Jeune Afrique, vieux procédés... Billets d'Afrique
On a l’habitude des positionnements à géométrie variable de François Soudan, directeur de rédaction du magazine Jeune Afrique, et de son habileté à manier l’euphémisme pour faire le portrait d’un dictateur, de manière à le rendre acceptable, sans gommer complètement les reproches qui lui sont faits. Mais on l’a connu plus habile, car l’un des derniers en date, celui d’Ismaïl Omar Guelleh, dans le numéro du 8 février, relève de la caricature, concernant le reniement attendu des promesses du dictateur djiboutien de ne pas se représenter pour un troisième mandat. Pour François Soudan, Omar Guelleh n’a pas menti : il « évolue lentement ». D’ailleurs, « si Ismaïl Omar Guelleh se décide à concourir pour un ultime mandat de cinq ans, ce sera sans enthousiasme et par sens du devoir inaccompli. Paradoxal ? Sans doute, mais pourtant vrai, pour qui le connaît au-delà des apparences. "Je suis un homme seul", nous a-t-il confié (…). Seul et sincère ». Au moins aussi sincère et désintéressé que le directeur de rédaction de Jeune Afrique.
D’ailleurs l’interview de Guelleh, intitulée « La France ne nous considère pas », suivait un éditorial, paru la semaine précédente, du même François Soudan, intitulé, lui, « Pourquoi la France va perdre Djibouti », et qui prenait la forme d’un vibrant plaidoyer en faveur d’une attention plus soutenue de la diplomatie française à l’égard du régime Djiboutien. Une remarquable convergence de vue… qui a porté ses fruits : le ministre français de la Défense a aussitôt promis de rendre une visite diplomatique dès avril au dictateur djiboutien.