Des documents nouvellement déclassifiés du FBI révèlent comment l'agence fédérale étatsunienne à la demande de J Edgar Hoover a surveillé les activités de douzaines de grands écrivains afro-étatsuniens pendant des décennies. Ces documents révèlent que le FBI consacrait son temps à réaliser des rapports de milliers de pages pour détailler leurs activités et critiquer leur travail. Ce travail de fichage des auteurs-écrivains afro-étatsuniens aurait duré de 1919 à 1972.
Des copies numériques de 49 des dossiers du FBI ont été mis à la disposition du public en ligne. "Les fichiers collectés de l'ensemble des auteurs comprennent 13,892 pages, soit l'équivalent approximatif de 46 300 pages".
Selon l'universitaire William Maxwell, la surveillance du FBI vient du fait que "depuis le début de son mandat au sein du FBI ... Hoover considérait qu'il y avait toujours un risque important d'alliance entre la littérature noire et le radicalisme noir émergent".
Selon Maxwell, "Il y a eu également, la collision suspecte entre certains écrivains afro-étatsuniens avec la politique socialiste et communiste aux États-Unis". Richard Wright et WEB Du Bois sont tous les deux devenus membres du Parti communiste ce qui n'a fait qu'augmenter la surveillance du FBI.
Mais par de là la prétendue idéologie de certains de ces écrivains, il est aussi bien connu qu'Hoover fut toujours hostile à la cause des Noirs, au mouvement des droits civiques et notamment à Martin Luther King.
Certains écrivains ont eu de fort soupçons de la surveillance exercée par le FBI à leur égard. Ainsi Richard Wright a écrit un poème en 1949 intitulé "FB Eye Blues", dans lequel le romancier a écrit "partout où je regarde, Seigneur / Je trouve les yeux FB / Je suis tombé malade et suis fatigué des espions du gouvernement". En fait il avait été tenu au courant qu'il était sous surveillance du FBI.
Woke up this morning
FB eye under my bed
Said I woke up this morning
FE eye under by bed
Told me all I dreamed last night, every word I said.
Wright a écrit "FB Eye Blues" pendant la guerre froide sur le chemin de l'Argentine, longtemps après l'abandon du «projet» de sa poésie révolutionnaire. Après son exil à Paris, Wright a trouvé un prolongement logique dans son étreinte obsessionnelle du haïku à la fin des années 1950.
William Maxwell a repris le titre du poème de Richard Wright "FB Eye Blues" pour son livre où il détaille comment le FBI a menacé les voyages internationaux des écrivains afro-étatsuniens et a envisagé des dizaines d'emprisonnement d'entre eux en cas d'urgence nationale. (Introduction du livre [en PDF] )
Source : The Guardian FBI monitored and critiqued African American writers for decades
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