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Le rapport qui foudroie l’opposition syrienne. (Mondafrique)

par René Naba 2 Juin 2014, 17:24 Syrie Opposition Terroristes Mehdi Nemmouche Etat Islamique du Levant

Le rapport qui foudroie l’opposition syrienne.
Par René Naba
Mondafrique 

L'arrestation à Marseille de Mehdi Nemmouche, soupçonné d'avoir commis les assassinats du 24 mai au Musée juif de Bruxelles et d'appartenir au groupe jihadiste de l'Etat islamique et du Levant, très actif en Syrie, met en lumière les dérives de l'opposition syrienne. Selon un rapport du Brooking Doha Center, de 100.000 à 120.000 djihadistes se seraient installés en Syrie, répartis en un millier de formations combattantes. Le tri entre ces différents miliciens se ferait en fonction de définitions complexes où se mêlent des nuances religieuses, des spécificités ethniques ou tribales. Ces clivages multiples reflétant les divisions politico sociales du pays, mais aussi celles des parrains de ce Djihad, comme l’Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie. Théoriquement tous dépendent d’un même centre de commandement, théâtre de violentes rivalités qui reflètent une opposition instable.

 

 

Vendredi 30 mai, Mehdi Nemmouche, 29 ans, a été arrêté à Marseille, soupçonné d'avoir assassiné quatre personnes au Musée juif de Bruxelles le 24 mai. Le jeune homme a séjourné plus d'un an en Syrie auprès de l'opposition à Bachar Al-Assad et pourrait être lié au groupe jihadiste de l'Etat islamique et du Levant. Une tragédie qui illustre la radicalisation dangereuse de l'opposition sysrienne décrite dans un rapport du "Brooking Doha Center", intitulé « Syria Military Mai 2014 ». Selon ce document, entre 100.000 et 120.000 djihadistes se seraient installés en Syrie et répartis en un millier de formations combattantes. Cette étude, rédigée sous la houlette d'une fondation au Qatar, un pays qui soutient les anti Assad les plus extrémistes, ne peut pas être suspectée d'à prioiri hostile contre l'opposition syrienne. Et pourtant le bilan de ce rapport, signé par un expert reconnu, Charles Lester, n'est pas tendre.

I - Les États Unis et les Occidentaux.

«La préoccupation majeure des États-Unis est de mettre un terme à l’extension régionale  du conflit et de faire face à la menace croissante que représente le djihadisme. L’idée de départ des Occidentaux de mettre sur pied une opposition unifiée et disciplinée a été contrariée par les interférences grandissantes et les intérêts contradictoires des protagonistes. Tout cela a abouti à un accroissement des actes de sauvagerie et à l’avènement d’un djihadisme sans pareil. Les Occidentaux doivent surmonter leurs erreurs antérieures et œuvrer en vue de favoriser l’adoption d’une résolution à l’effet de contribuer à la stabilité régionale et la sécurité internationale. »

«Les États-Unis qui envisageaient au départ un soutien à l’opposition jusqu’à la chute du régime, ont modulé leur stratégie et vise désormais un règlement politique. Ils se soucient désormais de fournir aux forces modérées un soutien qui les mette en mesure de mener des négociations avec le régime syrien. »

II -Une opposition instable.

«La concurrence pour les subsides, notamment auprès des associations caritatives pétro monarchiques, a favorisé la division et la dispersion. Le style de vie des opposants en exil a suscité des moqueries en ce qu’il leur était reproché leur gout pour les hôtels cinq étoiles, occultant la dure réalité syrienne. Le principal rôle du chef de l’Armée Syrienne Libre a été d’assumer d’abord un rôle de «Public Relations» puis de se charger de la répartition des armes et des fonds. L’échec de l’opposition pro-occidentale a favorisé la montée en puissance de l’extrémisme, au sein duquel les Frères Musulmans constituaient la force la plus modérée. »

Dans un texte connu sous le titre de «Manifeste d’Alep», signé le 24 septembre 2013, onze organisations parmi les plus puissantes ont refusé la tutelle de la coalition représentant, en théorie, l’opposition syrienne soutenue par les pays occidentaux et les pétro monarchies arabes. Cinquante groupements, réunis sous l’autorité de Mohamad Allouche, fonderont alors «Jaych Al Islam», assumant un rôle  axial en Syrie.

III - Le Front Islamique.

Sept groupements fédérés au sein de ce front disposent de 60.000 combattants en Syrie et constituent la plus importante formation militaire du pays. Trois de ces formations Ahrar As Cham (les hommes libres du levant), Soukour As Cham (Les Aigles du Levant) et Jaych al Islam (l’Armée de l’Islam), opèrent en coordination étroite avec Al Qaida, via Jobhat an Nosra. «Le Front Islamique est un acteur décisif dans la dynamique de l’opposition en raison de sa capacité d’impulser l’orientation idéologique du soulèvement. Il constitue la relève radicale d’Al Qaida sur le plan idéologique et son but ultime est la création d’un Etat islamique en Syrie, point de départ de la guerre de libération d’Al Qods (Jérusalem) et la Palestine. »

IV -  «l’État Islamique d’Irak et de Syrie » (Dahech).

Ce dernier s’est distingué davantage  par sa sauvagerie dans les combats, entrainant même son expulsion par Al Qaida en Février 2014. Dahech a été expulsé d’Alep,  de Lattaquié et d’Idlib, mais il contrôle encore l’axe routier Alep-Raqqa. L’isolement de Dahech en Syrie l’incite à se doter une dimension internationale. Son ambition est de se constituer en un mouvement transfrontière avec des objectifs qui vont au-delà de ses deux points focaux actuels l’Irak et la Syrie.

V –Les parrains de l’opposition.

L’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ont contribué à l’évolution de l’opposition vers l’extrémisme, de même que le régime syrien en libérant des prisonniers salafistes. Sélim Idriss, le chef de l’Armée Syrienne Libre, le partenaire préféré des Occidentaux, a été évincé de son poste en raison de sa relation intime avec le Qatar et remplacé par Abdallah Bachir, un pro saoudien. La destitution de Souheil Idriss a conduit les Occidentaux à prendre ses distances vis-à-vis de  l’institution qu’il représente, (…) alors que, parallèlement, la réélection d’Ahmad Jarba à la tête de la Coalition Nationale des Forces de l’Opposition et de la Révolution a provoqué un  sentiment d’abattement au sein de cette opposition polymorphe. Jarba conforte l’emprise saoudienne puisqu’il appartient à la tribu du Roi Abdallah (Al Shammar). Ainsi, outre Abdallah Bachir,  qui est donc le nouveau chef de l’ASL, son adjoint Haytham Al Oujeiry, et le ministre de la défense, Assaad Moustapha relèvent de la mouvance saoudienne, le Qatar et la Turquie étant mis à l’écart.

Pour complaire à la directive de Washington, l’Arabie a décidé de favoriser la montée en puissance de milices réputé défendre  « l’Islam modéré ». En contrechamps, Qatar et la Turquie, poussés sur le banc de touche continuent à soutenir les formations les plus radicales, tout en ménageant l’Iran pour ne pas insulter l’avenir.

VI - Le plateau du Golan .

Résultat inattendu du conflit en Syrie, le Golan est devenu une nouvelle place forte de l’opposition armée. Le Front Sud, dans la région de Quneitra, chef-lieu du plateau, adossé à Israël qui en occupe encore une large partie, constitue désormais «la place forte de l’opposition armée (...), laquelle a bénéficié de livraisons d’armes notamment des missiles anti chars AGTMS et des Missiles TOW BGM 71. La formation de combattants syriens par l’armée américaine augure de batailles décisives dans ce secteur dans les prochains mois. 

VII- La Russie.

Par son soutien résolu et son aide multiforme, la Russie a assuré une maitrise du comportement syrien, comme en témoigne l’accord sur la destruction de l‘arsenal chimique syrien.

VIII- Iran-Le Hezbollah:

L’Iran a accordé un soutien matériel et financier constant à la Syrie en ce que la défaite de son allié aurait neutralisé sa capacité de riposte face à Israël, en cas d’attaque contre ses installations nucléaires. Via «Faylaq al Qods», la Brigade Jérusalem qui appartient aux Gardiens de la révolution, l’Iran a assumé un rôle fondamental dans la formation des milices chiites, notamment des chiites venus d’Irak. Cette prise en charge s’additionnant à celle du Hezbollah libanais. 

«Lors d’offensive majeur des forces gouvernementales, le Hezbollah a réussi à assumer un rôle croissant dans la direction des opérations de l’armée syrienne. A Qoussayr (Juin 2013), le Hezbollah a pris directement en main le commandement des opérations, assumant, parallèlement, la surveillance aérienne permanente du champ de bataille, via des drones. 

«Toutefois la prolongation du conflit rend une solution politique difficile. Avec 1000 unités combattantes rebelles à travers le pays, la transition politique parait quasiment impossible. En cas de paix, la reconstruction syrienne prendra entre 15 et 20 ans. Le coût de la reconstruction est estimé à 165 milliards de dollars, soit «18 fois le budget annuel de la Syrie».

Ce surprenant rapport (qui n’a pas été publié sans un feu vert de Washington), est une grosse claque, une de plus, donnée à la diplomatie  exclusivement guerrière d’Hollande et de Fabius prêts, à eux seuls,  à « bombarder Damas ». Apparemment, nos conquérants sont de plus en plus seuls
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