Le prédicateur Omar Bakri, agent du MI6 britannique Al Manar
Les dernières apparitions du bourreau britannique, connu pour Jihadi John, dans des vidéos de Daesh (Etat islamique), en train de décapiter des otages occidentaux, ont soulevé un tollé dans les médias britanniques qui cherchent à connaitre sa véritable identité.
De multiples articles ont été publiés à cet effet, et les dernières informations avancent qu’il s’agit du Koweitien Mohammad el-Mawazi.
Parmi les interrogations suscitées par la presse britannique, on se demande quel était le rôle du prédicateur radical Omar Bakri Fostok dans l’entrainement de Jihadi John.
Un certain journaliste, Nafeez Ahmad, expert des affaires sécuritaires liées aux groupes radicaux et à la sécurité internationale, rappelle que Bakri a été recruté par les services de renseignements britanniques (MI5) et fut l’un de leurs informateurs dans les années 90.
Selon lui, la relation entre le gouvernement britannique et Bakri n’a jamais été suspendue, même après avoir quitté le sol britannique. « En 2010, des sommes d’argent ont été versées par le gouvernement britannique à Bakri », indique le journaliste. L’objectif de cet argent était de « soutenir les mouvements islamistes de l’opposition dont al-Qaïda afin de freiner la montée en puissance iranienne et syrienne dans la région ».
Rapportant les propos de Bakri à un certain journaliste, celui-ci avait dit que « les sunnites du Liban m’appellent à décréter le jihad contre les chiites… et l’organisation al-Qaïda est la seule capable de vaincre le Hezbollah ». Bakri a entrainé « depuis son arrivée au Liban » un nombre de « djihadistes britanniques, allemands, et français parmi ceux qui étaient partis combattre en Syrie », poursuit le journaliste, dont l’article a été publié sur le site d’information britannique Middle East Eye.
Dans son article intitulé, « Le cirque : Comment les renseignements britanniques ont préparé les deux parties en guerre au terrorisme ? », Nafeez Ahmad a souligné que Bakri « est resté en contact avec son adjoint Anjem Choudary via internet, et ont diffusé tous les deux des enregistrements appelant les Britanniques à se rallier au groupe de l’Etat islamique, à combattre là-bas et à tuer les civils ».
Actuellement, Ahmad Bakri Fostok est détenu au Liban pour incitation au terrorisme et formation de groupes armés.
« Lorsque Bakri a quitté le parti « Tahrir » qu’il dirigeait en 1996 et a formé le nouveau mouvement « al-Mouhajiroun », il a été directement recruté par les services de renseignements britanniques MI6 », a révélé le même journaliste, citant John Loftus, ancien officier aux renseignements de l’armée américaine et procureur au ministère américain de la justice ».
« Le recrutement de Bakri avait pour objectif de faciliter les activités des islamistes dans les pays des Balkans, et à côté de Bakri, les renseignements britanniques ont recruté Abou Hamza el-Masri condamné dans des affaires de terrorisme aux Etats-Unis », ajoute-t-il.
L’article précise qu’Anjem Choudary était l’un des fondateurs du parti « al-Mouhajiron » à côté de Bakri. Choudary était étroitement lié « aux entrainements des islamistes britanniques pour les envoyer à l’extérieur. Le mouvement al-Mouhajiron jouissait de la bénédiction des renseignements britanniques ».
Selon l’historien MarK Curtis, Bakri a entrainé des centaines de Britanniques dans des camps du Royaume Uni et aux Etats-Unis, selon un accord avec les renseignements britanniques.
Juste avant les attentats de Londres en 2005, le journal The Wall Street Journal a révélé que Bakri était depuis longtemps un informateur au service des renseignements britanniques, et il a aidé le MI5 dans certaines enquêtes».
C’est un haut responsable des renseignements de la sécurité nationale britannique MI5 qui a fait ces révélations, et ajoute que « Bakri et Choudary s’étaient réunis près de 20 fois avec le MI5 dans les années 1990 ».
Le rapport du Middle East Eye souligne que plusieurs personnalités islamistes en Grande-Bretagne, dont Ed Hussain, étaient au courant de la relation entre Bakri et les renseignements britanniques.
L’un des adeptes de Bakri avait dit l’an dernier que « près de cinq combattants européens au moins, parmi ceux qui ont péri en Syrie dans les rangs de Daesh, étaient des adjoints de Bakri ».
Jihadi John était-il parmi les adeptes de Bakri ? s’est demandé le journaliste, notant que Mawazi figurait sur la liste des « personnes surveillées » par les renseignements britanniques. Comment a-t-il été alors interdit de voyager à son pays natal le Koweit, mais il a pu partir en Syrie ?
Source: Traduit du site al-Akhbar