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Quand l’ancien Monsieur Sahel du Quai d’Orsay critiquait la politique de Fabius (Mondafrique)

par Mondafrique 10 Novembre 2014, 19:36 France Burkina Faso Françafrique Mali Blaise Compaoré ATT Laurent Bigot Fabius Quai d'Orsay

Quand l’ancien Monsieur Sahel du Quai d’Orsay critiquait la politique de Fabius

Mondafrique

VIDEO - Connu pour son franc-parler sur la crise malienne et sa fine connaissance du continent africain, Laurent Bigot, l'ancien sous-directeur pour l'Afrique occidentale au Quai d'Orsay avait vu juste. Dans une vidéo célèbre datant de 2012 qui avait déclenché la colère de ses supérieurs au ministère des affaires étrangères, il annonçait lors d'une conférence à l'Institut français des relations internationales que le Burkina Faso pourrait être "le prochain pays sur la liste à s'effondrer". Dans ce même discours, il invitait les responsables français à tenir "un langage de vérité" sur les régimes africains alliés traditionnels par Paris tels que le Mali et le Burkina Faso.

Apprécié pour sa liberté de ton et sa grande connaissance des dossiers, l’ex sous directeur Afrique Occidentale du Quai d’Orsay, Laurent Bigot, avait bien de l’avance sur son temps.

Une longueur d'avance

Evincé du ministère des affaires étrangères en février 2013 alors que le Sahel s’enfonçait dans une crise durable, ce jeune quadra fut l’un des premiers à soulever la question de la corruption des élites maliennes qui a contribué à l’effondrement de l’Etat en 2013. Un franc parler qui lui valut d'être poussé vers la porte par Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, après cinq ans passés à ce poste. Aujourd’hui, la chute du président burkinabé Blaise Compaoré lui donne une fois de plus raison.

Dans un discours filmé à l’Institut français des relations internationales en 2012 qui provoqua l’ire de ses supérieurs au ministère, L. Bigot parlait du Burkina Faso comme du « prochain pays sur la liste à s’effondrer ». En annonçant vouloir aller au delà « des positions officielles du Quai d’Orsay », celui qui était à l'époque son Directeur pour l’Afrique de l’Ouest entendait attirer l’attention sur le vrai visage des régimes alliés traditionnels de la France sur le continent. Au banc des accusés : le Mali d’ATT et le Burkina de Blaise Compaoré. Ce dernier, poussé à la démission le 31 octobre suite au soulèvement de la population contre une modification de la Constitution destinée à permettre sa réélection après vingt-sept ans de règne, laisse derrière lui un pays en chantier.

Avec deux ans d'avance, Laurent Bigot pointait notamment une armée et une classe politique burkinabé faibles, une économie maintenue « en coupe réglée par le clan présidentiel » pendant des années, « une corruption qui dépasse l’entendement » et « une implication dans les trafics de la sous région jusqu’au proche entourage du président ». Une liste qui laisse entrevoir l’ampleur des défis à relever pour ce pays dont le flottement politique actuel fait craindre à de nombreux observateurs qu’il ne laisse place à l’instabilité.

Langage de vérité

Face à ces réalités sur lesquelles Blaise Compaoré a bâti son régime autocratique, Laurent Bigot évoquait le devoir pour la France (alliée traditionnelle de l’ex Président) de tenir "un langage de vérité. Un premier pas nécessaire selon lui pour envisager la recherche de solutions. Une étape jamais franchie par Paris qui aura soutenu jusqu’au bout son "ami" Blaise tout comme elle le fit pour Ben Ali en Tunisie.

Rétrospectivement, le discours de Laurent Bigot est également riche d’enseignement sur la situation politique au Mali et s’adapte parfaitement aux dérives actuelles de l’ère d’IBK. Les nombreux scandales dans lesquels sont impliqués le Président et ses proches rapellent les heures les plus sombre de l'époque ATT lorsque la corruption grangrénait l'Etat jusqu'au sommet. L'extrême nord du Mali dont le spécialiste disait qu'il était "hors de contrôle de l'Etat et largement administré par les réseaux de narcotrafiquants" demeure dans une situation semblable aujourd'hui.

Du côté de la France, l'armée est aujourd'hui engagée sur de nombreux terrains où elle rencontre de grandes difficultés. Un an et demi après le renvoi de Laurent Bigot, il semble que les incompatibilités d'humeur avec Laurent Fabius qui ont coûté leur poste à plusieurs autres diplomates aient surtout privé le Quai d'Orsay d'analystes compétents.

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