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Massacres de Sétif et Guelma. 8 mai 1945 : «Blanchir la France pour ne pas rougir de l’avoir comme amie» (Impact)

par Mohamed Bouhamidi 28 Avril 2015, 08:33 Sétif Guelma France Colonialisme Massacres Algérie

Massacres de Sétif et Guelma. 8 mai 1945 : «Blanchir la France pour ne pas rougir de l’avoir comme amie» (Impact)

Hubert Colin de Verdière, ancien ambassadeur de France à Alger, a déjà exprimé, le 27 février 2005 une certaine reconnaissance de la réalité des massacres du 8 mai 1945 dans les régions de Sétif et Guelma. Au-delà de la reconnaissance du fait reste la seule question essentielle : celle de l’interprétation.

En parlant de « tragédie inexcusable », Hubert Colin de Verdière a fortement limité la portée de cette reconnaissance. L’expression avec ses résonnances helléniques, mythologiques et littéraires, mobilise des charges et des significations qui installent les acteurs hors du cadre du droit et de la responsabilité et plutôt sous le coup du destin et de passions contraires mais légitimes.

La France coloniale n’avait aucune légitimité en Algérie. Le 8 mai 1945 n’a pas opposé les propriétaires historiques du sol et à des propriétaires légitimés par « les bienfaits du colonialisme ». Face à des manifestations politiques et pacifiques, des unités militaires combattantes, marine de guerre, artillerie et aviation ont bombardé les douars non-concernés sur les massifs montagneux où nul recensement n’existait et où nul n’est allé compter les morts.

Des colons armés et des unités de fantassins se sont chargés de liquider les Algériens en masse dans les villes de Sétif et Guelma et dans tous les villages et douars proches des centres urbains. A Guelma, ils ont brûlé vifs des Algériens dans des fours à chaux.

Les massacres n’étaient pas une tragédie. Ils sont un crime de guerre, un crime contre l’humanité, une des phases d’extermination de notre peuple. C’est le point de vue du droit que nous devons imposer comme base de discussion à la France coloniale et refuser la littérature.

Dix ans plus tard, en cet an 2015 du 70e anniversaire de ces massacres et de la victoire sur le nazisme, le ministre français des anciens combattants, est venu, en avance sur le jour du 8 mai, décorer de vieux algériens survivants de la 2ème guerre mondiale.

Il y a moins de littérature que chez l’ambassadeur, mais il est tout à fait dans sa logique de la tragédie : « La mémoire ne doit pas nous diviser mais nous réunir ». Les frères aveuglés par les dieux de la politique peuvent se reconnaître des mérites, d’où les médailles. Son discours qualifié de « fort » par une partie de la presse française affirme qu’en 1945 la France avait « manqué à ses valeurs ».

Les massacres du 8 mai 1945 furent un acte de terreur pour briser et subjuguer le peuple algérien. C’est la seule méthode de gouvernement que la France a toujours appliquée avec constance, détermination et résolution des primes octroyées aux soldats pour chaque algérien tué aux massacres de la totalité de la tribu des Aoufias à El-Harrach, de la totalité des habitants de l’oasis de Zaatcha, dans la région de Biskra, en passant par l’assassinat de la totalité d’un clan par enfumade dans le Dahra jusqu’au zones interdites, la torture, le napalm sur les villages, les camps de regroupements, etc….

En 2005, déjà la France coloniale devait bien à ses amis d’Alger, la reconnaissance de la « tragédie inexcusable » pour tous les cadeaux offerts à son économie déficiente. Depuis, l’amitié manifeste ou souterraine, entre l’Algérie officielle et la France coloniale s’est étoffée jusqu’à l’engagement algérien révélé par Juppé de « célébrer avec retenue » le cinquantenaire de notre indépendance et les affaires sont passées à un niveau supérieur.

La France coloniale doit bien cela à ses amis de l’Algérie officielle, car selon le sentiment de la rue : « Il faut bien blanchir la France pour ne pas rougir de l’avoir comme amie ». C’est le secret de nombreux et bruyants silences algériens.

M.B.

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