Comment Hollande s’est payé Sassou & Co. à Dakar Lettre du Continent
François Hollande a saisi la tribune du sommet de la francophonie pour délivrer un sévère réquisitoire contre ses inoxydables homologues africains. Denis Sassou Nguesso avait sa mine des mauvais jours.
Arrivé au Sénégal en provenance de Conakry le 28 novembre à 21h30 (heure locale), François Hollande a été tout au long du 15e sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) comme porté par la chute de Blaise Compaoré, fin octobre.
Démocratie - Le lendemain, lors du discours prononcé à l’ouverture de la conférence devant une trentaine de chefs d’Etat, le président français a martelé « le respect des règles démocratiques, de la liberté de vote et des règles constitutionnelles ». Une tonalité déjà entendue à Kinshasa, en octobre 2012, lors du précédent sommet, mais que l’actualité burkinabè a fait davantage résonner. « Cette transition doit servir de leçon là où les règles constitutionnelles sont malmenées et où l’alternance est empêchée ». Ironie de l’histoire, après cette intervention, François Hollande a posé, pour la photo de famille, entouré à sa gauche de Teodoro Obiang Nguema, doyen des chefs d’Etat africains francophones, au pouvoir sans discontinuer depuis 1979, et, à sa droite, outre Macky Sall, des présidents Denis Sassou Nguesso, Paul Biya et Faure Gnassingbé.
Sassou très tendu - Le mot d’ordre de ce discours a largement pesé pour départager les candidats à la succession d’Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’OIF. Soucieux de parvenir à un consensus pour éviter de recourir à un vote, Macky Sall a convoqué les postulants, à l’exception de la Canado-Haïtienne Michaëlle Jean. Objectif : convaincre ces derniers de renoncer à briguer le poste. Un « huis clos » dans le huis clos des chefs d’Etat et de gouvernement a donc duré pendant plusieurs heures, le 30 novembre, jusqu’au retrait des quatre autres candidats. Denis Sassou Nguesso a offert la plus grande résistance, arguant que le secrétariat général devait revenir à l’Afrique centrale. Mais le peu de cas que le Congo-B fait de la démocratie explique que ce dernier ait échoué à convaincre ses homologues de miser sur son candidat Henri Lopes, par ailleurs âgé de 77 ans.
Lot de consolation - Le secrétariat général échappant à l’Afrique, l’engagement a été pris que le poste d’administrateur de l’OIF reviendrait à un représentant de ce continent. Celui-ci devra avoir pris ses fonctions d’ici mars 2015.
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