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Pressions pétrolières. Veut-on faire imploser la Russie et l’Iran ? (VDR)

par VDR 29 Décembre 2014, 23:08 Russie Iran Prix du pétrole Opep USA

Pressions pétrolières. Veut-on faire imploser la Russie et l’Iran ? (VDR)
Pressions pétrolières. Veut-on faire imploser la Russie et l’Iran ?
Voix de la Russie

Le cours du pétrole ne cesse de dégringoler depuis juin. Pis encore ! Sa chute vertigineuse entraîne à sa suite celle du rouble, d’une part, tout en attisant les inquiétudes et les soupçons de l’Opep, d’autre part. Viserait-on à dessein certains pays peu commodes tels que la Russie et l’Iran ?

Aucune raison objective ne saurait en effet expliquer la chute du baril sauf si l’on garde en vue que les pays producteurs ne sont pas ceux qui fixent les prix de cette production. L’or noir, sera-t-il la sauce à laquelle on nous resservira, réchauffée, l’ingérence jusqu’au-boutiste d’un Empire qui selon la très juste métaphore de Pierre Vaudan ne veut pas mourir dans son lit?

S’il est vrai que les dégringolades du pétrole ne semblent guère tenir à une chute de la demande mondiale comme le sous-entend le mainstream médiatique occidental, on pourrait néanmoins s’interroger sur les limites de l’éventuelle connivence du couple USA/Arabie Saoudite. Certains experts évoquent une initiative conjointe visant à noyer l’Axe de la Résistance, la Russie étant plus particulièrement visée vu le rôle aberrant qu’elle a joué d’abord dans le dossier iranien, ensuite syrien. D’autres analystes sont plus prudents considérant que Riyad espérerait plutôt contrer autant que possible l’arrivée sur le marché des huiles de schistes. Les deux hypothèses, se contredisent-elles véritablement ? Après tout, la fracturation hydraulique du schiste présente des conséquences néfastes pour l’environnement, il n’est donc pas certain que les USA soient bien affligés de la riposte saoudienne.

Ce qui est en revanche est flagrant, ce sont les répercussions que cette spéculation fondamentale aura (et a déjà) sur la Russie sachant entre autres que le prix du gaz naturel est largement indexé à celui du pétrole et que, très clairement, le cours du rouble est en principe parallèle à celui du pétrole, spéculatif à l’image du dollar. La dévaluation du rouble entraînant une inflation galopante, les masses pourraient être amenées à réagir en pointant du doigt l’incompétence du Kremlin. Ne serait-ce pas, in fine, l’objectif poursuivi, car nous sommes un peu dans une logique de course contre la montre ? Soit le processus de dédolarisation au coeur des BRICS aboutit et frappe lourdement l’Empire ce qui, faute de moyens, le conduirait à lâcher prise en Iran et en Syrie, soit les tendances s’inversent, la multipolarisation du monde est partie remise (ou annulée ?) et les States prorogent leur durée de vie aux dépens d’une UE vassalisée, d’une Syrie détruite comme l’Irak et d’une Russie affaiblie au maximum.

Ces réflexions formulées, j’ai le plaisir de donner la parole à M. Bassam Tahhan, géostratège de renom très versé dans la réinformation.

La Voix de la Russie. « On observe une chute spectaculaire des prix du pétrole depuis le mois de juin. Croyez-vous qu’il s’agisse d’un coup monté de la part des USA visant à désarçonner la Russie et à déstabiliser l’Iran ou faudrait-il plutôt penser que l’Arabie Saoudite fait elle-même pression sur les States pour étouffer la révolution du gaz de schiste ?

Bassam Tahhan. Ce sont les pays anglo-saxons qui fixent les prix du pétrole et qui veulent mettre à genoux et la Russie, l’Iran, le Venezuela et l’Algérie, cela parce que ces quatre pays se fondent essentiellement sur l’exportation de l’énergie fossile, c’est-à-dire le pétrole et le gaz, dans leur économie. Pour ce qui est de la deuxième thèse, je n’y crois guère. Si on se reporte aux déclarations du ministre saoudien du Pétrole faites lundi dernier – les pays de l’Opep peuvent vendre leur pétrole même à 20 dollars le baril – ce n’est pas pour faire concurrence aux USA mais pour régler leurs comptes avec leurs deux ennemis d’aujourd’hui ou en tout cas les pays qu’ils considèrent comme tels, j’entends par là et l’Iran et la Russie.

L’Iran, pour la simple raison qu’ils se rendent compte que ce pays, malgré les sanctions, continue de se développer, de vendre son pétrole et est en voie d’avoir son énergie nucléaire. La Russie, parce qu’elle soutient le gouvernement d’Assad et l’Axe de la Résistance anti-américain dans la région. Qui dit anti-américain sous-entend forcément cette alliance entre les pétromonarchies, à savoir le Qatar, les Emirats, le Koweït et le Royaume Saoudite avec, bien entendu, les USA. Il me semblerait hautement étrange que ces pays qui sont des alliés des USA et qui ont signé des conventions de défense commune pour 60 ans se résolvent à poser des problèmes aux USA. Il s’agit en quelque sorte de l’arbre qui cache la forêt.

En réalité, ces pays-là ne rêvent que d’une chose : de l’effondrement de la Russie. Et ils sont d’ailleurs prêts à tout, même à perdre une partie de leurs rentes pour voir une révolution implosive éclater en Russie et en Iran. Dans ce contexte précis, on ne peut pas ignorer le rétablissement des relations diplomatiques des USA avec Cuba puisque ce que cherche Washington dans cette ouverture vers Cuba et le levée des sanctions, c’est bien le pays qui est derrière, le Venezuela. Les USA rêvent d’avoir la mainmise sur son pétrole et l’ensemble de son économie. Plus le pétrole chute, plus le pétrole vénézuélien leur sera presque donné ! C’est en outre le meilleur moyen d’expulser toute idée de gauche ou toute alliance avec la Russie. Les USA considèrent l’Amérique du Sud comme un continent qui ne referme que leurs colonies, considération qui explique tout cet acharnement non seulement sur le pétrole mais évidemment sur l’or dont le prix est également en chute libre. Il a perdu 50% de sa valeur ce qui constitue un évènement historique ! Tout le monde sait que la Russie est le pays qui a la plus grande réserve d’or dans le monde.

On voit donc distinctement qu’allumer un conflit à la frontière de la Russie avec l’Ukraine va dans la même logique qu’asphyxier économiquement la Russie. Comme les atlantistes ne peuvent pas mener une guerre directe, ils essayent, par le biais de cette guerre économique, de provoquer des problèmes intérieurs. Ceci dit, je ne pense pas qu’ils y parviendront.

La VdlR. Et qu’en est-il de l’Algérie ? Elle aussi est sous le coup des spéculations ...

Bassam Tahhan. Bien sûr, dans la mesure où son économie est essentiellement fondée sur l’exportation du pétrole. Comme l’Algérie est un pays qui s’est singularisé par ses positions face à la crise syrienne en défiant les décisions de la Ligue arabe, il convient de la museler. Comment ? Encore une fois, en lui faisant subir les conséquence de cette guerre du pétrole.

Ayant parlé de la crise sous toutes ses déclinaisons, j’exprimerais néanmoins mon optimisme. En voici la raison : à l’heure actuelle, la plus grande puissance économique du monde, c’est la Chine qui en plus est le plus grand pays à détenir des devises en dollars. Ce coup des USA vise donc en arrière-plan à déstabiliser les accords conclus entre les pays du BRICS. Ces derniers, s’ils sont unis, sont en mesure de changer la politique du monde en s’opposant aux USA. Or, les spéculations autour du baril visent surtout à créer une sorte de mésentente dans la camp des BRICS qui peuvent essayer de concurrencer le billet vert en vendant les hydrocarbures dans d’autres monnaies. Je pense donc que la Russie peut redresser la barre ce qui, sans être immédiat, pourrait porter ses fuits à la longue. Pour ce faire, elle doit renforcer son alliance avec les autres pays du BRICS et rétablir de facto un certain équilibre dans les échanges.

Ce qui par contre apparaît pour elle problématique, c’est sa capacité à pouvoir traverser la crise et à la surmonter sans trop de dégâts. En poussant l’Ukraine à sortir de la liste des pays non-alignés et à entrer dans l’OTAN, je suppose que les Américains projettent d’augmenter davantage encore la pression de toutes parts, que ce soit à travers la guerre de Syrie, la guerre, ici par extension de sens, de Crimée, à travers, en somme, toutes ces sanctions qui la frappent autant que l’Iran et d’autres pays.

Cela étant, à trop imposer de sanctions, tous ces pays qui sont sanctionnés vont finir par créer un marché parallèle. A trop exclure les pays du BRICS de l’économie mondiale et de ce processus de mondialisation favorable aux USA et à ses alliés, on les poussera à créer leur propre modèle de « mondialisation ». Nous n’en sommes pas loin. Je reste donc optimiste pourvu que le peuple russe, les peuples des pays menacés par ces pressions pétrolières conjuguées pour certains avec des sanctions accrues, tiennent le coup. Je crois qu’ils le tiendront parce qu’il y a un sentiment national très fort qui anime ces pays-là ».
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