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Canada: Le jeu de la terreur de Stephen Harper. Derrière les masques et les diversions (Global research)

par John McMurtry 16 Novembre 2014, 18:14 Canada Stephen Harper Terrorisme Lutte contre le terrorisme Impérialisme Irak Guerre

Canada: Le jeu de la terreur de Stephen Harper. Derrière les masques et les diversions (Global research)
Canada: Le jeu de la terreur de Stephen Harper. Derrière les masques et les diversions
Par John McMurtry
Article originel : Canada: Decoding Harper’s Terror Game. Beneath the Masks and Diversions, 
Global Research.ca
Traduction: Mondialisation.ca 

Stephen Harper est le premier ministre le plus profondément honni de l’histoire du Canada. Sur la scène mondiale, il est le serviteur des pétrolières, exploitant le pétrole des sables bitumineux pour détruire de grands systèmes fluviaux et polluant la planète avec du pétrole sale, pendant que son chien d’attaque, John Baird, prône la guerre et intimide des pays comme l’Iran et la Syrie, ciblés par l’axe américano-israélien.

Harper est le premier ministre le plus despotique et le plus toxique que notre pays ait connu. Son gouvernement sabre là où il le peut dans tous les programmes sociaux et systèmes de protection sociale. Il dépouille le pays de ses infrastructures publiques d’information, à tous les niveaux, y compris en bâillonnant des organisations non gouvernementales (ONG) à but non lucratif en éliminant leur statut d’organisme de bienfaisance si elles remettent en question une politique de son régime.

Tout comme son ami George Bush Jr., Harper se maintient au pouvoir grâce à un fort appui financier, aux mensonges continuels, aux publicités offensives et à des politiques aveugles visant à enrichir les riches. La classe politique néoconservatrice du Canada est peut-être irrationnelle, mais Harper contourne, subvertit et pervertit astucieusement la loi afin d’abuser du pouvoir à tous les niveaux. Il est la tête d’affiche du programme mondial de l’entreprise privée convoitant la destruction de la société et de ses service de protection sociale et d’aide communautaire.

Harper doit également sa vie politique à la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Après qu’un vote de non-confiance eut déclenché l’élection de 2006, le commissaire de la GRC Giuliano Zaccardelli a demandé à son personnel d’inclure le nom de l’ancien ministre libéral des Finances, Ralph Goodale, dans un communiqué annonçant une enquête criminelle. L’odeur constante de scandales et de corruption planant autour du régime Harper s’est ainsi déplacée chez les libéraux à l’aide d’une médisance de la GRC. Pour reprendre ce que m’a confié un ancien conservateur de haut rang, « la GRC a remporté l’élection pour Harper ». Une fois élu, le régime Harper a ensuite créé des obstacles tout autour de la GRC afin de taire tous les faits, soit l’opération de signature, de sorte que le pire scandale de l’époque est demeuré impuni à ce jour. Il n’est donc pas surprenant que le Service canadien du renseignement de sécurité. (SCRS), la GRC et Harper collaborent pour obtenir davantage de pouvoirs secrets pour la police et les espions en échange du service rendu aux objectifs sous-jacents de Harper.

Comment les « actes de terrorisme » concordent avec le célèbre modus operandi

Harper a certainement besoin d’un ennemi intérieur faisant consensus afin de le sauver de la répulsion croissante qu’éprouvent à l’endroit de son régime les gens qui pensent. On ne peut nier le bilan de son régime, détruisant la substance vitale du Canada un morceau à la fois. L’on savait déjà ce qui se produirait lorsque Harper, se disant « profondément inquiet », a immédiatement qualifié d’« acte terroriste » le fol écrasement des soldats au Québec le 20 octobre. Il s’agissait en réalité d’un geste posé par un criminel solitaire devenu fou furieux dans une petite ville du Québec, un acte sans objectif évident, un critère essentiel pour entrer dans la définition légale du terrorisme. Cependant, avec la prescience de la GRC et du SCRS relativement à sa compréhension confuse de l’islam, il semble avoir été un bouc émissaire idéal pour la déclaration de Harper concernant le « terrorisme » intérieur. Il avait déjà été arrêté et son passeport annulé en juin. Nous pouvons imaginer comment un agent infiltré efficace aurait pu le déchaîner et l’inciter au djihad, sachant qu’il serait bientôt criblé de balles et incapable de raconter de ce qui s’était passé.

Il est plus facile d’imaginer un tel scénario dans le cas du petit délinquant toxicomane et aliéné, vivant dans un refuge pour sans abri à Ottawa. En 2011, il avait averti un juge devant la police : « Si vous ne pouvez pas me garder en dedans, je vais faire quelque chose. » Qui aurait pu mieux servir les événements à venir? Après la première « attaque d’un terroriste radicalisé », une arme d’épaule impossible à cacher et que personne n’avait vue avant aboutit le 22 octobre dans les mains de Michael Zebaf-Bibeau. Nous connaissons la suite des choses. Il a été pris d’une folie meurtrière, et on ignore si un test sanguin a été effectué par la suite afin de savoir sous l’effet de quelle drogue il a agi. Son intoxication est évidente si l’on se fie au comportement frénétique de l’homme chargé à bloc révélé par l’enregistrement vidéo. On ignore également si des tests on été effectués sur le corps du conducteur fou, Martin Couture-Rouleau. Quelles circonstances inhabituelles et quel non-dit dans l’extravagante profusion d’autres détails et de faux liens officiels avec l’État islamique.

Le terme « terroriste » paralyse le cerveau. Le terme « djihadiste » l’emprisonne. Comme d’habitude, Harper a invoqué pour la première fois le terme paralysant à un moment stratégique. Si dans le cas d’une infraction de conduite avec facultés affaiblies par les drogues les analyses de sang sont systématiques, aucune analyse sur le corps de Couture-Rouleau n’a été signalée, même si les vidéos montrent tous les signes d’une intoxication. Bibeau aussi est devenu fou et il était mort, criblé de balles avant qu’on n’ait pu lui poser une seule question. Toutes ces coïncidences étranges font partie du modus operandi (MO) étatique clandestin désormais familier.

Relier les points

Deux jours avant l’assassinat sensationnel d’Ottawa, suivi de l’irruption au Parlement, Stephen Harper a immédiatement qualifié le meurtre au Québec d’« acte de terrorisme ». Cela soulève des questions puisque Harper, peu loquace de nature, a fait cette déclaration fait bien avant que les faits médico-légaux ne soient disponibles et avant même que quiconque n’interprète l’événement de la sorte. Pourquoi? Il est révélateur que les agences de sécurité fédérales aient fait des exercices simulant justement ces attaques des semaines avant les meurtres déments (Canadian Authorities Ran War Game Drills Depicting ISIS Attack Scenarios Brandon Martinez, Global Research, 24 octobre 2014). Nous avons des loups solitaires fous, des tueries sorties de nulle part, des motifs inconnus et des armes dont on ne connaît pas l’origine, et le chef d’État, le premier à transformer ces meurtres déments en « actes terroristes », est celui qui profite le plus de la situation. Qui arrive à relier les points? Il est tabou de réfléchir à de telles situations, on sait cela aussi à l’avance. Bien sûr, le jour même, la GRC et le SCRS obtiennent les nouveaux pouvoirs extraordinaires qu’ils désiraient, et, pour la première fois depuis qu’il est en poste, Harper l’automate fait preuve d’une chaleur humaine à laquelle n’a pas droit même son jeune fils, à qui il serre la main en guise d’au revoir. Il étreint les leaders de l’opposition au Parlement afin de montrer la nouvelle facette humaine complétant sa métamorphose.

Harper est heureux parce qu’il croit que sa prochaine élection est sauve. Mais la première question médico-légale dans le cas de meurtres n’est toujours pas posée. La transe hypnotique du « terrorisme » dans la capitale engourdie empêche la contestation du discours officiel. Cui bono? Qui profite de ces deux affaires classées, de ces incroyables meurtres à deux jours d’intervalle, ayant monopolisé les manchettes et bombardé les Canadiens des termes « terrorisme » et « législation anti-terroriste » et faisant de Harper l’homme fort en charge? La une du Globe and Mail le week-end suivant criait : « Jusqu’où devrions-nous aller? »

Terrorisme intérieur pour la réélection de Stephen Harper

Le fait d’affirmer qu’il existe une menace terroriste a une première fonction standard : détourner l’attention de l’économie en difficulté et du dégoût croissant qu’éprouve la majorité des citoyens envers le chef d’État et son parti. Harper a fait de chaque Canadien qui réfléchit son ennemi, en dépeçant les fondements de la vie publique et du savoir, en détruisant la réputation mondiale d’agent de la paix, de conscience sociale et de respect de la nature dont jouissait le Canada. Détourner l’attention vers un ennemi fabriqué représente la plus ancienne stratégie figurant dans le livre des chefs d’État méprisés, et Harper a plus que jamais besoin de créer une distraction en pointant une autre cible lui permettant de s’élever. Bush Jr. a dirigé son pays avec cette formule pendant huit ans.

Si l’on ne peut pas étaler ce stratagème au grand jour, il aura un deuxième effet en faveur de Harper : la justification du despotisme et du quasi-État policier qu’il a construit avec un nombre croissant de prisons, alors que le crime est en baisse, une rhétorique et une législation de plus en plus antiterroriste, une réduction accrue du filet de protection sociale (celui-la même qui aurait pu empêcher ces saccages meurtriers), un comportement de plus en plus belliciste et davantage de crimes de guerre à l’étranger. Le régime diabolique de contrôle despotique et d’oppression qu’il a mis en place surpasse les pires gouvernements de l’histoire du pays. Comme le lui a appris le prototype étasunien de la droite aveugle et misanthrope, la plus grande justification d’un règne réside dans la haine instinctive d’un ennemi sûr. Au Canada cependant, cela ne fonctionne pas à long terme. Ainsi, les « actes de terrorisme » intérieur au Québec et à Ottawa fournissent l’ennemi nécessaire à l’intérieur du pays pour justifier quoi que ce soit avec un faste sans cesse renouvelé, l’accord obligatoire des autres et le pouvoir en place au premier plan.

Diagnostic de la volonté de contrôle total

Les « nouvelles lois terroristes » en vigueur faisaient déjà les manchettes le 25 octobre, permettant toute nouvelle forme de surveillance et de contrôle des citoyens. N’oubliez pas notre régime totalitaire déjà en place à l’aéroport, lequel prive les gens d’eau et de produits hygiéniques, déshumanise tout, déshabille des millions de gens sans qu’il soit permis de poser aucune question tout le long du processus. Ce régime aéroportuaire représente une synecdoque du gouvernement totalitaire que le gang Harper fait progresser plus que jamais. « Rien ne sera plus jamais pareil », applaudissent en chœur les grands médias.

Le régime Harper réserve peut-être d’autres faveurs à la GRC et au SCRS, par exemple, de fausses allégations et dénonciations d’adversaires les plus honnêtes, comme Ralph Goodale, lequel a passé « la pire année de sa vie » à récupérer de la calomnie de la GRC qui a gardé Harper au pouvoir. C’est un peu comme la Loi sur les mesures de guerre – un nouveau droit de confiner n’importe quelle ville à n’importe quel moment, de la contrôler avec une force armée omniprésente dans les rues et possédant des pouvoirs policier et militaires, le tout dans la gloire du contrôle des masses par le commandement armé et le permis de tuer. C’est ce qui s’est produit à Ottawa avec un fou solitaire. Le confinement était infiniment plus important que celui imposé lors de l’application de la Loi sur les mesures de guerre à Montréal en 1970, et que j’ai observé sur le terrain. Gardez à l’esprit la raison de ce confinement, montée de toutes pièces : un meurtrier malade mental et sans-abri, probablement drogué et dirigé, mort avant qu’on n’ait pu lui poser une seule question.

Observez aussi comment les changements de langage s’adaptent au programme totalitaire. Les mots clés sont : « terroriste » pour qualifier des individus isolés devenus fous et ne bénéficiant d’aucun soutien social; et « radicalisation », sans modificateur, comme problème ultime de la pensée à la base de cette terreur. Quel groupe défavorisé, quelle réflexion opposée au discours dominant peuvent éviter ces étiquettes? Ces opérations psychologiques (PSYOPS) sont déjà en cours. Elles ont été imprégnées dans l’esprit collectif des instances dirigeantes par les faux « attentats terroristes » au pays, et le règne Harper ne peut qu’aller de l’avant, mû par de telles transes provoquées par la stupéfaction normalisée, désormais renforcée avec du sang canadien.

À la base de toutes les PSYOPS publiques, se trouve l’opération de projection, longuement mise au point par la machine de guerre des États-Unis. Celle-ci consiste à blâmer l’opposition pour ce que vous faites et justifier ainsi une attaque contre elle. À l’échelle canadienne, les projections définissent le régime Harper. Il punit et se venge de manière despotique, sa rigidité et sa vindicte sont doctrinaires, il ne tolère pas les écarts, il couvre l’autre de honte et calomnie à volonté, et il outrepasse toute contrainte démocratique afin de nourrir son désir insatiable de contrôle total. Son absolutisme étroit et son aveuglement misanthrope, son indifférence face à la souffrance des autres, et sa certitude d’être vertueux alors qu’il détruit des vies et le filet de protection sociale complètent ce règne invisible de la terreur actuellement à l’œuvre. Une coterie de subordonnés médiocres et corrompus l’entourent et le servent, afin d’empêcher tout éclat de lumière de faire le jour sur la mission suprême de destruction de la société.

Alors que la plupart des gens ne s’en doutent pas encore, le règne Harper est une image miroir Américanadienne du fascisme djihadiste qu’il utilise afin de multiplier ses droits et ses pouvoirs, ainsi que ceux de ses alliés de l’entreprise privée. Derrière lui se trouve le cancer transnational de la séquence monétaire qu’il incarne dans chaque orientation politique.

John McMurtry

Traduction: Mondialisation.ca

Article original : Canada: Decoding Harper’s Terror Game. Beneath the Masks and Diversions, publié le 28 octobre 2014.

Le Prof. John McMurtry est l’auteur de The Cancer Stage of Capitalism/ From Crisis to Cure

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