L'instrumentalisation de l'épidémie du virus Ebola en Afrique de l'Ouest a permis à Obama d'annoncer le déploiement de 3000 soldats au Libéria et notamment dans la capitale Monrovia où existe déjà un centre de commandement de l'Africom. Cet épisode rappelle bien étrangement la manière dont les Etats-Unis avaient déployé 10.000 soldats en Haïti le lendemain du tremblement de terre de janvier 2010 ouvrant la voie à une intervention militaro-humanitaire mais aussi à une occupation militaire d'Haïti. Le pays avait été frappé ensuite par une épidémie de choléra qui avait fait plus de 3000 morts d'octobre à décembre 2010 selon le ministère de la santé haïtien. Après analyse d'un groupe d'expert de l'ONU, il s'est avéré que la souche de choléra particulièrement virulente avait été en fait importée malencontreusement par des casques bleus de l'ONU :
"Un groupe d'experts nommés par l'ONU a conclu que l'épidémie de choléra en Haiti était due à la contamination de la rivière Meye, affluent du fleuve Artibonite, par une souche pathogène de Vibrio choléra d'origine Sud-Asiatique, à la suite d'activités humaines. Selon le ministre de la santé haïtien, Alex Larsen, il s'agit d'une souche de type O1, la plus dangereuse. Une étude publiée peu après a démontré l'identité parfaite des souches isolées au Népal et en Haiti au début de l'automne 2010. Selon une synthèse publiée début 2012, les données épidémiologiques et génétiques montrent que la source du choléra en Haiti provient de la relève d'un bataillon de casques bleus Népalais au début du mois d'octobre 2010." (Wikipedia). Suite aux plaintes portées par la société civile haïtienne contre ce contingent de casques bleus, les Etats-Unis ont soutenu l'impunité de l'ONU.
Au Liberia, nous allons assister à une nouvelle intervention militaro-médicale de grande ampleur. Selon le Liberian Observer, une campagne de vaccinations à grande échelle pourrait se mettre en place avec des produits dont les essais thérapeutiques n'ont pas encore été complètement achevés et dont on ne connaît pas encore les effets secondaires. De l'impérialisme militaro-médical dont les contours sont en train d'être esquissés par les néocons étatsuniens et leurs subalternes ?
Selon un article du Foreign Policy (The Ultimate Ebola Fighting Force) très proche du pouvoir étatsunien (il a été racheté par The Washington Post Company), un plan de création d'un "OTAN médical" pourrait être envisagé pour lutter contre l'épidémie d'Ebola. Cette esquisse évoquée par l'article du Foreign Policy consisterait à envoyer des équipes médicales qui pourraient intervenir dans les pays soumis à une épidémie pour essayer de nouveaux traitements préconisés par l'OMS sans l'accord du pays hôte. Une ingérence médico-militaire qui ressemble à s'y méprendre à ce à quoi on est en train d'assister au Liberia.
Pourrions-nous donc voir bientôt une situation où une équipe médicale de l'OTAN pourrait entrer dans un pays afin "de fournir directement les médicaments et mettre en œuvre des mesures de prévention (vaccination), sans l'aval politique du pays dans lequel une épidémie est en train de se produire ?"
Voici ce qu'en écrit le journal Foreign Policy (The Ultimate Ebola Fighting Force) :
"Cet « OTAN médical », pour ainsi dire, consisterait en une coalition de pays qui recruterait des équipes spécialisées - composées de médecins, d'infirmières et d'autres - des organismes et des systèmes de santé nationaux. L'alliance pourrait nommer un médecin en chef, et tous les pays participants développeraient conjointement des plans opérationnels pour mener des exercices de répétition.
Les équipes seront déployées à la demande de l'OMS suite à la déclaration d'une urgence sanitaire mondiale. Elles pourraient être mobilisées pour supprimer une maladie soit complètement, ou à un niveau tel que le pays pourrait alors gérer la crise lui-même. Elles auraient le pouvoir de fournir directement les traitements médicamenteux et mettre en œuvre des mesures de prévention, sans ingérence politique de la part d'un pays dans lequel une épidémie est en train de se produire.
L'ensemble des équipes serait équipé de moyens de transport aérien pour des interventions rapides dans les zones où sévit la maladie, et recevrait l'appui d'une solide chaîne d'approvisionnement qui pourrait implanter immédiatement des hôpitaux mobiles, des équipements, et des médicaments essentiels dans les zones qui en ont besoin. Les membres de ces équipes pourraient suivre les directives de traitement de l'OMS et les systèmes de traitement prônées par cette organisation. Une fois que la transmission généralisée aura été évitée, les équipes retourneront dans leur pays d'origine.
Les modèles d'organisation opérationnelle nécessaire pour construire une OTAN médical existent déjà au sein des organisations internationales."