Dans une situation d'épidémie de grande ampleur, l'OMS a choisi de prendre la position la plus alarmiste quant au décompte de nombre de cas d'Ebola en Afrique de l'Ouest (Guinée, Sierra Leone, Libéria) quitte à surestimer le nombre de cas pour ne pas minimiser l'épidémie.
Lorsque les médias reprennent le chiffre de l'OMS de 4484 décès liés à l'Ebola (Rapport du 15 décembre : voir le Tableau ci-dessous), ils reprennent un chiffre comprenant une majorité de cas probables ou suspects mais non confirmés particulièrement au Libéria. En effet ce décompte comprend : les décès probablement liés à l'Ebola, les décès dont on peut suspecter qu'ils soient liés à l'Ebola et les décès liés à l'Ebola confirmés scientifiquement par des test de laboratoires. Pour les cas probables, le diagnostic doit être fait par un médecin. Pour les cas suspects il suffit d'avoir présenté une fièvre élevée et d'avoir été en contact avec une personne présumée atteinte de l'Ebola ou bien une fièvre associée avec une cohorte de symptômes peu spécifiques (baisse de l'appétit, vomissement, maux de tête, fatigue, douleurs à l'estomac...). Ainsi, une personne avec un syndrome immunodéficitaire acquis (SIDA), une méningite, ou même une grippe ou un rhume sévère pourrait être suspectée d'être atteinte d'Ebola jusqu'à confirmation ou infirmation par un test biologique.
Si l'on se réfère au rapport du 10 octobre, Tableau.1, (voir le tableau 1 ci-dessus) sur les 4024 décès annoncés par l'OMS seulement 2423 ont été confirmés par les laboratoires (n= 598 + 1072 + 753 = 2423). Le plus surprenant est la situation du Libéria où le nombre de décès confirmé scientifiquement est de 1072 alors que le nombre de décès probable (ou suspect) imputable à l'Ebola est de 1244 (n = 725 + 519) ce qui contribue à augmenter considérablement le nombre total de décès sans que l'on ait la "preuve" biologique. Il semble qu'au Libéria le décompte soit très difficile à faire selon l'OMS et que les laboratoires soient débordés. Leur nombre serait insuffisant par rapport à la Sierra Leone et la Guinée toujours selon l'OMS. Le 10 octobre, l'OMS (Table 1) a choisi de rapporter les cas suspects et probables tandis que dans le rapport du 15 octobre (Table.1, voir le Tableau ci-dessous) elle ne les rapporte plus. Du fait de la même incertitude quant au nombre de décès diagnostiqués au Libéria, l'OMS a décidé tout bonnement de ne plus faire figurer le nombre de décès imputables (probables, suspects) ou liés (confirmés) à l'Ebola dans son rapport du 15 octobre (Table.1). Les chiffres sont désormais remplacés par des astériques avec la mention No data available (pas de données disponibles : voir le Tableau en bas de l'article). Ce qui n'empêche pas l'OMS de donner un nombre total de décès lié à l'Ebola au Libéria de 2458 (2316 décès le 10 octobre). D'où sort ce chiffre ? De 138 nouveaux cas probables ou suspects, mais non confirmés biologiquement, dans la région de Monrovia. Donc l'augmentation du nombre de cas au Libéria entre le 10 et le 15 octobre est imputable essentiellement à des décès liés de manière probable ou suspictieuse à l'Ebola mais non confirmés scientifiquement. De même si l'on regarde le décompte du nombre de nouveaux cas d'Ebola au Libéria par l'OMS, sur le rapport du 15 octobre (Table 1, voir en bas de l'article), on remarquera que seulement 6 % des nouveaux cas dans les 3 dernières semaines ont été confirmés par des tests biologiques (soit seulement 66 cas confirmés sur 1089 cas prétendument liés à l'Ebola). Au 15 octobre, sur le nombre total de cas d'Ebola potentiellement détectés au Libéria depuis l'épidémie seulement 950 cas (sur un total de 4249 cas : 1923 cas probables; 1373 cas suspects) ont été confirmés biologiquement soit seulement 22.4% des cas. L'OMS fait état d'une insuffisance du nombre de laboratoires pouvant effectuer les tests mais la situation du Libéria est-elle radicalement différente de la situation au Sierra Leone et en Guinée ? Il n'en demeure pas moins vrai que les cas suspects d'Ebola ne sont sans doute pas, pour un bon nombre, liés à l'Ebola. Par cette manière de dénombrer les cas d'Ebola, l'OMS tend à les surévaluer au moins au Libéria.
Enfin globalement, l'OMS note une augmentation de l'incidence des nouveaux cas au Libéria et en Sierra Leone, par contre la baisse des cas dans la région de Lofa au Libéria se confirme : "La chute récente du nombre de nouveaux cas rapportés à Lofa qui borde Gueckedou à la frontière guinéenne, semble avoir continué, avec des rapports des observateurs suggérant un véritable déclin de la maladie" dans cette région.