Maïdan ont commencé de s'en prendre à nous, mais j'ai eu le temps de quitter les lieux avant que nos chers « européens » et démocrates » ne se mettent à frapper les survivants juste parce qu'ils avaient survécu et qu'ils n'avaient pas brûlé vifs.

Pourquoi je me suis retrouvée sur place ? Parce que je suis médecin, et que mes amis étaient là-bas, et que je ne pouvais pas les laisser tomber dans le malheur.

... Pour la première fois de ma vie, j'ai eu envie de quitter pour toujours Odessa et l'Ukraine. Pour aller peu importe où, mais loin d'ici.

Traduit par : Julia BREEN

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