Où L’On Voit Que Les Aides À La Presse Contribuent Du Moins Aux Avancées De La Médecine Bakchich
1. Depuis de longues décennies : l’État français distribue tous les ans des centaines de millions d’euros d’aides publiques à la presse écrite (APPÉ).
Ces conséquents subsides vont notamment à des journaux et magazines spécialisés dans la confection d’exhortations à «réduire la dépense publique» (et à supprimer ce qu’ils appellent les «privilèges» des bénéficiaires des minimas sociaux) – mais qui, bien sûr, n’ont jamais demandé l’abolition de leurs propres rentes, faut pas non plus pousser Mémé.
Entre 2009 et 2013, par exemple : l’hebdomadaire Le Point, qui excelle dans l’art de fustiger les «assistés» (et autres «tire-au-flanc»), a été gavé de (la rondelette somme de) 22,9 millions d’euros d’aides étatiques.
2. Depuis de longues décennies : des observateurs a priori peu suspects de vouloir se mettre à dos la corporation des journalistes – puisqu'il s'agit de magistrats financiers, de députés, et de sénateurs – narrent, dans des rapports minutieusement documentés (1), que l’efficacité et (partant) l’utilité des APPÉ n’ont jamais été vraiment démontrées.
Et qu’il y a donc là ce qui ressemble d’assez près à une gabegie en bonne et due forme.
Dans un tout récent rapport – publié en 2013 -, par exemple, la Cour des comptes a – encore – appelé à «une réflexion de plus long terme dans le but de rendre plus efficaces ces dispositifs d’aide».
3. Disons-le tout net : ces jugements sont d’une sévérité excessive.
Car, contrairement à ce qu’ils suggèrent : l’effet concret des APPÉ peut assez facilement être mesuré, par l’observation, notamment, des investissements rédactionnels réalisés par les entreprises de presse que l’État nantit ainsi.
Le Point s’est par exemple dédié – avec d’autres, mais avec une particulière constance -, pendant plusieurs années, à l’exploitation de certaines des mêmes peurs dont le Front national (FN) fait depuis sa création le fond de son commerce politicien : c’est ce dont témoignent, notamment, certaines des plus mémorables couvertures de cette noble publication.
Et désormais – maintenant que le FN, dopé par des années de banalisation journalistique de sa propagande xénophobe, gagne des élections, Le Point n’hésite plus à chercher son inspiration dans les propos de sa présidente.
Hier, par exemple?
Juste après que Marine Le Pen avait déclaré, après la qualification de l’Algérie pour les huitièmes de finale de la coupe du monde de football, qu’elle souhaitait « mettre fin à la double nationalité » de certain(e)s Françai(se)s d’origine algérienne?
Le Point a mis en ligne, sur son site, ce délicat sondage (2) : «Faut-il retirer aux Français d’origine algérienne leur double nationalité?»