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Nigeria: l’Antonov rempli de matériel militaire français peut repartir sur fond de soupçon de liens entre le Tchad et Boko Haram (RFI)

par RFI 11 Décembre 2014, 21:26 Nigeria Antonov France Tchad Matériel militaire français Boko Haram

Nigeria: l’Antonov rempli de matériel militaire français peut repartir sur fond de soupçon de liens entre le Tchad et Boko Haram (RFI)
Nigeria: l’Antonov rempli de matériel militaire français peut repartir

RFI

Au Nigeria, l'avion russe bloqué depuis samedi sur l'aéroport de Kano avec sa cargaison de matériel militaire a finalement eu l'autorisation de redécoller lundi. Paris et Moscou avaient rapidement précisé qu'il s'agissait d'un avion affrétée par l'armée française pour transporter du matériel de Bangui en Centrafrique au Tchad.

L'avion n'avait pas pu atterrir à Ndjamena pour cause d'embouteillage à l'aéroport, mais les services de sécurité nigérians n'étaient pas très convaincus par les explications de l'équipage. S'en sont suivis deux jours d'incompréhensions sur fond de guerre contre Boko Haram et climat de méfiance à l'égard du Tchad.

Impossible de passer inaperçu. L'Antonov 124 est l'un des plus gros avions du monde et lorsqu'il s'est posé, samedi matin, sur l'aéroport de Kano, les douaniers ont immédiatement voulu savoir ce que contenaient ses soutes. Ils découvrent deux hélicoptères d'attaque Gazelles et de nombreuses caisses de matériel militaire français. La découverte a immédiatement déclenché de nombreuses spéculations dans les médias locaux.

« Une puissance étrangère est en train d'armer le groupe Boko Haram ; l'avion est rempli de kalachnikov et d'armes de guerre.... », pouvait-on lire.

Une fois l'inspection faite des papiers et des documents de bord, tout est pourtant en règle. « Il n'y avait pas d'armes ni de munitions dans cet avion et les autorités nigérianes ont reconnu le caractère légal de la cargaison », assure l'ambassade de France.

En fait, l'armée française affrête très régulièrement des Antonov en Ukraine ou en Russie parmi lesquels ceux de la 224e brigade aérienne russe dont faisait partie l'avion qui s'est posé à Kano.

Selon Paris, l'appareil participait à l'allégement de l'opération Sangaris en République centrafricaine. Il devait rapporter du matériel au Tchad. Interrogée par RFI, une source militaire française a précisé que l'avion n'a pas pu se poser à Ndjamena car « le terrain était bloqué par un Boeing 747 qui avait un problème technique ». Avant d’ajouter que pour éviter de tomber à court de carburant le commandant de bord de l'avion russe « a décidé de se dérouter vers Kano », décision a posteriori « peu judicieuse », a commenté cette même source.

Pour un sénateur de l'Etat de Borno, frontalier avec le Tchad, cette affaire est tombée au plus mal. A un moment où dans l'opinion publique nigériane, explique Mohamed Ndume, on s'interroge beaucoup sur les liens entre Boko Haram et Ndjamena.

Jeudi dernier, une délégation composée de représentants de « Bring back our girls » a manifesté devant l'ambassade du Tchad au Nigeria pour demander des nouvelles des 200 lycéennes de Chibok enlevées par Boko Haram et peut-être emmenées dans un pays voisin. Le gouvernement tchadien était impliqué dans les négociations pour leur libération. Aucune nouvelle depuis.

Cette délégation nigériane cherchait aussi à en savoir plus sur la présence de Tchadiens au sein du groupe Boko Haram et sur de possibles livraisons d'armes via le territoire tchadien. Ce que l'ambassadeur du Tchad a vigoureusement démenti jeudi dernier.

Ce qui provoque ces soupçons c'est que, contrairement au Cameroun, le Tchad n'est jamais attaqué par Boko Haram, explique le chercheur nigérian, Mohammed Kiary, ajoutant que des proches du président Idriss Deby auraient des liens avec les islamistes, d'où son implication dans des négociations. Ce spécialiste précise néanmoins qu'il n'y a aucune preuve de soutien direct. En revanche, il évoque une section tchadienne de combattants au sein du groupe Boko Haram.

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