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Europe occidentale. La France en pole position concernant le nombre de ses ressortissants qui combattent au sein des groupes djihadistes en Syrie et en Irak

par Sam La Touch 22 Mars 2015, 11:25 Articles de Sam La Touch France Syrie Djihadisme Citoyens français Service de renseignements Al Nosra Irak

Dernières modifications le 22.03.15 à 13h

La France est en passe de devenir le leader, en Europe occidentale, en ce qui concerne le nombre de djihadistes partis en Syrie parmi ses ressortissants. En effet, elle occupe la première place avec plus de 1200 Français qui ont quitté la France pour rejoindre les groupes miliciens en Syrie et en Irak.

«Le nombre de ressortissants français ou résidents habituels en France en lien avec les filières terroristes en Syrie et en Irak s’établit à plus de 1 200. Il a doublé depuis le début de l’année», indique le ministère de l'Intérieur, dans une communication au Conseil des ministres. « 83 départements français sont désormais concernés. Les profils des individus en cause sont très divers : les femmes représentent près de 30% des personnes impliquées ; près d’un quart sont des personnes récemment « converties ». (Source l'Opinion).

En effet, en juin 2014, le "chef de guerre" François Hollande, déclarait que 800 citoyens français étaient partis en Syrie pour faire le Djihad, ils seraient donc actuellement 1200 impliqués dans les filières djihadistes en Syrie et en Irak.


La Grande-Bretagne arriverait en deuxième position avec plus de 600 de ses ressortissants qui combattent dans les rangs des djihadistes en Syrie. A noter toutefois, selon Sputnik News citant le rapport de l'ISCR qu'en termes "de nombre d'islamistes par million d'habitants, la Belgique occupe la première position (40). Viennent ensuite le Danemark (27) et la Suède (19 par million)."

Enfin, selon selon le Centre international d'études sur la radicalisation et la violence politique britannique (ISCR), entre 3.500 et 3.950 ressortissants de l'Europe de l'Ouest combattent dans les rangs de groupes islamistes en Irak et en Syrie ou exercent des activités subversives dans leur pays d'origine. Le nombre de combattants étrangers selon ce rapport dépasse les 20.000 ce qui n'a jamais été vu auparavant même en Afghanistan dans les années 1980 (où les USA et la CIA allaient participer à la création des forces Talibanes puis d'Al-Quaïda contre l'envahisseur communiste russe).

Si l'on s'attarde sur le rapport de l'ISCR, les 3 premiers pays qui arrivent en tête, respectivement la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, le seraient en parti pour la taille de leur population (France : 66 millions, Grande-Bretagne : 64 millions et Allemagne : 81 millions) et sans doute aussi en raison de leur histoire coloniale respective. Néanmoins les taux les plus élevés par millions d'habitants se retrouvent en Belgique, Danemark, Suède et en France. Ce dernier pays se retrouve à la 4ème place avec un taux à 18 par million d'habitants. C'est aussi le pays en Europe où les attentats terroristes attribués à des djihadistes français ont été les plus importants (cf. Attentat à Paris début janvier 2015), sans oublier l'attentat qui aurait été commis dans le musée juif de Bruxelles par un djihadiste français.

Lire le rapport de l'ISCR : Foreign fighter total in Syria/Iraq now exceeds 20,000; surpasses Afghanistan conflict in the 1980s



Méthodologie : L'institut ICSR est une ONG qui existe depuis 2008. Il travaille avec plusieurs universités dans le monde, pour mesurer les effets de la radicalisation politique. Pour réaliser ses estimations, l'ICSR s'est appuyé sur la BBC britannique et sur son réseau de correspondants. Il a utilisé plusieurs sources (presse locale, ONG, associations...) afin de lister chaque cas. Les attaques sont rapportés au djihad lorsqu'ils sont revendiqués par ou peuvent être clairement attribués à un groupe djihadiste, au sens où il prône la guerre sainte et suit le salafisme. (source Le Monde)

Il est vrai que les autorités françaises font leur maximum pour enrayer la fuite de ses ressortissants qui partent faire le Djihad en Syrie et ailleurs. Mais est-ce que cela a toujours été le cas ? Y a-t-il une particularité française ?

Selon le spécialiste Daniel Thomson, les services français étaient parfaitement au courant des filières jihadistes et auraient laissé faire jusqu'en 2014. Ces filières alimentaient les réseaux terroristes de l'Etat islamique du Levant et d'Irak se réclamant d'Al-Quaïda.

Ainsi Daniel Thomson, grand reporter sur RFI, a déclaré au JT de 12h30 de France 3, le 02.05.14 :
"La France est en train de changer de stratégie vis à vis du phénomène jihadiste en Syrie partant du constat que les autorités se sont laissés totalement débordés par le phénomène. Tout simplement parce que jusqu'à maintenant jamais les autorités françaises n'ont vraiment essayé d'empêcher le phénomène. La stratégie des services de renseignement c'était de dire laissons les tous partir en Syrie, parce qu'ils partent combattre une ennemi commun et parce qu'ils ne sont pas en France avec le risque qu'ils commettent une opération armée sur le sol français, laissons les partir et nous verrons au retour". (Les filières terroristes vers la Syrie étaient soutenues par les services français).

Jusqu'en 2012, au moins, les autorités françaises ne cachaient pas leur soutien à l'organisation milicienne d'Al-Nosra qui selon le gouvernement français faisait du "bon boulot" tandis que le "chef de guerre" ne se cachait pas jusqu'en 2014 d'avoir armé l'Armée Syrienne Libre, un ramassis de miliciens avec bon nombre de djihadistes en leur sein, dont les services français savaient pertinemment qu'ils flirtaient avec les groupes terroristes djihadistes d'Al-Nosra ou bien plus récemment de l'EI. Dans une interview donnée en avril 2014, le commandant de l'ASL (Armée Syrienne Libre) Jamal Maarouf a admis que ses combattants menaient régulièrement des opérations conjointes avec Al-Nosra branche affiliée d'al-Quaïda en Syrie. Sans compter sur les rançons fournit par l'Etat français aux djihadistes syriens de l'EI pour délivrer les otages français (Paris a payé 18 millions de dollars pour libérer les otages français en Syrie (Focus) ). Alain Marsaud, député français de l'UMP, déclarait sur BFM TV : "Ce sont nos alliés (proches d'Al-Quaïda en Syrie) qui ont enlevé nos journalistes" . Hier sur France 2 dans l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier, deux de ces mêmes journalistes, libérés par l'EI, après 10 mois de détention en Syrie, se sont alignés sur la position de l'Etat français en se déclarant déçu de l'absence de décision d'Obama d'intervenir militairement en Syrie pour soutenir l'ASL en 2013, armée qui a pourtant été formée par les puissances occidentales et dont la majorité des membres ont rejoint les groupes terroristes d'Al-Nosra ou de l'EI qui sèment le chaos en Syrie. Cette posture ressemble à s'y méprendre à une identification à l'agresseur ou au syndrome de Stockolm serait-on tenté de dire. (Lire également : L'auteur présumé de la tuerie de Bruxelles le 24 mai dernier, Mehdi Nemmouche, aurait été l'un des geôliers d'otages français détenus en Syrie (Metro News) )

La position française pour le moins ambivalente explique sans doute le défaut de légitimité des autorités actuelles pour apparaître crédible dans la lutte contre les réseaux djihadistes français ou syriens qu'ils ont soutenu politiquement, militairement et économiquement (directement de par les rançons versés à l'EI, indirectement de par leur soutien aux pays du Golfe qui financent les djihadistes syriens) il y a peu. Un double discours semble clairement apparaître. La position française apparaît parfois même "schizophrénique" quand un blogueur voit son site censuré par l'Etat français alors que son discours est assez similaire de celui du ministre français des Affaires étrangères.

En 2013, Laurent Fabius, appelait dans un discours calqué sur celui des autorités israéliennes, à arrêter la progression des forces d'Assad, ce qui revenait à protéger les forces d'Al-Nosra qui constituaient l'essentiel de la "résistance" face aux forces d'Assad à Alep. "Il faut un rééquilibrage [entre les troupes du régime et la résistance] parce qu'au cours des dernières semaines les troupes de Bachar Al-Assad, et surtout le Hezbollah et les Iraniens, avec les armes russes, ont regagné un terrain considérable.". (Le Monde Syrie : Fabius appelle à arrêter la progression des forces d'Assad). En novembre 2014, au prétexte de lutter contre l'EI, la France appellait à intervenir contre le régime d'Assad en passe de reprendre Alep aux mains des djihadistes syriens d'Al-Nosra "nouveaux maîtres d'Alep" (voir un extrait d'un reportage diffusé dans l'émission Envoyé spécial plus bas, ainsi que le reportage de MEE sur l'importance de ce groupe terroriste à Alep) dont la majorité des combattants sont étrangers. La position du gouvernement français envers le groupe al-Nosra ne semble guère s'être clarifiée malgré que ce groupe de djihadistes ait été placé en 2012 sur la liste des organisations terroristes des USA au grand dam du gouvernement français. Mais aux dernières nouvelles, les Etats-Unis auraient prévu de rebaptiser les groupes terroristes affiliés à Al-Quaïda en groupe rebelles "modérés", s'alignant ainsi sur la position française et israélienne.

Reportage d'Envoyé spécial (diffusé sur France 2) sur l'encerclement d'Alep et le groupe "Jabhat al-Nosra qui protège et aide les habitants d'Alep en Syrie" (sic)

EXCLUSIVE: The al-Nusra Front and the battle of Aleppo in Syria. Middle East Eyes suit le groupe Al-Nosra à Alep, le principal groupe avec l'EI opposé aux forces loyalistes d'Assad

Peut-être faut-il y voir là une exception culturelle française expliquant un tel engouement, après l'expérience libyenne, pour le djihadisme syrien en France ?



Y aura-t-il un jour, en France, une commission d'enquête sur le rôle qu'aurait pu jouer les services de renseignement français auprès des filières djihadistes face aux graves accusations faites par Daniel Thomson en mai 2014 de complicité implicite ? Rien n'est moins sûr. Il faudrait aborder également la place de ces anciens militaires et légionnaires français qui se sont retrouvés à faire le djihad en Syrie, de leur propre initiative selon le gouvernement français. Rappelons également l'histoire de cet ancien officier haut-gradé du renseignement français rallié à Al-Nosra, où il occupait un poste de leader, qui a été bombardé en Syrie par les Etats-Unis.

Le tribunal administratif de Paris qui avait été saisi par les plaintes des civils syriens suite au soutien du Ministre des Affaires étrangères français envers les djihadistes syriens et à sa charge constante contre les forces loyalistes d'Assad s'était déclaré incompétent car cela ne relevait pas de sa compétence étant donné que ce soutien engageait l'Etat français et son gouvernement.

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