Des chercheurs états-uniens (Texas) en collaboration avec un laboratoire pharmaceutique canadien [1] ont développé un traitement expérimental contre le virus de Marburg sensiblement voisin du virus Ebola. Ces deux virus, à ARN simple brin, appartiennent en effet à la même famille des Filovirus et produisent des symptômes similaires de fièvre hémorragique. Ils sont responsable de fièvre hémorragique grave et souvent mortelle chez les humains et les primates non humains avec des taux de mortalité allant jusqu'à 90%.
Alors qu'un traitement expérimental a montré son efficacité sur les macaques Rhésus infectés par le virus de l'Ebola et sur deux citoyens états-uniens infectés, il n'existait pas de traitement antiviral contre le virus de Marburg. Selon une étude publiée, dans la revue scientifique Science Translational Medicine, un traitement expérimental issu de la virologie génétique aurait été produit et aurait montré son efficacité sur des macaques infectés par la souche la plus virulente du virus (Marburg-Angola).
Les chercheurs ont produit des ARN interférents spécifiques empêchant la transcription d'une petite séquence codante d'ARN pour une nucléoprotéine (NP-718m) servant à la réplication du virus. Ces molécules (anti-MARV nucleoprotein SiARN) bloquent la multiplication du virus par la fixation d'une séquence spécifique d'ARN du virus impliqué dans sa réplication. Ces molécules introduites dans des nanoparticules lipidiques avaient montré leur efficacité pour bloquer la réplication in-vitro du virus de Marburg [2] mais c'est la première fois qu'elles entraînent la guérison in-vivo de singes infectés par le virus de Marburg. Leur expérience a montré que les macaques traités par ce sérum expérimental (injectés par voie intra-veineuse) avaient survécu à l'infection par le virus de Marburg et que cette survie était de 100% lorsque le traitement était donné au début de la virémie.
Pour ces chercheurs, cette méthode pourrait s'appliquer aussi aux sujets infectés par le virus de l'Ebola (en début d'infection). Cela constituerait le premier traitement contre le virus de Marburg bien que beaucoup moins développé que le traitement expérimental ZMapp contre le virus Ebola (à bases d'anticorps monoclonaux dirigés contre les protéines de surface du virus) ayant montré son efficacité chez les Macaques Rhésus (au cours de 3 études menées par des militaires scientifiques US [3,4,5]) et ayant entraîné la guérison de deux humains originaires des USA [6].
Deux nouvelles stratégies directes pour lutter spécifiquement contre les infections virales à partir de traitements à visée curative, se dessinent : celles des anticorps monoclonaux aidant le système immunitaire à repérer et détruire le virus ciblé (ZMapp) et celles des ARN interférents bloquant spécifiquement la multiplication du virus en empêchant sa réplication. A l'heure actuelle, seule la première a été testée de manière expérimentale sur l'humain de type caucasien dans un contexte d'épidémie mortelle en Afrique de l'Ouest [7-8]. Le ZMapp serait également en train d'être expérimenté en Afrique sur du personnel soignant infecté par le virus Ebola, mortel dans 70 à 90% des cas.
A suivre...
------------------------------------
Références :
1. Science Translational Medicine Marburg virus infection in nonhuman primates: Therapeutic treatment by lipid-encapsulated siRNA
2. Science Translational Medicine Protection against lethal Marburg virus infection mediated by lipid encapsulated small interfering RNA.
3. PNAS 2012 Delayed treatment of Ebola virus infection with plant-derived monoclonal antibodies provides protection in rhesus macaques
4. Science Transnational 2012 Successful treatment of Ebola virus–infected cynomolgus macaques with monoclonal antibodies
5. Science Transnational 2013 Therapeutic intervention of Ebola virus infection in rhesus macaques with the MB-003 monoclonal antibody cocktail
6. CNN Experimental drug likely saved Ebola patients
7. Ebola. Les USA avaient un traitement secret dans leur tiroir depuis 2 ans
8. Ebola: le sérum expérimental déclenche une polémique éthique (AFP)