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Corsafrique : "La mafia corse, c'est la part d'ombre de la République" (Marianne.net)

par Pierre Péan 28 Avril 2015, 05:12 France Françafrique Corsafrique Mafia Pasqua

Corsafrique : "La mafia corse, c'est la part d'ombre de la République" (Marianne.net)
Pierre Péan : "La mafia corse, c'est la part d'ombre de la République"
Interview de Pierre Péan recueilli par Aline Joubert
Marianne.net

Entre le Gabon, la Corse et la métropole, Pierre Péan dénoue dans son nouveau livre "Compromissions" les liens tortueux entre la mafia corse et la Ve République. Pour "Marianne", il livre les dessous de son enquête.

Votre dernière enquête porte sur les liens historiques entre la République et la mafia corse. Vous pointez du doigt notamment la gauche comme responsable de la montée du nationalisme corse et l’ascension des réseaux mafieux, tout en dénonçant le « système Pasqua », à qui la faute ?

La gauche a permis la montée du nationalisme corse quand elle a misé sur la promotion des régionalismes. En Corse, la fierté du régionalisme s’est transformée en nationalisme, dont se sont nourries les mafias. La gauche a voulu traiter le problème corse comme on traitait la Calédonie, et je pense que ça a été tout bonnement un problème d’analyse. On a voulu traiter que le politique, sans se rendre compte de toutes les passerelles qui menaient au nationalisme. Dès le début des années 1980, on choisit de se focaliser sur le politique, et on laisse de côté toute la question mafieuse. Ainsi, le gang de la Brise de mer se développe tranquillement. La vision de la gauche a été idéologique et non pragmatique. Toutefois, je montre aussi qu’avec l’arrivée de Manuel Valls entre autres, il y a eu une véritable rupture. Pour la première fois on prononce le mot « mafia » par exemple, ce n’est pas innocent. Quant au système Pasqua dont je parle, le timing n’est pas concomitant aux décisions de la gauche. Il y a eu deux Pasqua : le premier voulait « terroriser les terroristes » et le deuxième voulait négocier avec tout le monde. C’est avec lui que se développe l’aide apportée aux corsico-africains.

Vous montrez effectivement que de nombreux mafieux corses trouvent refuge au Gabon. Pourquoi le Gabon ?

Ma vie est intimement liée au Gabon. J’y ai beaucoup travaillé et j’y ai consacré plusieurs livres. C’est au fil du temps que je me suis aperçu que les Corses étaient de plus en plus récurrents dans les affaires gabonaises. J’ai commencé à tirer une ficelle, qui m’a mené vers une autre, puis une autre, à tel point que j’ai estimé qu’il y avait matière à mener une enquête.

Jusqu’en 1993, j’ai soutenu la campagne du chef de l’opposition au Gabon et je me suis d’ailleurs interdit d’écrire sur le sujet. Je les ai vus à l’œuvre, les corsico africains. Il y avait déjà Michel Tomi, Robert Felicciaghi... Tous ces gens m’étaient familiers car ils étaient dans le camp d’en face, et j’ai vu leur influence grandir sous mes yeux. Par ailleurs, les Corses ont véritablement pensé le côté cubain de leur entreprise. Ils avaient besoin d’un pays où ils ne seraient pas gênés par la douane, la police, où ils pourraient affréter des avions et des bateaux pour relier des paradis fiscaux, etc. Ils voulaient créer au Gabon ce qui existait à Tanger, ce qu'avait été un jour Marseille et Cuba...

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