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Mali, la surfacturation des équipements de l’armée (Bakchich)

par Dugufana 10 Septembre 2014, 05:27 Mali Corruption Surfacturation des armes IBK

Mali, la surfacturation des équipements de l’armée (Bakchich)
Mali, la surfacturation des équipements de l’armée

bakchich - Par Dugufana

Déjà accusées d'avoir attribué dans des conditions opaques un contrat d'achat d'équipement militaire de 69 milliards de francs CFA en novembre 2013, les autorités politiques maliennes sont aujourd’hui au coeur d'une nouvelle affaire. Dans un article paru dans le journal d'opposition malien « Zénith Balé », l’auteur « Dugufana » dévoile un système de surfacturations ahurissantes pratiqué sur le matériel militaire.

L'article 8 du code des marchés publics dispose que "le présent décret ne s'applique pas aux marchés de travaux, de fournitures et de services lorsqu'ils concernent des besoins de défense et de sécurité nationales exigeant le secret ou pour lesquels la protection des intérêts essentiels de l'Etat est incompatible avec des mesures de publicité." Cet article est devenu le sésame des délinquants financiers. Ses dispositions leur permet en effet de violer allègrement toutes les règles de transparence, de bonne gestion et de morale tout court dans l'attribution des marchés de l'armée. Une armée sous équipée, sous entraînée, sous payée, sous nourrie qui a été humiliée, vilipendée et finalement prise en pitié par la communauté nationale et internationale qui, dans un élan inédit de solidarité, a volontairement et massivement mis la main à la poche pour l'aider à sortir de l'ornière.

Des écarts ahurissants

Comment dès lors imaginer un seul instant que des bandits cyniques, sans foi ni loi ni un grain de patriotisme, puissent au sommet et au cœur de l'Etat, voler impunément les maigres ressources allouées à cette armée à qui nous demandons tant ?

Le cas que nous portons à la connaissance de nos lecteurs est un exemple on ne peut plus éloquent de ce scandale.

En effet, le 20 mai 2014, le Ministre de la Défense a signé avec la société à responsabilité limitée (SARL) CIM SARL représentée par Ibrahima Karagnara un contrat n°2014/034 de 9 959 230 680 francs (neuf milliards neuf cent cinquante neuf millions deux cents trente mille six cent quatre-vingts francs) relatif à la fourniture de camions de transport de troupe et de citernes à carburant au Ministère de la Défense. Le contrat a été enregistré par le contrôle financier le 22 mai 2014 et par le Secrétariat Général du Gouvernement le 30 mai 2014.

Nous livrons ici les prix du matériel proposés par la société CIM SARL et acceptés par le Ministère de la Défense et les prix réels du matériel que nous avons obtenus en Chine ainsi que les écarts, donc le montant de la surfacturation.

Désignation Quantité Prix unitaire Montant

Prix réel Montant réel Ecart

Camion transport troupes 6 t 48 78 000 000 3 744 000 000

28 500 000 1 368 000 000 2 376 000 000

Camion transport troupes 10 t 16 115 000 000 1 840 000 000

34 000 000 544 000 000 1 296 000 000

Camion citerne 6 m3 4X4 15 120 000 000 1 800 000 000

29 000 000 435 000 000 1 365 000 000

Camion citerne 18 m3 6X6 2 210 000 000 420 000 000

38 500 000 77 000 000 343 000 000

Total 7 804 000 000

2 424 000 000 5 380 000 000

Détournement d'argent public

Comme nous venons de le voir, le montant réel de cette commande chez le fournisseur est de 2 424 000 000 francs (deux milliards quatre cent vingt quatre millions) au lieu de 7 804 000 000 (sept milliards huit cent quatre millions) francs soit un écart de 5 380 000 000 (cinq milliards trois cent quatre vingt millions) francs. Montant du détournement dans les poches de qui ? Pourquoi si le Ministère de la Défense ne peut pas s'approvisionner directement chez les constructeurs, il ne s'informe pas sur les prix auprès des différents constructeurs ? L'article 8 du code des marchés empêche-t-il la recherche du meilleur prix ? Cette petite société CIM SARL est-elle concessionnaire ?

En réalité, nous avons à faire à un système frauduleux bien huilé sinon comment comprendre qu'une société à responsabilité limitée comme CIM SARL dont le chiffre d'affaire légal n'excède pas 500 millions puisse en 8 mois enlever 7 marchés totalisant 34 821 855 450 francs (trente quatre milliards huit cent vingt et un millions quatre cent cinquante francs ) ?

Ce marché dont nous parlons fait partie d'un lot de 25 069 502 200 francs (vingt cinq milliards soixante neuf millions cinq cent deux mille deux cent francs ) suivi d un second de 30 898 890 000 (trente milliards huit cent quatre vingt dix huit millions huit cent quatre vingt dix) francs, d'un 3ème de 2 120 082 388 (deux milliards cent vingt millions quatre vingt deux mille trois cents quatre vingt huit) francs, un 4 ème de 2 071 041 600 francs, un 5 ème de 1 339 978 500 francs puis un 6 ème et un 7 ème jusqu'à un total de 34 milliards 821 millions de francs en moins de 12 mois pour une petite SARL. Curieux non ? La banque ECOBANK qui abrite cette transaction et la cautionne à travers le compte n°101697104012/85 ouvert dans ses livres devait être plus regardante et se poser les mêmes questions que nous !

Complicités au sommet

Personne n'est dupe, nous avons bien à faire avec une société écran, une de celles qui ont proliféré depuis septembre 2013 et dont l'ancien Premier Ministre Oumar Tatam Ly avait, grâce au fisc, débusqué quelques-unes comme GuoStar SARL ainsi que leurs vrais commanditaires : des ministres dont il avait demandé la têtes au Président, preuves à l'appui... Peine perdue.

Détourner des sous est déjà un crime, mais détourner les sous de l'armée précisément en ce moment est un crime contre la Nation doublée d'une haute trahison ! Non seulement il faut que cela cesse, mais ces bandits apatrides doivent rendre gorge d'une manière ou d'une autre. Comme nous le savons tous, nos organes de contrôle sont inopérants, sinon complices de ces malversations du fait du visa donné par le Contrôle financier et le Secrétariat Général du gouvernement à ce contrat honteux ! Ironie cruelle de l'histoire, pendant que le Premier Ministre Moussa lançait nos troupes démunies à l'assaut de Kidal, son gouvernement donnait son aval à cette escroquerie monumentale.

Certes on essaiera de faire porter le chapeau à l'ancien Ministre de la Défense et à lui seul, mais personne n'est dupe, il n'était qu'un faire valoir de luxe ! Le pouvoir d'IBK est sans partage ! Le système est verrouillé à tous les niveaux, de la fameuse Commission de la Défense aux cours et tribunaux en passant par le vérificateur général : les rôles sont distribués depuis longtemps et il n'y a aucun hasard dans tout cela.

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