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Kouachi-Coulibaly, le réseau terroriste oublié par les services de renseignement (MdP)

par Fabrice Arfi et Karl Laske 11 Janvier 2015, 00:39 Attentat Charlie Hebdo France Réseau terroriste Kouachi Coulibaly Cazeneuve

Kouachi-Coulibaly, le réseau terroriste oublié par les services de renseignement (MdP)
Kouachi-Coulibaly, le réseau terroriste oublié par les services de renseignement
Par Fabrice Arfi et Karl Laske

Mediapart

L’apparition d’Amedy Coulibaly dans les attaques de Montrouge et de la porte de Vincennes, après le massacre de Charlie Hebdo, prouve l’implication d’un groupe structuré qui va au-delà des frères Kouachi. Selon les documents obtenus par Mediapart, une enquête antiterroriste de 2010 sur une tentative d’évasion de l’artificier des attentats de 1995 laissait déjà entrevoir de sanglantes « opérations martyres ». Kouachi et Coulibaly étaient au cœur du dossier.

Les archives ont parlé. Dans les heures qui ont suivi l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, la police a compris qu’elle avait un dossier pour remonter très vite aux assassins. L’oubli – délibéré ou non – de la carte d’identité de Saïd Kouachi, l’un des deux auteurs du massacre avec son frère Chérif, dans une voiture pendant leur fuite, le 7 janvier, a suffi. Le nom des Kouachi a aussitôt fait émerger le dossier de l’enquête antiterroriste ouverte en 2010 sur l’opération visant à faire évader de prison plusieurs chefs islamistes, parmi lesquels Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier des attentats parisiens de 1995. La police a ainsi rapidement multiplié les perquisitions en région parisienne.

Déjà condamné en 2008 dans le dossier de la filière de recrutement djihadiste dite “des Buttes-Chaumont”, Chérif Kouachi avait été soupçonné, en 2010, d’avoir rejoint ce nouveau réseau chargé de l'évasion de Belkacem. Tout comme Amedy Coulibaly, mis en cause dans les assassinats de Montrouge et de la porte de Vincennes, ces 8 et 9 janvier. Actuellement recherchée pour son implication présumée dans les dernières actions, Hayat Boumeddienne, la compagne de Coulibaly, avait elle aussi été arrêtée, entendue et perquisitionnée dans cette même affaire.

Alors que Kouachi a bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction, Coulibaly a été condamné à cinq ans de prison, le 20 décembre 2013. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a donc induit l’opinion publique en erreur en déclarant, vendredi, que « rien ne témoignait du fait » que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly « pouvaient s'engager dans un acte de ce type. Leur situation n'avait pas été judiciarisée ».

En décembre 2013, huit autres membres du groupe de Kouachi et Coulibaly avaient écopé de peines allant de un à douze ans de prison. Un seul a fait appel : la figure centrale du réseau, Djamel Beghal, condamné en 2005 pour avoir nourri quatre ans plus tôt un projet d’attentat contre l’ambassade américaine à Paris. Il a été écroué puis assigné à résidence dans le Cantal. En décembre dernier, la peine de Beghal dans l’affaire des projets d’évasion a été confirmée par la cour d’appel de Paris. C'était il y a à peine plus d’un mois.

« Pas de preuves, et seules les convictions religieuses sont condamnées », s’est alors plaint Beghal sur son blog. Le dossier d’enquête auquel Mediapart a eu accès dans son intégralité laisse pourtant entrevoir l’existence d’un groupe armé, déjà prêt à envisager, outre des tentatives d’évasion, des « opérations martyres ». Six membres de ce groupe – dont quatre avaient purgé leurs peines – étaient en liberté à la veille de l’attentat contre Charlie Hebdo...



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