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L'aide française au développement ... du pillage (Le Canard Enchaîné)

par Sam La Touch 5 Juin 2014, 20:22 Articles de Sam La Touch Congo-Brazzaville Sassou Nguesso France Françafrique Asperbras BRGM Brésil

L'aide française au développement ... du pillage (Le Canard Enchaîné)
L'aide française au développement ... du pillage
Le Canard Enchaîné, N°4884, page 3, mercredi 4 juin 2014 

Etablissement public sous la tutelle de l'Education nationale et de Bercy, le Bureau de recheches géologiques et minières (BRGM) fait de drôles d'affaires au Congo. Ce Bureau, au savoir-faire très reconnu en matière d'exploitation du sous-sol, conseille le gouvernement de Brazzaville. C'est à dire un groupe de privilégiés qui se partagent la rente pétrolière sans en faire profiter les populations. Le BRGM est aussi partenaire du groupe brésilien Asperbras, très en coeur à Brazza et très gourmand...
En aout 2012, Asperbras a été chargé par le ministre des Grands Travaux (Jean-Jacques Bouya, cousin du président Sassou Nguesso) de réaliser un inventaire géologique du pays, avec repérages aériens, prospection minnière, cartographie, etc. Une tâche plutôt éloignée des talents d'un groupe spécialisé dans les ... tuyaux d'irrigation. Heureusement, les experts français ont utilement épaulé le marchand de tubes. Sans se préoccuper, ont-ils indiqué au "Canard", de la facture exigée par Asperbras : pour un an de travaux et 342 000 km2 de superficie, elle s'élève à 150 millions d'euros. Une somme qui représente environ 3% du budget de l'Etat congolais. Et un montant extravagant pour ce type de mission. Surtout lorsqu'on le compare à deux autres contrats que vient de remporter le BRGM en Afrique.
Au Tchad, la présidence a confié aux Français la réalisation d'un inventaire minier dans deux régions couvrant environ 200 000 km2. Durée : trois ans et demi. Coût : 20.6 millions d'euros. Soit un prix de revient quatre fois plus faible qu'au Congo pour un chantier beaucoup plus long. Au Cameroun, le même BRGM a décroché, en janvier, un autre marché cartographique portant sur une surface de 160 000 km2. Le projet, soutenu par la Banque mondiale, durera un an et coûtera dix fois moins cher que dans le contrat congolais!

Pétrole familial
Embarrasssé, un responsable du BRGM explique que les missions ne sont pas tout à fait équivalente et que le terrain désertique du Tchad est, par exemple plus facile à explorer que les contrées forestières du Congo. Il ajoute qu'il ne connaît pas tous les détails du contrat d'Asperbras. C'est heureux. Car le brésilien, dont les dirigeants sont très proches de Denis Christel Sassou Nguesso (fils du Président et patron de la société nationale commercialisant le pétrole), est familier des devis faramineux.
Le "partenaire" minier du BRGM a, entre autres, remporté un marché pour le forage de 4000 puits d'irrigation, moyennant 300 millions. Soit le forage à 75 000 euros, dans ce pays gorgé d'eau. De cinq à sept fois plus cher, selon plusieurs ONG de développement, que la réalisation d'un puit dans le Sahel...
Ces mesquines affaires de sous et de sous-sol ne préoccupent guère Paris, traditionnel soutien du Congo dans la région, ni les institutions internationales, qui, officiellement, ont placé sous surveillance les finances de ce pays. En 2007, Sarkozy avait, contre l'avis de nos ministres, accordé une aide de 180 millions à son ami Sassou. Et, deux ans plus tard, à l'issue d'un intense lobbying franco-congolais, le FMI, dirigé par DSK, avait classé cet Etat pétrolier dans les "pays pauvres très endettés", entraînant ainsi l'effacement d'un grand pan de sa dette.

Ce qui a sûrement ravi la population, car, aujourd'hui comme hier, deux personnes sur trois vivent avec moins de 1 dollar par jour...

L'aide française au développement ... du pillage (Le Canard Enchaîné)
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