Mystérieux « suicide » du policier chargé de la connexion Charlie Hebdo-Jeannette Bougrab Par Hicham Hamza Panamza
Exclusif. Panamza a recueilli le témoignage troublant de la famille d'Helric Fredou, commissaire de police chargé de rédiger un rapport sur l'entourage familial de Charlie Hebdo et retrouvé mort d'une balle dans la tête quelques heures après l'attentat.
Le 16.01.2015 à 10h59
Une chape de plomb en France, un sujet d'interrogation à l'étranger.
Tel est le contraste médiatique au sujet de l'annonce du "suicide" d'un policier impliqué dans l'investigation relative à la fusillade survenue au siège de Charlie Hebdo.
Les millions de téléspectateurs de l'émission Daily News & Analysis (DNA) de la chaîne indienne Zee News ainsi que les 150 000 abonnés du compte Youtube de l'antenne ont ainsi pu découvrir ce dont les Français ont été privés à ce jour : un reportage audiovisuel consacré à une affaire passée sous silence par les médias nationaux.
Le jeudi 8 janvier, la presse locale de Limoges (Le Populaire, France Bleu et France 3 Limousin) faisait état du décès d'un homme dénommé Helric Fredou. Âgé de 44 ans, ce directeur adjoint du service régional de la police judiciaire a été découvert mort dans son bureau, la veille, vers 1h du matin. Il se serait tiré une balle dans la tête avec son arme de service.
Le syndicat des commissaires de police a réagi via la publication d'un communiqué.
Le lendemain, ce fut au tour du Parisien d'évoquer la nouvelle en insistant, à l'instar des médias locaux, sur le caractère prétendument "dépressif" d'Helric Fredou.
"Des papiers pourris", rétorque la soeur du défunt
Mercredi 14 janvier, au lendemain des obsèques d'Helric Fredou, Panamza a contacté sa soeur -qui préfère demeurer non identifiée- afin de clarifier l'implication du policier, vaguement évoquée par la presse régionale, dans l'enquête relative à l'attentat de Charlie Hebdo. Extraits principaux de l'échange téléphonique :
- "Sur le coup, je me suis dit c'est pas possible, quelqu'un l'a flingué mais on est pas dans un film" : la soeur refuse de croire en la possibilité angoissante d'un meurtre mais continue de s'interroger sur les circonstances exactes de la mort du policier.
- "Pas de courrier laissé ni de plaque sur son bureau" : Helric Fredou n'a laissé aucune lettre pour expliquer son geste. De même, il n'a pas déposé sa plaque de police en évidence comme le font parfois certains de ses collègues retrouvés suicidés.
- "C'était quelqu'un de calme, avec un grand esprit de discernement selon son formateur" : la soeur a plusieurs fois souligné le sang-froid du policier -tenu en estime par son formateur en raison de sa perspicacité- et le fait qu'il n'était ni violent ni impulsif.
- "On nous a enlevé les ordinateurs et son portable perso, on nous a tout pris, ça nous a choqués mais c'est la procédure, nous a-t-on dit" : dans l'après-midi du 8 janvier, les policiers ont fouillé le domicile du défunt, en présence de sa mère et de sa soeur, avant d'emporter son matériel informatique et son smartphone personnel.
- "Ma maman, qui était très fusionnelle avec lui, est retournée contre la terre entière : elle veut savoir comment il s’est tué. Il a un pansement sur le front. Sur le côté, c'est trépané à cause de l'autopsie. À l'arrière du crâne, il n'y a rien": informée vers 5 heures du matin du décès, la soeur rapporte avoir dû insister pour accéder au corps du défunt. C'est seulement en fin de journée qu'elle et sa mère ont été autorisées à voir le corps d'Helric Fredou.
- "Mon frère avait lui-même trouvé deux suicidés -dont l'un à Melun- et avait dit à maman 'je te ferai jamais un truc comme ça', à savoir me tuer et te laisser seule. Il n'était pas dépressif" : en novembre 2013, Helric Fredou avait effectivement été le policier qui avait découvert le corps de son collègue Christophe Rivieccio, retrouvé mort dans le même commissariat de Limoges.
- "Mon frère était chez lui ce soir-là et comme il était de permanence, ils l'ont appelé et il est venu au commissariat vers 23h30… La journée avait été très tendue selon ses collègues…. Des policiers de Paris étaient présents dans la soirée… Il devait rédiger un rapport mais il y a eu des frictions, je ne sais pas sur quoi… Il leur a dit qu'il devait passer de toute urgence un coup de téléphone et comme ils ont vu qu'il ne revenait pas, un collègue est allé le chercher à son bureau et l'a découvert mort" : ce mercredi soir, des policiers partis procéder à des vérifications de sécurité auprès d'une famille de victime de l'attentat ont été débriéfés par Helric Fredou. Le témoignage de sa soeur apporte deux éléments troublants : des "frictions" se seraient manifestées entre policiers au sujet du rapport (finalement jamais entamé) que devait rédiger Helrou; dans ce contexte tendu, l'homme a été retrouvé mort quelques minutes après avoir déclaré à ses collègues qu'il devait à tout prix téléphoner à quelqu'un de non identifié.
- "Des gens de Paris sont descendus pour nous expliquer comment cela s’est passé" : la soeur souligne que des cadres de la police nationale se sont déplacés expressément le lendemain à Limoges et ont tenu à lui certifier qu'il s'agissait d'un suicide.
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La "famille de victime" domiciliée aux environs de "Châteauroux" -selon les journalistes de Limoges- n'est jamais explicitement identifiée dans les rares articles faisant état de la mort d'Helric Fredou.
Curieuse omission : un simple recoupement, basé sur la consultation de la presse locale, permet de déduire qu'il s'agit des parents de Jeannette Bougrab, militante UMP qui affirme aujourd'hui avoir été la compagne du directeur assassiné de Charlie Hebdo.
Helric Fredou devait rédiger un rapport à leur sujet.
Panamza a également contacté la famille Bougrab. Peine perdue: dès les premières secondes, la mère de Jeannette Bougrab (présentée aujourd'hui par sa fille comme "mourante") a aussitôt déclaré :"C'est pas mon affaire, tout ça, allez, au revoir".
Rappel : la famille de Stéphane Charbonnier alias Charb a démenti samedi toute forme d'"engagement relationnel" entre l'ex-patron de Charlie et Jeannette Bougrab. Clémentine Autain, proche du clan Charb, est allée encore plus loin en qualifiant l'ex-secrétaire d'État du gouvernement Fillon d'"usurpatrice".
Une chose est certaine à ce jour : les nombreuses interventions médiatiques (TF1, France 2, BFM TV, Canal+, BBC News, MSNBC) de Bougrab -une juriste réintégrée au Conseil d'État en vertu d'un arrêté du 11 juillet acté par Manuel Valls et Christiane Taubira- comportent les mêmes éléments de langage mais également des contre-vérités.
Exemple: dans un premier temps, elle a affirmé à Paris-Match avoir été "trois ans" avec Charb avant de se corriger et d'indiquer désormais qu'ils étaient ensemble depuis "un an".
Autre illustration : Bougrab prétend que sa fille appelait Charb "papa". Voici pourtant ce qu'elle déclarait, le 15 décembre dernier, au site du magazine Gala.
L’absence de père est aussi un sujet délicat.
« May m’a déjà demandé pourquoi elle n’avait pas de papa. Je lui ai répondu que nous en choisirions un ensemble et que ce serait encore mieux ».
La jeune femme rêve de se marier un jour et elle sait gré à ses parents de ne pas lui reprocher sa vie de célibataire.
Celle qui s'affiche dorénavant comme la veuve éplorée de Charb (un homme qui fut pourtant absent lors de sa dernière soirée d'anniversaire) avait déjà rendu hommage au caricaturiste -sans préciser alors tout éventuel lien entre eux- dans son autobiographie, sortie en janvier 2013. Extrait.
Mais, au fait : qui est Jeannette Bougrab?
Le 11 juillet 2013, Panamza lui avait consacré un portrait relatif à sa connexion accrue avec la mouvance antimusulmane et pro-israélienne.
Durant l'automne 2014, Bougrab affichait publiquement son art du grand écart : cette intime de Patrick Buisson (un ex-journaliste d'extrême droite qui avait enregistré Nicolas Sarkozy à son insu et qui est représenté en justice par un proche de Benyamin Netanyahou) militait en faveur de l'ancien chef de l'État.
Dans les mois précédents, Bougrab avait passé une majeure partie de son temps à l'étranger pour réaliser son documentaire diffusé le 3 décembre par Canal+ et intitulé Interdites d'école.
Enfin, un élément d'information mérite ici d'être particulièrement souligné : la première personnalité publique à avoir évoqué un lien conjugal entre Charb et Bougrab est Caroline Fourest.
Ce fut le 8 janvier, à l'aurore, sur l'antenne de France Inter (à 1'20).
La veille, jour de l'attentat, Fourest était venue sur les lieux en compagnie de Jeannette Bougrab et Richard Malka (l'avocat de Charlie Hebdo qui aurait mis Charb et Bougrab en relation). Particularité singulière du trio : le même ancrage international dans la nébuleuse sioniste et islamophobe .
Fourest comme (première) caution de bonne foi à la relation Bougrab-Charb?
À vous, lecteur-citoyen, de briser l'étrange omerta française autour de l'affaire Fredou-Bougrab.
Rien ne permet, en ce jour, d'affirmer que le policier ait été tué pour le faire taire sur ce qu'il aurait inopinément découvert.
Néanmoins, au regard des zones d'ombre relatives à sa mort survenue dans un contexte de surexploitation politique de l'attentat, rien n'autorise également à évacuer d'emblée l'hypothèse d'un meurtre expéditif déguisé en suicide pour "dépresssion".
Dernier détail troublant : un homme aujourd'hui au sommet de l'État n'a publiquement exprimé aucune parole de compassion au sujet d'Helric Fredou alors qu'il était en contact régulier avec lui dans un proche passé. De 2010 à 2012, le policier occupait la fonction de commissaire central à Cherbourg. À la même époque, le député-maire de la ville côtière n'était autre que Bernard Cazeneuve, actuel ministre de l'Intérieur en charge de l'enquête sur l'attentat et membre discret de la mouvance pro-israélienne.
HICHAM HAMZA