Ainsi donc les parlementaires qui se sont rendus en Syrie pour rencontrer Bachar al-Assad, auraient commis une "faute morale" selon le premier ministre français, Manuel Valls.
Ces quatre "parlementaires en déplacement en Syrie sont, outre Jacques Myard, Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Vial, sénateur UMP de Haute-Savoie, président du groupe d’amitié France-Syrie au Sénat, et François Zocchetto, sénateur UDI de la Mayenne, président du groupe UDI-UC, membre du groupe France-Syrie au Sénat" (Mandaniya).
Mais à quelle aune, Manuel Valls, peut-il juger de leur qualité morale et plus généralement être garant de la moralité ?
Où était-il quand son ministre des Affaires étrangères actuel criait haut et fort en 2012 que le groupe rebelle islamiste Al-Nosra "faisait du bon boulot" dans sa lutte contre Bachar al-Assad, enfonçant un peu plus la Syrie dans un chaos sanglant au nom des intérêts atlantistes et sionistes ?
Que disait-il quand son "chef de guerre" reconnaissait avoir armé les rebelles dits "modérés" jusqu'en 2014, alors que les services secrets français savaient pertinemment que nombre de ces rebelles rejoignaient avec armes et bagages les groupes islamistes se revendiquant d'Al-Quaïda ou bien de l'Etat islamiste naissant qui agissaient de concert contre le gouvernement de Bachar al-Assad en commettant les pires atrocités ? Ainsi les services français étaient au courant des filières djihadistes françaises et auraient laissé faire pendant les premières années selon le spécialiste David Thomson. Alain Marsaud, député UMP, quant à lui n'avait pas hésité à déclarer en avril 2014, que la France était l'alliée objective des djihadistes. Quant aux rebelles "modérés", ils n'ont jamais caché leur barbarie. Il s'agit d'un fourre-tout hétéroclite où traînent les pires crapules soutenues par les autorités françaises. Ainsi l'un des commandants des rebelles "modérés" se vantait sur la BBC d'actes de cannibalisme. Sans doute une faute de mauvais goût mais pas une "faute morale" ?
On croirait marcher sur la tête, tellement le jugement du premier ministre semble sélectif et orienté en fonction d'une ligne politique dirigée par son mentor François Hollande. Ce dernier, dans une logique incompréhensible, déclarait, après avoir armé les rebelles syriens, "qu'Assad était l'allié des djihadistes".
Oui, on croirait marcher sur la tête dans ce grand bal d'hypocrites. Valls déclarant la main sur le coeur : "rencontrer un boucher est une faute morale" au sujet des quatre parlementaires français qui sont partis en Syrie discuter avec Assad.
Et que pense Manuel Valls, lorsqu'il va lui-même rendre hommage et serrer la main du grand dictateur françafricain Idris Déby qui sert les intérêts français en Afrique ? Celui qui a été le bras droit du criminel contre l'humanité Hissène Habré, celui qui est accusé de crimes de guerre et contre l'humanité par l'opposition de son pays, de répression sanglante de l'opposition et d'avoir fait assassiner le plus grand opposant démocratique du Tchad, Ibni Oumar Mahammat Saleh, après avoir été maintenu au pouvoir grâce à l'intervention de l'armée française en 2008 ?
Sans doute que pour lui, il ne s'agit pas de "faute morale" ? Sans doute que pour lui en Afrique ce n'est pas très important ? A croire que sa conception des droits de l'homme serait sélective et racialiste ? Ou plus exactement régulée par la loi du portefeuille et des intérêts français.
Mais gageons qu'il s'agit d'un grand numéro de cirque de politique française intérieure et que les quatre parlementaires (socialistes et UMP) étaient en mission officieuse étrangère pour renouer des consultations et les liens entre services français et syriens face à la montée des groupes islamistes radicaux et de l'Etat islamique, montée auquel Paris n'est pas étranger.